Partir ! Partir à tout prix et à tous les prix ! Tel est le leitmotiv de beaucoup de jeunes Africains de nos jours. Quitter leurs pays de misère, de galère et de guerre pour aller vers cet eldorado qu’est l’Europe. Tous ou presque sont prêts à tenter le pari pour une vie meilleure disent-ils. Et au cela au péril de leur vie !
En réalité, il faudrait voir les choses d’une autre manière et se poser les bonnes questions. Pourquoi ces jeunes et même moins jeunes veulent-ils tous partir ?
Les difficultés qu’ils rencontrent les poussent à préférer l’exil. Beaucoup fuient tout d’abord la précarité dans laquelle vivent la plupart d’entre eux. Les emplois sont rares, l’espoir de la famille réside en eux et beaucoup regardent avec envie les images idylliques qui parviennent des chaînes de télé et autres médias d’informations et qui font croire que la vie est plus agréable là-bas.
En plus, ceux qui sont partis et qui s’occupent bien de leurs parents restés au pays, les poussent à se dire pourquoi pas moi : “S’il a réussi lui, moi aussi je peux le faire”, se disent-ils.
L’océan Atlantique est ainsi devenu un cimetière à ciel ouvert pour ces jeunes qui y terminent leur course après des mois d’errance dans le Sahara. Nous avons tous un ami ou une connaissance qui a été malheureusement engloutie par les eaux tumultueuses et impitoyables de cet océan. Pour ceux qui ont survécu à la soif, à la faim et aux nuits froides de la traversée du désert.
Et les chiffres sont alarmants, car on a l’impression que plus il y a des morts, plus ils veulent y aller.
Certains pensent que les jeunes qui s’exilent sont des lâches parce que fuir sa maison quand elle brûle n’est pas signe de grand courage. Il faut plutôt essayer d’éteindre l’incendie au lieu de prendre la poudre d’escampette.
En d’autres termes, au lieu de partir, au lieu de fuir, pourquoi ne pas rester et chercher des solutions pour ces différents problèmes ? Pourquoi ne pas rester et se serrer les coudes et construire ensemble nos pays ? Une fois de plus, ce n’est qu’un point de vue.
Si même la mort ne décourage pas nos jeunes, alors, que faire ? Il est grand temps que nos Etats prennent ce problème à bras le corps et cherchent des solutions pour aider leurs enfants. Personne ne le fera à leur place. Personne ne viendra balayer à nos portes.
En attendant que les uns et les autres daignent enfin se réveiller, rien n’arrêtera ces hommes et femmes qui, au péril de leur vie, pensent quitter l’enfer pour aller vers un hypothétique paradis ! Des rêves qui se noient fréquemment dans le mirage !
Serge Kooko