Résolution de la crise du nord : Le Gatia, problème ou solution ?

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Le Gatia vient de voir le jour dans le Nord du Mali. Même s’il est créé à l’instigation du général loyaliste Aladji Gamou, ce nouveau venu qui s’insurge contre toute velléité sécessionniste et islamiste n’est-il pas plus un problème qu’une solution ?

 

LE RENDEZ-VOUS
Les arabes-touaregs au cours d’une réunion (photo archives)

Le Groupe d’autodéfense des Touareg Imghad et alliés (Gatia) tombe comme un cheveu dans la soupe du processus des négociations entre le gouvernement malien et les groupes armés rebelles, terroristes, islamistes et d’autodéfense qui écument le Nord du Mali.

 

Créé officiellement par un officier général touareg resté fidèle à l’armée, le général Aladji Gamou, le Gatia est en fait une créature des autorités maliennes pour faire contrepoids au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et au Haut conseil pour l’unité des l’Azawad (HCUA) qui contrôlent la région de Kidal et une bonne partie du reste du Nord. Le Gatia partage les mêmes revendications que les autorités maliennes ; à savoir : l’intégrité territoriale et la laïcité républicaine.

 

Le Gatia, comme son nom l’indique en partie, est composé essentiellement de membres de la tribu Imghad, issus pour la plupart de la milice armée du général Aladji Gamou, la fameuse force Delta créée par le général Amadou Toumani Touré pour amoindrir l’influence de la tribu Ifoghas dirigée par la famille Intallah, dans la région de Kidal.

 

Les alliés ne sont autres que des Songhay, venus des mouvements d’autodéfense sédentaires que l’armée n’a pas recrutés, des Bellah qui ont trouvé là le moyen de se révolter contre le système esclavagiste dans lequel ils sont maintenus depuis longtemps par la noblesse touareg, des Peuls excédés par les razzias dont leurs troupeaux font l’objet de la part des groupes armés qui avaient pris le contrôle du Nord, et d’Arabes, pour la plupart, transfuges du Mouvement arabe de l’Azawad mais surtout ex-combattants du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest), un des mouvements terroristes jihado-islamistes qui ont contrôlé le Nord d’avril 2012 à janvier 2013.

 

Ce regroupement compte également dans ses rangs un certain Yoro Ould Daha, arrêté par les militaires français à Gao avant d’être remis aux autorités maliennes qui l’ont ensuite remis en liberté tout en sachant que l’homme est soupçonné être l’instigateur de l’attentat-suicide qui a coûté la vie à un militaire français le 14 juillet dernier.

 

Un report inopportun et compromettant

La première conséquence de la création du Gatia a été le report au 1er septembre du second round des négociations initialement prévues le 17 août à Alger. Le nouveau-né tient à participer à ces négociations et est encouragé en cela par le gouvernement malien et certains cercles algériens. Une conséquence fâcheuse quand on sait que la résolution de la crise sécuritaire dans le Nord malien est une urgence.

 

En effet, la reprise de la coopération entre le Mali et plusieurs partenaires techniques et financiers, la normalisation de la situation sécuritaire et le retour de la paix et de la cohésion sociale dans le Nord sont conditionnés au règlement rapide d’un conflit qui n’a que trop duré. Or, ce report risque de ne pas être le dernier vu les rapports conflictuels entre les différents groupes en présence.

 

Déjà, en effet, dans les rangs du MNLA, du HCUA et du MAA, l’auto-invitation du Gatia est mal perçue. Les protégés d’Aladji Gamou et du gouvernement sont indésirables autour de la table des négociations. Seulement, si les mouvements précités ne veulent pas de “l’intrus”, lui non plus ne veut pas sentir Bilal Ag Achérif et ses sbires. Les causes sont multiples.

 

Même s’ils sont tous des Touareg, il y a tout d’abord cette séculaire rivalité entre les Imghad, tribu de Gamou, et les Ifoghas, tribu du séparatiste et d’Iyad Ag Ghaly. Au milieu de la précédente décennie, les autorités avaient autorisé, facilité et financé la création de milices armées à Tombouctou et à Kidal pour prévenir et contenir toute tentative de nouvelle rébellion.

 

Dans la 8e région sous l’influence des Ifoghas, c’est Aladji Gamou l’Imghad qui dirigeait une milice forte de plusieurs centaines d’hommes. Cette situation a longtemps été mal perçue par Iyad Ag Ghaly et la famille Intallah qui considérait l’officier général comme un vassal à eux. De plus, entre Iyad Ag Ghaly, qui créera plus tard le mouvement islamiste Ançar Eddine, et le général Gamou existerait une rivalité personnelle liée à une histoire de femme.

 

Rivalité personnelle

En outre, fin mars 2012, quand le MNLA (majoritairement composé d’Ifoghas) avait pris le contrôle de la région de Kidal, le général Gamou avait feint d’être avec lui avant de s’enfuir au Niger avec son bataillon estimé à 500 hommes. Cela a été compris comme une trahison supplémentaire de l’officier loyaliste envers ses frères touaregs.

 

A partir de janvier 2013, c’est encore le général Gamou qui a joué les éclaireurs pour la force française dans sa traque des jihadistes d’Ançar Eddine, essentiellement des Touaregs, avant de s’indigner de la création du MIA (Mouvement islamique de l’Azawad, également des Touareg) qui se reconvertira plus tard en HCUA, un atelier de blanchiment et de recyclage de jihadistes, terroristes et narcotrafiquants.

 

De tout ce qui précède, il est loisible de comprendre que même s’ils acceptaient de s’asseoir sur la même table de négociations, ce serait l’occasion pour les responsables du Gatia d’une part, et ceux du MNLA et du HCUA d’autre part, de régler des comptes personnels. Un règlement de comptes qui pourrait se traduire sur le terrain par un affrontement généralisé entre Imghad avec leurs alliés, et Ifoghas avec eux aussi leurs alliés. Et qui fera de nouveau du Nord un brasier. Le terreau de tous les conflits inter-ethniques.

 

Arma Songhay

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6 COMMENTAIRES

  1. la GATIA ne pas une solution, car se retarde encor le processus de paix au mali, je suis sur que après cette nouvelle branche armée de gamou,en cas de réussite de leur lutte ils vont nous demande peut-être de leurs donne en guise de récompense , des chose que le gouvernement ne pourra pas exécuté et sa devient une autre menace encore pour le mali, :mrgreen: 😆 😈

  2. Comme Ganda koy des années 90, Visiblement le GATIA (tel que composé selon cet article) plus solution que problème pour le Maliba ! Si c’est un problème pour les “séparatistes” c’est tant MIEUX ! Comment peut on PRILILEGIER une minorité dans une minorité au dépend des autres… parce qu’elle pointe des armes ? Eu ben l’autodéfense les séparatistes connaissent ! 😉

  3. Le GATIA n a pas a demander la permission d’exister et il est plus fondé a negocier au nom du nord que les apatrides du mn..sa creation a ete souhaitee,vive le general AG GAMOU

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