Loin d’être l’outil de renforcement qu’il fallait à la politique nationale de lutte contre l’insécurité et le terrorisme, le Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement dans les régions nord du Mali (PS.PS.DN)- prévu sur deux ans- est plutôt une initiative de trop qui par ailleurs est budgétivore.
Le long discours d’ATT pour tenter d’expliquer la teneur du PS.PS.DN n’aura suffit pour émousser, sinon taire, les méfiances vis-à-vis dudit Programme. Pour certains, c’est une initiative mort née qui ne va rien changer dans la donne sécuritaire au nord. Encore moins de servir d’outils pour les populations des zones désertiques afin qu’elles ne cèdent aux sirènes du terrorisme. « Une structure de trop, tout simplement ! ». Pourquoi n’avoir pas renforcer la panoplie de structures qui œuvre déjà pour la paix et le développement au nord ? C’est l’analyse à laquelle sont parvenus d’autres observateurs qui estiment que le PS.PS.DN n’a rien à envier à l’Agence de développement du nord (ADN) encore moins à l’Agence pour le développement intégré du Nord (ADIN).
Autant de raisons qui attestent que c’est un programme de trop au regard de la similarité de ses missions avec les autres structures (ci-dessus cités) qui l’ont précédé et qui existent encore. Pour tout dire, ces structures ont toutes vocation de développer les régions du nord Mali.
En effet, le lancement, mardi dernier, du PS.PS.DN par le président Amadou Toumani Touré a donné lieu à un véritable folklore qui du reste est loin d’augurer de bonnes perspectives pour la paix et la stabilité au nord du Mali.
Dix localités situées dans les trois régions du nord du Mali et la ville de Nampala située plus au sud du pays seraient concernées par le programme dont l’esprit repose sur le binôme sécurité-développement. Ce n’est nullement nouveau. De sécurité-développement, on en a toujours parlé dans ce pays. La Kyrielle d’initiatives mises en route se sont avérées inopérantes.
Du pactole à jeter par la fenêtre
Pour, dit-on, lutter contre le terrorisme, contre les bandes de criminelles qui se sont installées dans le désert, le Gouvernement malien et ses partenaires au développement vont mobiliser 32 milliards de francs CFA. Mais, pour le début des activités, les caisses disposent déjà de 3 milliards de francs CFA. Et déjà sur le terrain, on verra plus de présence de l’administration, des constructions de logements pour les fonctionnaires, des infrastructures sécuritaires – brigades de gendarmerie, commissariats de police – ainsi que des aménagements sanitaires. Ceci, pour quel impact ?. « Je crois qu’il faut aller à la sensibilisation des populations, mais comment ? Le nord du Mali n’a pas besoin d’occupation militaire, mais plutôt d’un développement sensitif s’appuyant sur les causes réelles du conflits… », a indiqué un autochtone du nord.
Vigilance !
C’est après une séquence de réflexion fort insignifiante que les autorités maliennes viennent de décider du lancement de ce Programme dit de lutte contre l’insécurité et le terrorisme au nord du Mali.
Au vu de sa mise en place hâtive, ce programme spécial qui va durer deux ans est à mille lieux de donner des outils aux populations des zones désertiques afin qu’elles ne cèdent pas aux sirènes du terrorisme.
Pour ce qui concerne Aqmi, il s’est avéré que leur objectif n’est ni plus ni moins que l’Europe. En témoigne le fait qu’à peine initié, ce Programme a reçu l’aval sans détours d’une kyrielle de bailleurs de fonds. D’où, il y a lieu de s’interroger sur les dessous de cette affaire-pardon, ce Programme- surtout qu’elle a été tacitement accueillie par les bailleurs de fonds.
Ce Programme comme les autres souffre cruellement de l’absence d’objectif lisible et d’une démarche crédible. D’autant que, ce n’est pas en construisant des camps militaires, des commissariats… que le Mali pourra véritablement prendre le contrôle de sa région nord.
A l’analyse de la situation, le Nord a besoin d’un développement endogène s’appuyant surtout sur la confiance , le support et l’engagement total des populations elles mêmes.
David Dembélé