Ogossagou : récit d’un retour à la paix

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Théâtre de deux massacres en moins d’un an qui ont fait près de 200 morts, Ogossagou est maintenant devenu un symbole de paix et de réconciliation. La mise en place d’une base opérationnelle temporaire de la Force de la MINUSMA, accompagnée des efforts ciblés de médiation et de réconciliation, ont permis de rebâtir la confiance et la cohésion sociale intercommunautaire, et ont abouti à la signature d’un accord de paix historique entre Ogossagou Dogon et Ogossagou Peulh, le 8 octobre 2021.

Ogossagou, dans le cercle de Bankass, se compose de deux petits villages respectivement dogon et peulh, séparés par une étroite bande de terre de moins de 100 m. Depuis plusieurs années, la méfiance entre les communautés a progressivement augmenté, alimentée par des différends fonciers et des problèmes non résolus liés à l’accès aux ressources naturelles. La recrudescence des tensions et de la violence intercommunautaires dans le cercle a aussi affecté les dynamiques à Ogossagou.

Les deux massacres contre Ogossagou Peulh, le premier le 23 mars 2019, suivi par la deuxième attaque le 20 février 2020, qui ont causé presque 200 morts, ont provoqué l’effondrement des relations entre les deux communautés et déchiré le tissu social déjà affaibli. À la suite de ces deux attaques, les villages d’Ogossagou étaient devenus l’un des symboles de la violence intercommunautaire qui ravage le centre du Mali.

Un travail de médiation de longue haleine

En réponse à cette deuxième attaque, la MINUSMA a établi une base temporaire de la Force (TOB) à Ogossagou le 4 mars 2020. Depuis, la TOB a protégé les communautés Dogon et Peulh et a également permis aux composantes civiles de la MINUSMA d’entreprendre des négociations, ainsi que des activités de renforcement de la confiance et de réconciliation en étroite collaboration avec l’Equipe Régionale d’Appui à la réconciliation (ERAR).

Au cours des mois suivants, la MINUSMA a entamé des efforts visant à bâtir la confiance, rassembler et recoudre le tissu social entre Ogossagou Peulh et Ogossagou Dogon, à travers un appui psychosocial aux communautés et des visites sur le terrain. Le 7 novembre 2020, des premières consultations bilatérales se sont tenues avec les deux communautés d’Ogossagou, pour identifier les doléances respectives et évaluer les possibilités de médiation et de réconciliation. Elles se sont conclues le même jour par une rencontre conjointe peulh/dogon auprès de la TOB de la MINUSMA, un événement symbolique marquant le premier échange direct entre des représentants des deux communautés depuis 2018.

À la suite de consultations et de missions successives, un dialogue intercommunautaire entre les villages d’Ogossagou et dix autres villages dogon et peulh dans les communes de Bankass et Dimbal, a eu lieu, mené à la TOB de la MINUSMA, facilités par les autorités de l’État, la MINUSMA et l’ERAR. Pour la première fois de plus de trois ans, ce dialogue a permis aux représentants des communautés d’adresser ouvertement les questions cruciales au cœur des tensions et du conflit intercommunautaire.

Tous ces efforts ont abouti le 8 octobre 2021 à la signature d’un accord de paix inclusif, impliquant les 12 villages auprès de la TOB MINUSMA à Ogossagou, et facilité par la MINUSMA, des représentants de l’État et des personnes-ressources locales. Cet accord vise à garantir le libre mouvement et la circulation des personnes et des marchandises dans les communes concernées, permettant la reprise des activités agricoles et pastorales, l’exploitation et l’utilisation des ressources naturelles ainsi que l’accès aux marchés, aux centres de santé et à d’autres services. L’accord dénonce aussi toute forme de violence et préconise tout effort pour renforcer la cohésion sociale entre les communautés, entre autres par le recours aux mécanismes locaux de résolution des conflits, tels que les Comites Communaux de Réconciliation et les Commissions foncières (COFO). Un mécanisme de suivi a été mis en place, co-dirigé par le maire de Bankass et un ancien membre du Parlement ressortissant de la zone.

Retour au vivre ensemble

Depuis la signature de l’accord d’Ogossagou, les premiers résultats sont tangibles. Les chefs Peulhs et Dogons d’Ogossagou ont échangé des visites dans les villages respectifs. Les femmes se déplacent librement pour chercher du bois de chauffage plus loin au-delà du périmètre communautaire immédiat ; les personnes déplacées ont commencé à reconstruire leurs maisons.

L’accord de paix local signé à Ogossagou le 8 octobre est une réponse emblématique à la nécessité, à la véritable volonté et à l’intérêt des communautés de retourner à la stabilité et à la paix. Le résultat encourageant de l’accord de paix local d’Ogossagou a généré un élan pour des initiatives de confiance et de réconciliation intercommunautaire dans le cercle de Bankass et au-delà.

Dans une perspective de suivi, en collaboration avec ses partenaires gouvernementaux, y compris l’ERAR, les autorités locales et les organisations communautaires, la MINUSMA capitalisera sur les progrès atteints. La Mission des Nations Unies maintiendra un engagement actif vers des résolutions médiées et pacifiques à des conflits communautaires ainsi que vers des initiatives fédératrices, afin de soutenir le rapprochement et renforcer la résilience des communautés.

Source : Minusma

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