Ce dimanche après-midi, les habitants de la rue Pachanga de Bougou Lafia n’avaient pas pu s’empêcher de faire la fête. Les enfants tapaient sur des boîtes de conserve transformées en djembé, en dundun et autres tamanis. Les fillettes se trémoussaient sous le regard heureux de leurs mamans dont certaines répandaient de la cendre sur les traces d’une Sotrama. Apparemment, il n’y avait que les hommes à rester en marge de cette fête improvisée. Pourquoi cette manifestation soudaine ?rn
rn
rn
« Allah a enfin exaucé nos prières en nous débarrassant d’une voisine très encombrante qui a semé la terreur et la discorde dans notre quartier », souligne radieusement une femme. C’est donc le départ de Diamuru, elle était ainsi surnommée car de mœurs légères, qui suscitait ce soir tant d’enthousiasme. Cette dernière venait en effet d’emménager dans une belle villa construite par sa fille, l’unique personne de bonne moralité de toute cette famille.
rn
rn
Avec une silhouette sportive, charmante et séduisante, elle semblait avoir la coquetterie dans le sang. « Une coquetterie de façade. Il ne faut jamais entrer chez elle ! Elle est très sale à l’intérieur », disaient des voisines. En tout cas, elle a très vite fait d’avoir toute la rue contre elle. D’abord, par ces propres agissements. Sans vergogne, elle n’avait pas non plus froid aux yeux. Elle se mêlait toujours des problèmes des autres et en un clin d’œil elle avait réussi à dresser, par des commérages, toutes les femmes les unes contre les autres avant que celles-ci ne découvrent son jeu.
rn
rn
Que dire de ses voisines directes, c’est-à-dire ses co-locatrices ? « Elle se fait passer pour une reine, alors qu’elle même pas un gobelet à elle. Elle puise dans nos ustensiles sans même demander notre permission. Elle quémande tout, des condiments à l’argent en passant par les céréales… », nous édifie Nagnouma.
rn
rn
Mais, ce que ces femmes ne disaient pas ouvertement, c’est que cette séduisante et croquante veuve s’était mise toutes les épouses à dos dès qu’elle a commencé à lorgner sur leurs époux. D’ailleurs, Diamuru ne cessait de se vanter que tous les hommes du voisinage lui faisaient des avances à peine déguisées. Et, toujours selon elle, beaucoup d’entre eux seraient déjà passés dans son lit. Comme on peut s’y attendre, ces « rumeurs » avaient pollué l’atmosphère dans beaucoup de foyers de la rue Pachanga de Bougou Lafia. « Une vraie pimbêche, une g… sans vergogne cette Diamuru », se disaient ses voisines entre-elles.
rn
rn
Que dire du comportement des deux garçons de Diamuru ? Solo et Madou étaient loin d’être des modèles pour les enfants de la rue Pachanga. Ayant abandonné les bancs dès la première année, ils étaient devenus des délinquants irrécupérables. Ils étaient donc prêts à tout pour se procurer l’argent nécessaire à l’achat du tabac et de la drogue. Les voisins étaient tout le temps victimes de vols. Poulets, pigeons, linges, appareils, pièces de voitures, bicyclettes des enfants… Rien n’était épargné. Et leur mère était toujours là à supplier les gens pour qu’ils ne portent pas plainte. De toutes les manières, Solo et Madou se sentaient mieux dans les violons d’un commissariat qu’au domicile familial.
rn
rn
Donc, tout le voisinage avait ras-le-bol de cette voisine envahissante et de ses enfants. Chacun se demandait, quand est-ce que Dieu allait les débarrasser d’eux. Aujourd’hui, c’était chose faite. Et cela grâce à la générosité de la seule personne sérieuse de la famille indésirable : Djénébou ! La chance de cette dernière avait été qu’elle avait été prise en charge très tôt par l’une de ses tantes. Contrairement à ses frères aînés, elle avait fait de brillantes études et est aujourd’hui un cadre respecté dans une banque de la place. Grâce à elle, les habitants de la rue Pachanga étaient enfin débarrassés de Diamuru et de ses vernîmes de fils ! Ouf !
rn
rn
Bolmouss
“