Suite à la découverte d’un cadavre survenu le 24 mai 2022 au bord du marigot «Ganakono Massiogo», dans la commune rurale de Misséni (cercle de Kadiolo, à la frontière naturelle entre Mali et Cote d’Ivoire), on assiste à la ruée d’exploitants orpailleurs illégaux dans le lit dudit marigot. Présentement, le cours d’eau est envahi par plus de 200 dragues à la recherche d’or. Leurs propriétaires sont de diverses nationalités.
Au regard de l’inquiétude manifestée par les populations locales, des dispositions urgentes serraient nécessaires pour faire dégager tous ces destructeurs de l’environnement. Cette pratique crée déjà un litige foncier entre les villages de Massiogo (Mali et Ganakono (RCI) qui revendiquent tous les deux la propriété du marigot servant pourtant de frontière naturelle entre les deux localités. Les populations souhaitent l’intervention des plus hautes autorités pour dégager ces destructeurs de l’environnement.
Il faut rappeler que le cercle de Kadiolo compte une dizaine de sites d’orpaillage installées dans les communes de Misséni et Fourou. On dénombre ainsi des milliers de personnes (hommes et femmes de nationalités malienne et étrangère) travaillant dans ces placers. Les avantages pour l’économie locale sont indéniables. Selon les populations, l’orpaillage a permis par exemple de réduire l’émigration des jeunes ruraux de la contrée vers les pays voisins, notamment la Côte d’Ivoire. Tout comme cette activité contribue à la réduction du trafic d’enfants vers les pays frontaliers puisqu’il est difficile désormais de berner les victimes avec la promesse d’un travail bien rémunéré. «Les familles n’ont plus besoin d’envoyer leurs enfants dans les pays voisins. Ils préfèrent les voir travailler dans les sites d’orpaillage où on peut gagner plus d’argent qu’à l’étranger.
Ainsi, beaucoup de jeunes diplômés évoluent aujourd’hui dans les sites d’orpaillage. Sans compter les jeunes ruraux qui parviennent à équiper leurs familles avec du matériel agricole performant avec l’argent gagné dans les mines artisanales», décrivait il y a quelques années Checkna Bahily (correspondant de l’AMAP-Kadiolo) dans un reportage sur les zones de Misséni et Fourou.
N’empêche que ses conséquences socio sanitaires, sécuritaires et environnementaux ne sont pas négligeables. Si l’orpaillage a permis de maîtriser le trafic des enfants, il a par contre accentué le travail des mineurs avec un impact très négatif sur leur scolarisation. Sans compter les dégâts considérables causés à l’environnement par cette activité. Ce qui fait que, en 2010, les autorités compétentes avaient pris la décision de faire déguerpir les orpailleurs de la forêt classée de «Lougani», dénommée site de Massiogo dans la commune de Misséni.
C’est dire que l’orpaillage se développe dans ces zones aux dépens de la flore et de la faune, avec le creusement de placers et la destruction des arbres de toutes les espèces. Et les dégâts sont généralement irréparables comme on l’a vu avec l’opération de déguerpissement de Lougani. Destinée à protéger la forêt classée, elle n’a pas permis de réparer les dégâts écologiques. Pire, cette zone forestière classée a été réoccupée par des orpailleurs quelques mois après.
Massiogo (ou Massioko) est un village malien situé dans la commune rurale de Misséni dans le cercle de Kadiolo (région de Sikasso). La commune couvre un air de 915 km et inclut environ 21 villages. Dans cette zone frontalière avec la Côte d’Ivoire, se trouve un marigot, précisément entre Massioko (Mali) et Ganakono (Côte d’Ivoire). Ce cours d’eau est utilisé par les orpailleurs venus généralement d’ailleurs pour exploiter les richesses locales dans la totale illégalité.
Naby
Sadio Camara (correspondance particulière)