Le litige entre l’Eglise protestante et les populations riveraines, relatif à la réaffectation de l’ilot EA à Faladié Sikoro est loin de connaître de son épilogue. Pour preuve, après l’attaque de l’église par la famille Diop, pendant la célébration de la fête de Pâques, dans la nuit du 19 au 20 avril dernier, et en dépit des excuses présentées par la communauté musulmane de la place à l’Eglise protestante, les populations de Faladié Sokoro ne décolèrent pas.
En effet, les riverains de l’ilot EA, initialement prévu comme place publique, s’insurgent contre la modification du Décret n°02-327/P-RM du 5 juin 2002, portant classement des équipements collectifs du District de Bamako et leur emprise dans le domaine public et immobilier de l’Etat.
Une décision prise en Conseil des ministres, qualifiée de surprenante et inopportune par les populations concernées, puisque cet espace public était pratiquement le seul dans la zone. D’autre part, ce bâtiment, selon ces dernières, empiète sur et obstrue la Rue 304.
Sur le même pied d’égalité que les autres occupants de cet espace public, l’église avait été frappée de déguerpissement et aurait même bénéficié d’une parcelle de réinstallation. Autre paradoxe soulevé, tous les fidèles de ce lieu de culte proviennent d’autres quartiers. Aussi, les riverains de l’ilot EA demandent-ils aux autorités administratives et politiques de mener une enquête et de revenir sur cette décision, afin de préserver leur espace public.
Entre autres récriminations soulevées, le fait de jouer de la musique à fond, même aux heures de prières et d’ériger une clôture qui va au-delà de la fontaine publique, qui pourtant alimentait tout le quartier. En réaction à toutes ces accusations, le Pasteur Sagara soutient que l’Eglise protestante est sur les lieux depuis 1985. Et, comme au Mali on ne touche ni à la mosquée ni à l’église, lors des lotissements, le gouvernement a déguerpi tous les occupants de l’ilot EA, sauf l’église.
«Dès lors, nous avons entrepris des démarches. Nous avons le droit de pratiquer notre religion tout en respectant l’autre. Dieu merci, l’Etat nous a mis dans nos droits par décret présidentiel». Concernant les perturbations aux heures de prière, le Pasteur Sagara déclare que c’est faux, puisque la mosquée se trouve à plus de 200 mètres, au niveau du rond-point. D’ailleurs il entretient de très bons rapports avec l’Imam Baby Kané. Celui-ci, affirme-t-il, s’était déplacé personnellement après les incidents de la veillée de Pâques pour présenter les excuses de la communauté musulmane du quartier.
«Nous n’avons pas de problèmes avec nos voisins, à part la famille Diop, qui est venue jeter des pierres sur la toiture de l’église le jour de Pâques». Concernant la musique tant décriée par cette même famille, le Pasteur Sagara est formel: le culte est célébré tous les dimanches de 9 à 12 heures, les répétitions de la chorale se font les samedis de 16 à 18 heures et les veillées de prières une fois par mois.
Et le Pasteur Sagara de faire remarquer que les Balani shows, c’est un peu partout, que les mariages où l’on occupe la route, les jeudis et dimanches, perdurent et que personne ne s’en est jamais plaint.
Pour conclure, il dira: «pendant les attaques de la veillée de Pâques, ce sont toutes les autorités qui se sont bousculées pour nous venir en aide. Grâce à l’intervention de l’Imam Kané et du grand frère de Diop auprès de l’église, Diop et ses deux enfants, placés sous mandat de dépôt, ont bénéficié d’une liberté provisoire».
Pierre Fo’o Medjo