L’hôtel de l’Amitié de Bamako a abrité, le samedi 14 octobre 2017, l’ouverture de la conférence régionale sur le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, le narcotrafic et le trafic d’êtres humains. Organisée par la Cedeao, en collaboration avec l’Union africaine, cette conférence sous-régionale était placée sous la co-présidence de Faure Gnassingbé, Président de la République du Togo, Président en exercice de la Cedeao et de la Conférence, et Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali, Président en exercice du G5- Sahel.
En vue de dégager une stratégie commune pour la sécurisation du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, les acteurs régionaux se sont retrouvés à Bamako, ce samedi 14 octobre 2017. Cette conférence régionale sur la situation sécuritaire dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest (lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, le narcotrafic et le trafic d’êtres humains) a pour objectif de procéder à une évaluation globale de la situation sécuritaire dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest. Elle vise également à déterminer les voies et moyens d’intervention les plus aptes à assurer une neutralisation optimale des organisations criminelles dans l’espace sahélo-saharien et leur expansion en Afrique de l’Ouest. Cette conférence permet aussi de préserver l’intégrité territoriale et la paix dans les pays concernés, gage du développement économique et social au profit des populations. Dans son intervention, Ibrahim Boubacar Keïta a rappelé que la présente conférence intervient dans une conjoncture de mobilisation générale, tant au niveau régional qu’international en faveur du rétablissement de la paix, de la sécurité et du développement dans notre espace Sahélo-saharien, et au-delà. Cette conjoncture se justifie, dit-il, par la recrudescence de l’insécurité dans la région sahélo-saharienne, et l’extension progressive vers les côtes ouest-africaines, du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée.
« Plus que jamais, ces phénomènes sécuritaires continuent de menacer gravement la paix et la sécurité au Sahel, en Afrique de l’Ouest, et dans plusieurs autres parties de l’Afrique, remettant ainsi en cause la survie même des États. Face à cette situation critique, l’Union africaine, les communautés économiques, régionales, et les mécanismes régionaux accomplissent des progrès remarquables dans leur coopération en appui aux actions régionales de mutualisation des efforts, visant à promouvoir la paix et la sécurité en Afrique », a fait remarquer IBK. A l’en croire, la mise en cohérence et la maîtrise régionale des initiatives internationales, ainsi que celles d’organisations telles que la Cedeao, la Ceeac, ou celles menées dans le cadre du Processus de Nouakchott, et du G5 Sahel, s’avèrent, aujourd’hui, comme une exigence visant à permettre à l’Afrique et à la communauté internationale d’agir de manière adéquate face aux causes profondes de l’insécurité dans l’ensemble du Sahel.
IBK plaide pour l’opérationnalisation du G5 Sahel
Le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar a mis à profit cette occasion pour inviter à nouveau la Communauté internationale à accompagner, de manière plus résolue, les efforts de la région. Pour ce faire, préconise- t-il, elle doit assurer un soutien prévisible et durable à l’opérationnalisation effective et au déploiement de la Force Conjointe du G5 Sahel. « Dans la région du bassin du lac Tchad, l’ONU, l’Union africaine et d’autres partenaires internationaux ont soutenu l’action menée par la Force spéciale mixte multinationale pour la sécurité contre Boko Haram. Un appui substantiel et conséquent de la communauté internationale aux efforts déployés par les pays subissant les menées de Boko Haram demeure, toutefois, une urgence de premier ordre », a-t-il noté. Pour IBK, il y a urgence de disposer de mécanismes de financement stable, prévisible et souple pour appuyer les opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité, d’une part, et, d’autre part, d’engager une nouvelle réflexion stratégique sur la mise en cohérence des diverses opérations de soutien à la paix, et de consolidation de la paix dans le Sahel, en Afrique de l’Ouest, et sur l’ensemble du continent. Partant, il a réitéré l’engagement irréversible du Mali à poursuivre résolument la lutte contre le terrorisme, la radicalisation et l’extrémisme violent aux côtés des Etats de la Cedeao, et les autres partenaires du monde, tant il est vrai qu’aujourd’hui que seule, une action internationale concertée peut enrayer ce fléau, véritable menace pour la stabilité des institutions démocratiques et pour un développement économique sain.
Les attentes à l’issue de cette conférence régionale
Le Mali et les pays de la région fondent beaucoup d’espoir sur la déclaration finale dite de Bamako qui devrait sanctionner les travaux. D’ores et déjà, le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar a donné les axes prioritaires et les fortes attentes des pays de la région. A l’en croire, la déclaration dite de Bamako s’articulera autour des éléments d’une stratégie régionale intégrative de prévention et de lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent, le crime transnational organisé, le narcotrafic et le trafic humain dans l’espace sahélo-saharien et de la Cedeao. Faisant un aperçu des fortes espérances à l’issue de cette rencontre, il a noté qu’elles sont de plusieurs ordres, et s’articulent, principalement, autour de l’identification des forces et faiblesses des expériences et initiatives actuelles de lutte contre les menaces asymétriques en zone sahélo-saharienne et en Afrique de l’Ouest; la formulation de projets d’actions concrètes de prévention et de lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent, le narcotrafic, le crime organisé transnational et le trafic humain; la mise en place d’un mécanisme de coordination et de mise en cohérence des initiatives de lutte contre les menaces asymétriques et leurs auteurs dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest; le développement d’une synergie entre les Etats et les institutions du Sahel, d’une part, et ceux de l‘Afrique centrale et du Maghreb. Faure Gnassingbé, Président de la République togolaise, Président en exercice de la Cedeao, pour sa part, a exprimé toute sa compassion au peuple du Mali. Selon lui, il est regrettable que ce beau pays, riche d’une très grande histoire, vive cette situation. Il s’est dit convaincu que le Mali dispose des ressources pour transcender cette douloureuse épreuve. Partant, il a invité les chefs d’Etat de la région à parler moins et à agir plus. Le président en exercice de la Cedeao a invité les Maliens à l’union sacrée autour de la mère patrie. Pour Mohamed Salah Annadif, chef de la Minusma et représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, l’initiative des chefs d’Etat de la région du Sahel d’organiser une rencontre dans le contexte actuel caractérisé par le terrorisme, l’extrémisme violent, le radicalisme, mérite d’être saluée. A l’en croire, les valeurs de paix, de liberté, des droits de l’Homme, auxquelles l’ONU est fortement attachée sont gravement menacées par ces maux. Convaincu qu’aucun Etat n’est épargné par le phénomène, le chef de la Minusma a noté que l’Afrique, et particulièrement dans l’espace sahélo-saharien, devient de plus en plus un lieu de prédilection pour le narcotrafic, terroristes et les crimes organisés. Partant, il a invité les chefs d’Etat africains ainsi que la communauté de redoubler pour cet espace ne devient un sanctuaire. C’est conscient de ces menaces, rappelle-t-il, que le Secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a fait de la lutte contre le terrorisme l’une des priorités dès sa prise de fonction. Cependant, il a noté que les Nations Unies estiment que la lutte contre le terrorisme et l’économie criminelle ne doit pas se limiter à ces dimensions sécuritaires, d’où la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.
Boubacar SIDIBE