On ne connaît ni leur nombre, ni leur grade, pour l’instant. Mais les tractations secrètes entre officiers supérieurs issus des rangs de la rébellion au Mali, visent un seul objectif : convaincre les soldats intégrés dans l’armée malienne à retourner dans leur «temple d’origine», la rébellion. En partant du Mali, le Député de Tessalit, Deyti Ag Sidimo a ourdi un savant plan de guerre. Nous avons suivi ses traces.
Lundi 4 juillet 2011, un camion fourgonnette s’immobilise devant la résidence de Deyti Ag Sidimo. Il est 2 heures du matin. Dans la lueur du jour, quelques personnes s’affairent à charger le véhicule. Impossible de savoir quoi. Tous les colis sont bien emballés et visiblement lourds. Les chargeurs sont tous enturbannés. Ils parlent tous tamashek ou arabe. Pour sécuriser l’opération, 12 hommes en uniforme de la Garde nationale sont armés de Kalachnikovs. En deux heures de temps, le camion est chargé. Le conducteur allume le moteur et l’engin lourdement chargé disparaît dans le noir avec seulement trois passagers sans identité connue. Deyti lui-même n’a pas mis le nez dehors. Il est resté à l’intérieur de sa villa.
Mardi 5 juillet 2011. De 5 heures du matin à 22 heures, les audiences s’enchaînent dans le «Palais» de l’honorable Deyti. Des véhicules de tous calibres font un ballet incessant jusqu’à la nuit très avancée. Les visiteurs sont tous militaires, douaniers ou hommes d’affaire. De quoi ont-ils discuté ? Patience ! Une semaine de concertation avec ses compatriotes, c’est-à-dire ses hommes.
Dans la même semaine, Deyti s’offre trois 4X4 V8 et deux Pick Up double cabine sortie d’usine. Valeur ? Pas moins de 175 millions.
Le vendredi 8 juin 2011. Les conciliabules prennent fin après la prière du vendredi. Les trois véhicules V8 sans immatriculation font le plein à la station SANKE, escortés par les deux Pick UP avec d’étranges passagers.
Le cortège mené par le premier Pick Up suivi des trois V8 est bouclé par le second Pick Up. Le convoi fait escale devant une autre villa vers le complexe scolaire Mali Univers en face du KARAOKE. Ici, l’honorable député descend de son véhicule et fait des accolades chaleureuses et fraternelles à un homme aux allures martiales coiffé d’un turban pendant à son cou. C’est un Colonel de l’armée, nous a-t-on dit. Connu pour sa discrétion dans le quartier, personne ne l’a encore vu en uniforme et presque personne ne sait exactement ce qu’il fait de ses journées.
Le cortège reprend son chemin et ne s’immobilise qu’à Bla. Nous sommes à environ 350 km de Bamako et il n’est que 22 heures. La délégation n’aura que quelques minutes pour manger et se débarbouiller avant de mettre le cap sur Gao. L’escale de Gao durera quelques jours pour achever les derniers réglages. Tamanrasset attendra donc encore quelques jours la délégation. Les prises de contact avec les chefs radicaux des zones nord du Mali, certains élus locaux, des opérateurs économiques et autres chefs de petits groupes de bandits armés ont duré au moins quatre jours. Dans son programme, il est également prévu une rencontre avec Abou Zéid, le patron d’AQMI qui détient toujours des otages français devenus encombrants. Mais, la France n’est pas prête à verser les 90 millions d’euro demandés par les ravisseurs. Or Kadhafi, lui en a besoin. Selon certaines indiscrétions, des négociations sont en cours entre Kadhafi et les chefs d’AQMI pour ces 4 otages français.
Les mêmes sources affirment que les tractations menées par le Député de Tessalit Deyti Ag Sidimo, émissaire du Guide libyen, sont presque bouclées.
Au niveau des différentes unités de l’armée malienne, les intégrés sont subitement devenus nerveux à chaque geste de leurs compagnons d’armes. Nombreux sont ceux qui ont introduit des autorisations d’absence pour des motifs peu convaincants.
Les réunions, dont la toute dernière s’est tenue le lundi dernier à la résidence d’un officier à Faladiè Bamako entre 20 heures et 00 heure, se multiplient et à des fréquences suspectes. «Nous les avons à l’œil. Nous ne ferons pas d’amalgame. Il y a parmi les intégrés, des soldats et officiers très dévoués pour leur pays en qui on fait confiance à cause de leur efficacité sur les champs d’opération. Tous les petits bandits sont connus et ils ne pourront rien…». Ces propos d’un Officier sont rassurants sans doute, mais cachent mal la triste réalité : le malaise profond de la cohabitation pèse de plus en plus lourd.
Les menaces se précisent de jour en jour sur la paix et la sécurité dans les régions nord du Mali où la nouvelle vague de désœuvrés n’attend que le moindre appel pour se saisir d’une arme. Peu importe celui contre qui il faut la braquer. Deyti, est très intelligent. Il sait qu’il ne manquera pas de main d’œuvre. La menace terroriste a économiquement anéanti l’économie locale. Le chômage est redoutable contre les jeunes. Et le trafic d’armes et de drogues demeure la seule activité source de revenus sûrs.
Politiquement, il sait que les partisans de la fondation de la République de l’AZAWAD n’ont pas désarmé. Il les aura avec lui sans aucun doute.
Côté argent, Deyti n’a aucun souci. Pour les armes, on dit qu’il a le monopole des missiles de longue portée venus de la Libye et bien d’autres types d’armement lourd.
Les jours à venir nous édifieront davantage sur les combines et tractations de ce téméraire Député. Affaire à suivre…
Abdoulaye NIANGALY