Véritablement, l’affaire dite Sitanè n’est pas prête à s’estomper. Trois, voire quatre semaines après son jugement par la Cour d’assises de Bamako, elle demeure au centre des conversations, dans la presse et même sur le net. En cause : le quantum de la peine (cinq années), jugé trop gagné pour les deux coupables que sont le célèbre charlatan Daouda Yattara qui se fait appeler Satan en raison de ses activités démoniaques et son complice Modibo Keïta dit Van qui aurait été la dernière personne avec qui on a vu la victime Kassim Camara dit Kassim Dafara. rn
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« Quelle justice le Mali a donc, pour sanctionner un crime prémédité de cinq petites années ?» s’interroge Joseph de Londres, tandis qu’une Française de New York soutient que « la justice étale ses carences avec le verdict de l’affaire Daouda Yattara. En condamnant des assassins de seulement de cinq ans de prison, elle est soit complaisante avec les criminels, soit elle n’est pas convaincue de la culpabilité des accusés. Dans tous les cas, elle ne sort pas grandie ».
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Pour Seydou Traoré de Djicoroni, « le verdit prononcé par la Cour d’assises dans l’affaire dit Sitanè est une manière de diviser la poire en deux : d’une part, il fallait punir un individu qui mettait en péril l’ordre social et de l’autre il ne fallait pas condamner lourdement un accusé contre qui on n’a jamais eu des preuves matérielles tangibles ». Même tonalité chez Sali de Badalabougou qui reconnaît quand même que « la tâche de la justice n’était pas facile dans cette affaire. Personne n’allait comprendre que les accusés soient libérés pour un non lieu, même s’il n’existait aucune preuve contre eux. Il fallait trouver les moyens de juger sans véritablement léser aucune partie.
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Après trois ans de prison, deux petites années de plus pour un Daouda Yattara qui a tellement fait de mal à la société n’étaient presque rien et la conscience des juges et des jurés était sauve ». Justement, c’est cette impression donnée par la Cour qui écoeure certaines personnes : « Dans un procès, il n’y a pas de demi-mesure : soit on est sûr de la culpabilité des accusés, on les condamne avec la dernière rigueur conformément à notre code de procédure pénale, soit on les relâche si les preuves de leur culpabilité ne sont pas établies. Par ce verdict, on est en train de faire d’un bourreau une victime » dénonce Ali Coulibaly de Dakar qui est autant scandalisé que Fatim d’Abidjan qui met en doute la moralité même du procès. « Cette affaire sent un deal entre les différentes parties. Et cela ne doit pas étonner quand on sait que les jurés sont loin d’être sains.
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Pour qui a l’habitude de la justice malienne côté jardin, les pratiques de corruption sont presque normales pour des jurés devenus des habitués des lieux. Les mêmes personnes sont toujours là et sont en contact avec les proches des accusés. Alors que sous d’autres cieux, ils sont tirés au sort, au Mali, les jurés sont choisis et les mêmes peuvent participer à différentes assises. Comme c’est le cas actuellement à la Cour d’appel. Il y en a qui poussent l’indélicatesse jusqu’à payer leurs portraits dans les journaux » Donc, les jurés sont-ils corrompus ? Telle est l’interrogation légitimement soulevée par les justiciables scandalisés par le verdict de l’Affaire dite Sitanè qui n’a certainement pas fini de faire parler d’elle.
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