Dans le cadre de la mise en œuvre de son Projet ” Plaidoyer et influence des politiques minières pour une responsabilité sociale des entreprises minières, l’Ong Amasbif (Association malienne pour la sauvegarde du bien être familial) a réalisé une étude sur les investissements réalisés au regard de la responsabilité sociale des entreprises minières dans les communes de Goudianka, Sanso et Fourou dans la Région de Sikasso. Les résultats de cette étude et celle portant sur le respect des conventions signées entre l’Etat et les sociétés minières ont été présentés dans la commune de Fourou et dans le cercle de Kadiolo.
La première restitution de cette étude s’est déroulée dans la Maison des jeunes de Fourou. C’était sous la présidence du sous-préfet de Fourou et du maire de la commune. En plus de ces autorités, cette journée de restitution a réuni les forces vives de la commune, les associations de jeunes, de femmes et des hommes de médias. Cette restitution sur les investissements réalisés au regard de la responsabilité sociale des entreprises minières dans les communes de Goudianka, Sanso et particulièrement dans la localité de Fourou a été faite par le coordinateur dudit projet dans la région de Sikasso, Mamadou Valentin Diakité qui était accompagné de Dialakoro Kéïta. Cette enquête a permis de faire le point sur les réalisations de l’entreprise minière Somisy dans la commune de Fourou, notamment dans le domaine de l’éducation, de l’adduction d’eau potable, de soutien au développement communautaire et la construction d’infrastructures sociocommunautaires. Cependant, ces réalisations sont diversement appréciées.
“C’est vrai, nous avons une importante société minière, mais malheureusement, nous n’avons pas d’eau ni de route et nos jeunes sont au chômage. C’est vrai que ces sociétés minières font des forages, mais malgré tout nos femmes n’ont pas d’eau et nous voulons que cela change” a souligné Konimba Koné, représentant du chef de village de Fourou.
Quant à la représentante des femmes, Fanta Zié Koné, elle s’est réjouie des nombreuses formations reçues dans le domaine des activités génératrices de revenus dont elles ont bénéficiées grâce à la mine. Par ailleurs, elle a aussi pointé du doigt le manque criard d’eau potable. “Nous sommes obligées de nous réveiller à quatre heures du matin pour suivre le rang afin d’avoir de l’eau” a-t-elle déploré. Ces différents problèmes s’expliquent, selon le secrétaire général de la mairie de Fourou, par un manque de coordination entre les interventions des sociétés minières et celles de la mairie. “Les réalisations des sociétés minières doivent être conformes au Programme de développement social et culturel de la mairie (Pdsec) mais malheureusement ce n’est pas le cas chez nous. Nous sommes invités par les sociétés minières pour la réception des ouvrages, raison pour laquelle, beaucoup de leurs ouvrages ne durent pas car nous n’avons pas été associés en amont à leurs réalisations” a -t-il ajouté en faisant référence aux châteaux d’eau construits par Somisy.
400 millions Fcfa comme patentes par an pour la commune de Fourou
Quant à la responsabilité sociétale des entreprises minières et leur mode opératoire sur le terrain, le maire de la commune rurale de Fourou, Ousmane Ouattara, n’est pas sur la même longueur d’onde que son secrétaire général et le représentant du chef de village. A le croire, lui et son équipe travaillent en parfaite symbiose avec la société minière opérant dans la zone, à savoir Somisy. ” Il y a un cadre de concertation mensuelle avec cette société. Une rencontre au cours de laquelle chaque communauté se fait représenter et expose ses difficultés. Nous avons pu faire en sorte que plus de 70% des jeunes ouvriers qui travaillent dans cette mine soient dans notre localité. Et à chaque recrutement, nous avons un quota. Nous ne pouvons pas compter du bout des doigts les réalisations faites par cette société minière dans le domaine de la santé, de l’adduction d’eau…Sans oublier que chaque année, la manne financière versée à leur commune comme patentes avoisine 400 millions Fcfa” a souligné le maire. Selon lui, c’est grâce à cet argent que la mairie sera logée dans un édifice flambant neuf.
Au terme de ces deux jours de restitution de ces rapports à Fourou et Kadiolo, le coordinateur du projet de l’ong Amasbif pour Sikasso, Mamadou Valentin Diakité, de conclure que les conventions signées entre l’Etat les sociétés minières ne sont pas respectées comme il se doit. Il a fait référence à l’étude d’impact environnemental de la mine qui n’est pas suivie. Ce n’est pas tout. Il a aussi déploré le fait que les mairies ne sont pas associées aux investissements sociaux des mines faits sur le terrain. Toute chose qui est, selon lui, en déphasage avec le code des collectivités. C’est pourquoi, il a recommandé une relecture du code minier de 2012.
Kassoum THERA