La rentrée judiciaire 2013 qui relance les activités juridictionnelles au Mali est intervenue le lundi 12 novembre 2012, au Cicb et a réuni la grande famille judiciaire en une audience solennelle présidée par le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré. A cette audience a été largement développé le thème sur «l’ordre et la liberté dans un Etat démocratique».
Dans son allocution de bienvenue, le président de la Cour suprême, Nouhoum Tapili, a rappelé que l’audience solennelle de la rentrée des cours et tribunaux 2012-2013 qui clot également celle de 2011-2012, s’articule autour de l’ordre et la liberté dans un Etat démocratique. Selon lui: «Dans l’état présent du monde, le thème de la rentrée judiciaire 2012-2013, peut paraître s’imposer de lui-même, tant il est vrai que les deux concepts qu’il comporte, à savoir ordre et liberté, résument le problème crucial de notre temps. En dépit des convulsions sécuritaires et institutionnelles que notre pays traverse depuis plusieurs mois, toutes nos actions doivent s’inscrire dans l’idéal de concilier l’ordre et la liberté au sein d’un Etat démocratique».
A son tour, le rapporteur de l’audience, Demba Tall, par ailleurs juge au Tribunal administratif de Bamako, a scindé le décor en deux parties: l’ordre et la liberté comme conditions de la démocratie et la conciliation entre l’ordre et la liberté comme gage d’une bonne démocratie. Dans sa conclusion, il dira: «Pour notre part, nous affirmons que la conciliation entre ordre et liberté constitue la condition sine qua none de l’épanouissement de tout Etat démocratique».
En cette audience solennelle, le procureur général près la Cour suprême, Mamadou Boiré, dans son réquisitoire, a invité ses compatriotes à resserrer les rangs pour laver l’affront face à la situation à laquelle le Mali est confronté. «Pour nous les Maliens, il est grand temps de nous réveiller, hommes, femmes, jeunes et vieux et de nous mettre en ordre, ordre de bataille pour défendre notre terre, notre culture, notre civilisation, notre histoire, oh combien millénaire pour défendre le Mali et laver l’affront pour mériter de nos illustres devanciers bâtisseurs d’empires, afin qu’ils aient la paix dans leurs tombes», a-t-il souligné.
S’agissant de la double crise sécuritaire et politique que traverse le Mali, le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Mali, Me Issaka Keïta, a expliqué que le Barreau du Mali ne ratera pas le tournant de l’histoire. Avec une éloquence particulière, il plaidera que: «La présente rentrée judiciaire s’ouvre dans des conditions dramatiques, humiliantes, caractérisées par l’occupation des 2/3 de notre pays par des groupes terroristes sans foi, ni loi. Conditions dramatiques, humiliantes dis-je, au Sud aussi secoué et marqué pendant des mois par une instabilité institutionnelle regrettable à bien des égards, qui a mis à nu la carence, l’éloignement de la classe politique du peuple, classe politique incapable de combler tous les espoirs placés en lui par un peuple qui n’aspire qu’à vivre en paix et dans la dignité. Et pourtant, le Barreau toujours fidèle à sa vocation, défenseur de la liberté, de l’ordre, des droits et de tous les droits, avait prévenu, avait alerté, sans être écouté».
Pour le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, le thème de cette rentrée se pose en termes d’équation. «Nous avons des concepts complémentaires. Cette complémentarité est essentielle dans la cohésion sociale et au progrès économique. L’ordre et la liberté sont déterminants dans le fonctionnement d’un Etat démocratique. L’ordre constitue le cadre idéal à l’exercice des libertés qui fondent la démocratie et l’Etat de droit. La jouissance d’une liberté ne jure pas avec le respect de l’ordre, de la sécurité et de la tranquillité publics. Il s’agit là d’une réalité et d’une conviction que nous nous devons de partager et cultiver au quotidien», a conclu le président de la République par intérim avant de déclarer ouverte l’année judiciaire 2012-2013.
Notons que, par ailleurs, cette audience a également enregistré la présence des responsables de l’Association africaine des hautes juridictions francophones dont le but est de permettre aux hautes juridictions francophones de se concerter et d’échanger afin de mettre en place une véritable plateforme de coopération juridique et judiciaire dans la sous région.
Ibrahim M. GUEYE