La maison française d”édition L”Harmattan a été assignée en justice devant la 17è Chambre correctionnelle du tribunal de Paris par Mohamed Jamal Saïdi, le président directeur général de la Société ivoirienne de concept et de gestion.
L”opérateur économique ivoirien s”estime diffamé dans le livre "ATT-cratie : la promotion d”un homme et de son clan" paru chez l”éditeur en septembre dernier. La révélation a été faite hier au cours d”un point de presse animé à l”hôtel de l”Amitié par Jacques Verges, Jean Claude Tchicaya et Harouna Touré, les avocats du plaignant.
Dans son pamphlet, sous le masque du sphinx, l”auteur met gravement en cause l”honorabilité de nombreuses personnalités politiques, militaires et civiles de l”administration publique ainsi que du monde des affaires dont Mohamed Jamal Saïdi, l”opérateur économique ivoirien adjudicataire du marché des Halles de Bamako et du marché central de Mopti.
C”est pour laver son honneur que Mohamed Jamal Saïdi a esté en justice la maison éditrice du pamphlet dès lors que son auteur se cache derrière l”anonymat. L”objectif de la démarche du plaignant, a expliqué Me Jacques Verges du barreau de Paris, est de faire condamner l”éditeur mais aussi de démasquer l”auteur du pamphlet pour le clouer au piloris. A cet effet, la partie plaignante va exiger de la maison d”édition le paiement d”un million d”euros soit un plus de 650 million de Fcfa de dommages et intérêts ainsi que 100 euros (environ 65 00 Fcfa) sur chaque livre vendu.
Jacques Verges a relevé qu”il est plus facile pour un opérateur économique de porter plainte devant les tribunaux contre un calomniateur qu”un homme politique. Les hommes politiques en Afrique rechignent généralement pour de multiples raisons à se présenter devant un tribunal pour réparer un préjudice même en cas de diffamation avérée dans un écrit, a souligné l”avocat. Selon lui, L”Harmattan en citant comme témoins à décharge d”éminentes personnalités maliennes encore en exercice envisageait de mettre en scène un combat de gladiateurs qui opposerait des citoyens maliens pour amuser le public français.
Les avocats de Mohamed Jamal Saïdi ont indiqué que la direction de L”Harmattan savait qu”un procès était en cours contre la maison d”édition et que malgré tout, elle a sorti une nouvelle édition du livre pour des raisons évidentes de rentabilité financières sans se soucier du préjudice porté à d”honorables citoyens.
Jacques Verges et ses confrères ont refusé d”établir un portrait robot du ou des auteurs du pamphlet en s”en remettant à la justice pour laver l”honneur de leur client. En exigeant plus d”un demi milliard de Fcfa au détracteur de leur client, les conseils de Mohamed Jamal Saïdi entendent amener la maison d”édition à un inévitable dépôt de bilan. La tourmente ainsi créée contribuera certainement à débusquer les auteurs de l”écrit et leurs commanditaires.
Répondant à une question relative à un éventuel règlement du différend à l”amiable, les avocats de l”opérateur économique ont affirmé ignorer tout d”une telle transaction avant de déclarer que l”opportunité de leur action réside dans sa valeur pédagogique afin que nul ne soit autorisé à salir impunément son prochain.
Selon Jacques Verges, une réunion pour établir le déroulement du procès est prévu le 17 janvier à Paris. Le célèbre avocat français et ses collègues ont promis de présenter "les ailes" du sphinx au public malien avant la fin de l”année.
B. COULIBALY
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