Processus d’Alger : Quand les Groupes armés s’entendent sans l’Etat

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Paraphe de l’accord de paix : les raisons du boycottL’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, signé le 15 mai 2015 à Bamako et parachevé le 20 juin de la même année, est en train de donner les résultats escomptés, malgré les difficultés rencontrées ça et là.

Le signal le plus fort demeure la réconciliation entre mouvements armés, d’une part, et d’autre part entre ces derniers et les mouvements d’autodéfense. Après des affrontements sanglants, des massacres entre communautés touaregs, des paiements de dettes de sang entre mêmes communautés, en l’occurrence entre Imghads (majoritaires) et Ifoghas et alliés (minoritaires), la raison a prévalu.

Les communautés touaregs se sont rendues compte qu’elles se font du mal en s’éliminant, qu’elles affaiblissent leurs communautés à travers leurs différends, qu’elles œuvrent contre les intérêts de leurs populations, mal soignées, assoiffées, mal nourries, sans école.

Résultat: elles se sont rencontrées à Anefis, une bourgade située entre Gao et Kidal, dans le cercle de Bourem. C’est un coin stratégique pour le commerce et les trafics en tous genres entre les deux régions. C’est ce petit village qui a tant fait parler de lui en 2015, en raison des convoitises, qui a accueilli les différentes parties, sans médiateur extérieur.

Il n’y avait ni Alger, ni la MINUSMA, ni Paris, encore moins Washington. C’était des négociations directes entre communautés, entre mouvements rebelles. Bamako  même n’y était pas. Il a eu droit à quelques informations, à travers ses barbouzes.

C’est dans cette atmosphère que les frères de sang se sont parlé les yeux dans les yeux, pour pardonner, pour excuser, pour se remettre en cause et pour enfin se donner la main. Selon des témoins, c’était émouvant. Certains ont montré des larmes quand d’autres se congratulaient.

L’essentiel, c’est que ces communautés ont compris l’enjeu de la paix. Aujourd’hui plus qu’hier elles disent s’engager dans le processus d’Alger. La sincérité, chose rarement partagée par les va-t-en guerre, semble marquer leur position actuelle. Mais il faut rester prudent, même si on peut oser croire que les mouvements armés ne décevront pas les Maliens, qui les créditent en ce moment de bonne foi et de sincérité.

Cette fois-ci nous pensons que c’est bien parti pour la bonne marche de la paix et la réconciliation des cœurs et des esprits. Cette nouvelle donne avantage les pouvoirs publics, qui doivent saisir cette aubaine pour faire avancer véritablement le processus d’Alger, en activant rapidement le chapitre 8 de l’Accord, relatif au cantonnement, à l’intégration, au désarmement, à la mobilisation et à la réinsertion.

De même, ils doivent mettre en œuvre le redéploiement des forces armées et de sécurité, de manière progressive, sur l’ensemble des régions du Nord, conformément à l’article 21 de l’Accord d’Alger. Cela devait débuter dès la signature du document mais n’a pas été fait pour diverses raisons, notamment les malentendus entre groupes armés.

Si réellement cela est derrière nous, l’Etat doit foncer pour assurer sa souveraineté sur l’ensemble des régions du nord, puisque Bamako et les amis du Mali sont engagés pour le développement socio-économique et culturel de ces régions. Une rencontre est même prévue cette semaine à Paris, pour collecter des fonds à cet effet. A suivre.

Chahana Takiou

 

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