Notre pays s’apprête à fêter la Tabaski, la fête du mouton, dans une semaine. En prélude à l’évènement, nos élèves et étudiants n’ont pas manqué de respecter leur tradition, qui consiste à se donner un congé supplémentaire avant chaque fête légale.
C’est très sérieux. Depuis maintenant quelques années, nos élèves et étudiants ont pris la mauvaise habitude de boycotter les cours à la veille des fêtes. Cela pour mieux, disent-ils, se préparer pour la fête. Au moment où les plus hautes autorités de notre pays sont dans la logique de lancer une réforme dont l’objectif est de rehausser le niveau de notre école par rapport au reste de la sous région, nos élèves et étudiants optent pour contribuer eux-mêmes à la baisse de leur niveau.
En tout cas, ces sorties intempestives sont en train de devenir une habitude, chèrement entretenue par une minorité agissante, puisque, quelque part, elle bénéficie d’une quasi totale impunité. Tout simplement parce que personne n’ose s’attaquer à ce vivier électoral. Démocratie oblige.
Là où le bat blesse c’est que ces élèves indélicats se promènent d’écoles en écoles pour faire sortir les jeunes élèves, le plus souvent contre leur gré. Et cela passe souvent par la violence, avec des jets de cailloux. Le plus inquiétant, c’est que généralement ils sont aussi armés de coupe-coupe, gourdins et autres armes d’agression. Aujourd’hui, l’espace scolaire est en train de se transformer en jungle. Cela au vu et à la barbe de nos autorités. Les responsables scolaires assistent, impuissants à l’agonie d’une école malienne qui a longtemps formé les cadres de toute la sous-région, voire de l’Afrique toute entière.
Le scénario d’hier matin dépasse l’entendement, car, à peine les élèves avaient-ils entamé les compositions du premier trimestre, que certains éléments, circulant à trois à bord de motos Jakarta, et armés de gourdins et de cailloux les ont obligé à sortir des salles. La raison : ils veulent s’octroyer des congés supplémentaires. C’est le monde à l’envers. Depuis quand les élèves se donnent-ils des congés?
Ce mouvement n’est pas du tout apprécié par la majorité des élèves que nous avons rencontrés. «Ce sont les autorités qui les ont mis en place, et voilà que nous n’arrivons pas à étudier», s’est lamenté devant nous un élève. La police, qui dans la plupart des cas est arrivée en retard, est venue en rajouter à la confusion. Puisque les jets de gaz lacrymogène visaient des attroupements d’élèves qui n’étaient autres que ceux qui refusaient de rentrer à la maison.
Il est temps que les autorités prennent de sérieuses mesures pour faire respecter l’ordre dans des écoles et, en somme, l’autorité de l’Etat dans l’espace scolaire.
Youssouf Diallo