Pour amoindrir les effets de « la récession économique mondiale sur les économies de l’Afrique », la Banque africaine de développement (BAD) mobilisera 1,2 milliard de dollars. Pour les décideurs de l’institution, c’est une manière d’adopter une nouvelle stratégie d’investissement parmi tant d’autres.
La BAD continue ses annonces dans le domaine des infrastructures présentées comme clés pour le développement des capacités de résilience de l’Afrique face aux désordres économiques exogènes. A Nairobi, Gabriel Negatu, Directeur régional de la BAD pour l’Afrique orientale, a présenté la stratégie de la BAD qui vise notamment à stimuler le commerce intra-régional et à attirer les investissements étrangers tout en encourageant la mise en place de partenariats économiques aptes à consolider les initiatives d’intégration dans la région.
En clair, la BAD estime que le renforcement du commerce intra-africain est une solution à long terme aux futurs chocs extérieurs. Et le fait d’annoncer cette stratégie n’est pas un hasard.
En effet, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) a pris de l’avance sur les autres blocs régionaux africains concernant la mise en place d’un marché commun. Le développement du commerce intra-régional dans un bloc commercial élargi composé de 26 pays d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe devrait créer un PIB (Produit intérieur brut) combiné de 875 milliards de dollars. Ce qui est un marché viable pour la BAD. D’où le lieu pour elle de ne plus dépendre des bailleurs de fonds. Cela se traduit par la construction d’économies fortes qui sont tributaires du commerce et des investissements, plutôt que fondées sur l’aide des bailleurs de fonds. Selon Gabriel Negatu, Directeur régional de la BAD pour l’Afrique orientale, il faut mettre en avant l’importance des infrastructures dans l’accroissement du commerce intra-régional. Il précise que dans ce domaine, les besoins de l’Afrique sont évalués à 93 milliards de dollars par an. Toutefois, la BAD fait savoir que le renforcement du commerce intra-africain est une solution à long terme aux futurs chocs extérieurs. Ainsi, sa stratégie vise à créer une dynamique intra-commerciale dans le bloc des 26 pays de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe pour mieux convaincre les investisseurs à s’y installer.
Par ailleurs, la BAD a récemment examiné les principaux défis qui affrontent l’intégration économique des six pays nord-africains, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte et la Mauritanie. Intitulé « Libérer le potentiel de l’Afrique du Nord grâce à l’intégration régionale », le rapport souligne que l’intégration économique en Afrique du Nord reste limitée malgré le potentiel que recèle la région. Toutefois, le bloc de l’Afrique du Nord se divise en deux groupes distincts. Le rapport dévoile que le Maroc, la Tunisie et l’Égypte possèdent des secteurs privés dynamiques et des bases de production diversifiées, avec des secteurs de services en expansion malgré la faiblesse de leurs ressources financières, alors que le groupe de la Libye, la Mauritanie et l’Algérie enregistre un retard dû à des facteurs d’instabilité, malgré les énormes excédents de capitaux dans ces pays.
Les échanges intra-régionaux sont les plus bas de toutes les régions du monde. Le coût économique de cette absence d’intégration a été évalué en 2008 entre 2 à 3 % du PIB.
C’est pour toutes ces raisons, entre autres, que la Banque Africaine de Développement débloquera une enveloppe de 1,2 milliard de dollars pour amoindrir les effets de la récession économique mondiale sur les économies africaines.
Jean Pierre James