Il était une fois un Président démocratiquement élu sans sous ni caisse dans un pays pauvre classé 174è sur 177 par le Pnud qui voulait faire fortune. Rongé par la délinquance financière, ce Président voulait mettre le Mali sur les rails en renflouant les caisses de l’Etat grâce au Pari Mutuel Urbain (PMU-Mali). Cela se passait le 1er septembre 1994. Il mit dans la cagnotte 300.000.000 FCFA comme capital social.
Le plaisir de jouer et le monde des courses hippiques ont donné naissance à une entreprise qui est aujourd’hui un acteur économique majeur au Mali. De septembre 1994 à décembre 2004 le PMU-Mali a réalisé près de 159,558 milliards de FCFA de chiffres d’affaires.
Sa mission, participer à la mobilisation de l’épargne intérieure en vue de l’orienter vers la réalisation d’investissements d’intérêt public. Résorber le chômage. Organiser, promouvoir ; commercialiser et traiter les paris sur les courses de chevaux.
Au chapitre des réalisations socio-économiques
Quatre (4) lycées de 2.100 places chacun construit et équipés. Deux amphithéâtres(2) de 560 places chacun construit et équipés. Trente un (31) véhicules de patrouille offerts à la gendarmerie et à la police. Vingt deux (22) motos pour la police, deux véhicules de liaison offerts au Ministère de la justice. Vingt mille doses de vaccin anti amaril offertes au Ministère de la Santé.
Le MPU-Mali emploie 73 travailleurs permanents et utilise 220 agents de traitements, 800 revendeurs et suppléants ; Près de 500 emplois indirects ont été crées au niveau de l’imprimerie, des journaux hippiques, des pronostics et des transports.
A la naissance de la toute nouvelle société en 1994, elle a été applaudie à grand cri par un nombre impressionnant de petits actionnaires de cadres maliens, du secteur privé et d’opérateurs économiques.
Plus tard, elle devenait la vache laitière du régime ADEMA et ATT. Une société(SAEM) d’économie mixte successivement dirigée par des hommes liges des deux présidents démocratiquement élus. Deux présidents qui avaient des points communs dans les nominations au poste de responsabilité : le népotisme.
Un fléau qui a détruit notre administration. Si le premier Président élu démocratiquement a été le précurseur du gain facile, le second (ATT) militaire de carrière a à son actif la promotion des non diplômés dans la fonction publique.
Pour s’en convaincre de cette réalité, faites un tour à la Direction du PMU-Mali ou la caverne de Landouss. Là-bas c’est le sanctuaire des faux diplômés. La prolifération des établissements scolaires privés a été l’occasion inespérée pour certains agents du PMU-Mali d’acheter de vrais-faux diplômes. Chez Landouss à la Place de la Liberté les salaires vont de 200.000FCFA à 5 millions de FCFA.
Tout allait bien jusqu’à l’arrivée d’une mission du Bureau du Vérificateur Général conduite par Abderrahmane Nimaga. Il ressort du compte rendu de la séance des restitutions que les différentes constatations et recommandations détaillées par le chef de mission ont fait l’objet d’échange. Ainsi il a été arrêté ce qui suit : absence de procédures formelles pour la répartition des gains parieurs.
Réaction du responsable du PMU SAEM : «Des procédures formelles pour la répartition des gains existent mais ne sont pas encore validées. Les différences entre les taux de répartition des recettes appliquées et ceux figurant sur les états validés par la commission de calcul des rapports s’expliquent par la soustraction des remboursements et des annulations de courses».
Le Directeur des PCD (Pari course Directe) garde ses recettes pendant des semaines avant leur reversement
Des emprunts sans objets d’un montant de 4.140.186.025 FCFA. A cet effet voici la réponse du Directeur du PMU-Mali : «cela est une question de souveraineté de l’Etat. Ce sont des ordres reçus des représentants de l’Etat». Constatation relative au contrat de gré à gré de Graphique Industrie SA. Ensuite conclusion du marché de fourniture de matériels informatiques à Micronet informatique.
Réaction du responsable du PMU-Mali : «Cela relève d’une faute d’inattention de la commission de dépouillement et d’analyse et DGMP a validé le rapport de dépouillement». Durée des contrats de marché de commande pour dix (10) ans.
Lorsqu’on le PMU devient une société unipersonnelle d’un PDG. Les vieilles habitudes ont la vie dure dit-on. Cette pensée sied bien à ce qui se passe à Direction du PMU-Mali. Une avance de plus de 50 millions payée à une structure de la place.
Constatation relative aux paiements indus d’avances de 56.160.000 FCFA à SAPI.
Au chapitre des sorties d’argent
Des sorties d’argent pour 1.118.532.066 FCFA et 239.247.018 FCFA sans pièces justificatives. Toujours selon le PDG, la recherche des pièces continues. La mission a constaté le transfert d’un montant de 4.360.887.538 FCFA mis sur le compte de PMU à l’étranger. Réaction du PDG : «Ce point ne devrait pas être dans le rapport dans la mesure où le PMU n’a pas géré ces fonds et cela relève des autorités du pays. Il s’agit de la souveraineté de l’Etat. La direction demande que les points relatifs à l’Etat soient sortis du rapport pour préserver le secret d’Etat».
Deux cent quatre vingt quinze millions cinq mille (295.500.000) FCFA donné à un agent de la Sécurité d’Etat. La Direction demande à la mission d’enlever ce point pour raison d’Etat.
Autre fait du PDG
Le prélèvement de la somme d’un million de FCFA par course sur le chiffre d’affaires en vue de couvrir les risques généraux (décision prise le 23 octobre 2012). Le secrétaire général de la Présidence de la République par décision N° 031 / PR-SGP-DAF du 26 février 2007, autorise le PMU-Mali à payer cent millions (100.000.000) de francs CFA à titre d’avance à justifier en vue de financement de certains investissements de l’Etat.
Le montant sera viré au compte D001601201-020401004308-53 BDM-SA. Tenez-vous bien les chèques N°8151458 et 8151457 de 50 millions chacun ont touché à l’ordre d’un chèque au porteur à Bamako le même jour c’est-à-dire le 10 mars 2007. Ainsi va le Mali.
Cependant le temps est venu de changer les hommes et leurs pratiques. L’audit du Bureau du Vérificateur Général est édifiant. Il est l’objet d’une audition du PDG au pole économique et interdiction de voyager.
Aussi l’affaire de l’ancien caissier principal Niang est pendante devant le tribunal pour dit-on raison de corruption des juges par le PDG.
Safounè KOUMBA