Réputé être un homme de dossiers et de défis, le nouveau Premier ministre, SoumeylouBoubèyeMaïga n’a pas le droit de tergiverser au regard de la forte demande sociale et des défis de l’heure. Les Maliens ont commencé à le juger dès les premières heures qui ont suivi sa nomination.
Homme d’expérience ayant une parfaite maîtrise des rouages de l’administration publique malienne avec un carnet d’adresse bien fourni au niveau international, la nomination de SoumeylouBoubèyeMaïga est intervenue dans un contexte crucial pour le Mali. Succédant à Abdoulaye Idrissa Maïga qui n’a pas démérité non plus, l’actuel locataire de la Primature était indexé pour faire face au tourment que notre pays vit. Le Président IBK, en homme averti, a compris cela. Puisque face à une situation exceptionnelle il faut des décisions exceptionnelles, le chef de l’Etat a fait fi d’un principe démocratique qui veut que la Primature revienne au parti majoritaire. Le contexte aidant, le parti présidentiel a compris ce choix et a félicité le nouveau PM avant de lui promettre son soutien sans faille.
Partant, les prédictions d’une frustration du parti majoritaire (RPM) ont été dissipées. Au regard des qualités du nouveau Premier ministre ainsi que le renforcement du parti au sein de gouvernement avec 13 ministres, il ne saurait avoir de dissension au niveau de la grande famille de la majorité présidentielle.
Ainsi, certains barons du RPM se félicitent de l’arrivée de Maïga, mettant ainsi la balle dans le camp de celui-ci.
Faut-il le souligner, malgré le soutien de la Convention des partis politiques de la majorité et les qualités du nouveau Premier ministre, il faut reconnaître que l’actuelle équipe gouvernementale a du pain sur la planche. Ne bénéficiant pas de délai de grâce au regard de l’impatience du peuple à obtenir satisfaction de ses aspirations, elle doit immédiatement donner des signes de confiance. Pour se faire, au delà des assurances du Président de la République, l’équipe dirigée par SoumeylouBoubèyeMaïga doit prouver à travers les faits concrets sa capacité à organiser les élections prévues en 2018. Il s’agit des élections communales partielles, locales et régionales prévues en avril ; l’élection présidentielle en juillet et les législatives vers la fin de l’année. Sur ce chapitre, le prince du jour et ses proches collaborateurs attendent de SoumeylouBoubèyeMaïga le rassemblement de toutes les forces favorables à IBK afin de garantir la réélection de ce dernier, s’il venait à se présenter à la présidentielle. Du côté de l’opposition, on se montre intransigeant sur la transparence et la crédibilité desdits scrutins. Pour ce faire, elle reste aux aguets, observant les faits et gestes du gouvernement.
L’autre aspect que le gouvernement doit attaquer et réussir sans atermoiement est la gestion de la crise sécuritaire qui sévit dans notre pays depuis plus de 5 ans. Ce sujet constitue une question de survie pour le Mali. Elle doit impérativement précéder la tenue des élections futures afin qu’elles soient inclusives. A défaut de résoudre définitivement la crise sécuritaire au Nord et au Centre du pays, le gouvernement ne doit pas se priver de trouver un compromis avec tous les groupes armés signataires ou non signataires de l’Accord pour la paix. Ce, pour permettre l’organisation des scrutins sur toute l’étendue du territoire nationale.
D’ores et déjà, on peut se permettre d’affirmer que le Premier ministre SoumeylouBoubèyeMaïga mesure à sa juste valeur les enjeux et défis auxquels il doit faire face. Car, juste quelques heures après sa prise de fonction, il a accordé une audience à l’ambassadeur d’Algérie, l’un des maillons importants dans la stabilisation du pays.
Quoi qu’on dise, il ne s’agit pas d’aimer ou de ne pas l’aimer, Soumeylou Boubèye Maïga est un cadre incontournable au Mali. Ses nombreuses sollicitations par les différents régimes de l’ère démocratique en témoignent. Quitte à lui de prouver une fois de plus sa capacité d’homme des situations difficiles. Car, cela y va de sa crédibilité.
Oumar KONATE