Le secteur privé peut soutenir les économies en Afrique de l’Ouest. La vision partagée par plusieurs économistes, dont Ouattara Yaya Ben Yaya, consultant au Burkina Faso. Le Secrétaire chargé de programmes au Centre d’études et de Recherche sur l’Intégration économique régionale en Afrique (CERIEA) a co-animé, mercredi, un panel sur le thème en marge de la conférence régionale de la fondation Konrad Adenauer Stiftung.
Avec un taux moyen de croissance de 5,9 % entre 2000 à 2018, l’Afrique de l’Ouest connait selon le Secrétaire chargé de programmes au Centre d’études et de Recherche sur l’Intégration économique régionale en Afrique (CERIEA), Ouattara Yaya Ben Yaya, la croissance la plus rapide du continent.
Cette croissance économique, ajoute l’économiste, dépend de plus en plus des secteurs de la transformation et des services et aussi la part des services dans le PIB qui a augmenté par rapport à celle de l’agriculture et dépasse 50 % en 2018 dans des pays comme le Cap-Vert, la Gambie, le Libéria, le Nigéria et le Sénégal.
Pour M. Ouattara il existe une grande capacité de transformation productive en Afrique de l’Ouest et ne demande qu’à être exploité pour une meilleure contribution au développement de la sous-région.
La diversification des exportations, la capacité d’innovation de la sous-région, la forte prévalence du secteur informel, des contraintes liées à l’environnement des affaires sont autant de défis sur lesquels les Etats doivent travailler, analyse le conférencier.
Le taux d’investissement privé en Afrique de l’Ouest, par exemple, est jugé “très peu“ par le consultant burkinabé vu les enjeux. “Il y a une tendance haussière et très peu volatile qui dénote une nette amélioration du financement domestique du secteur privé, mais le taux moyen reste inférieur à 25 % du PI“, mentionne-t-il.
Investir dans la région est nécessaire selon l’économiste tout comme les Etats doivent travailler sur la capacité d’innovation des entreprises privées.
Suivant l’indice global d’innovation en Afrique de l’Ouest de 2013 à 2017, présenté dans la salle, “les pays ouest africains figurent parmi les 26 moins performants du monde en termes d’innovation dans toutes ses dimensions. L’écart avec le reste du monde continue de se creuser“, constate-t-il.
Plusieurs facteurs expliquent cette tendance baissière de la compétitivité, selon l’économiste. “Nous avons des économies dont les exportations sont fortement primaires. Et lorsque vous avez des contres performances dans la production de ces produits, naturellement il être va impacter“ dit-il.
Quelles solutions ?
La construction d’un secteur fort en Afrique de l’Ouest passera, propose le conférencier, par la coordination des politiques fiscales, l’élimination des barrières non tarifaires à l’accès aux marchés nationaux, régionaux et continentaux, la mise à profit les complémentarités régionales pour renforcer les avantages comparatifs et la libération de l’innovation entrepreneuriale dans les sous-secteurs générant de fortes externalités.
L’exploitation du potentiel de l’économie digitale, le développement des mécanismes de financement de l’entrepreneuriat et des PME et l’amélioration de l’accès à la formation, peuvent bien aider dans ce sens soutient-il.
Un meilleur accès à l’énergie et à la terre s’impose aussi en vue de la transformation productive selon l’économiste.
Niche à exploiter
Pour soutenir l’économie, les transferts de migrants sont une niche à exploiter, estime le secrétaire chargé de programmes au Centre d’Etudes et de Recherche sur l’Intégration économique régionale en Afrique (CERIEA) au niveau de nos Etats. A ses dires, “en termes de flux de capitaux, les transferts de migrants constituent une source importante de financement en Afrique de l’Ouest, en plus de l’épargne privée, mais, souligne-t-il, il faudrait encore créer des conditions pour les encourager à y investir“.
En la matière, l’économiste croit que le secteur privé est prêt à assumer pleinement son rôle, qu’il “a seulement besoin que l’environnement des affaires soit assaini et que les politiques publiques soient synchrones avec les besoins du secteur“.
Kadiatou Mouyi Doumbia