Même si la Transition malienne souffre d’un déficit d’inclusivité, avec la récente sortie à l’ONU du Premier ministre de Transition, suscitant la colère de la France, les acteurs sociopolitiques maliens sont désormais dos au mur, contraints à s’unir. Quasiment au ça passe ou ça casse !
En effet, le gouvernement français, le premier partenaire international du processus de sortie de crise au Mali est désormais très remonté contre les autorités de Bamako. Cela donne lieu à une escalade verbale jamais atteinte dans l’histoire récente entre les deux pays.
Ceci, d’autant qu’à l’accusation « d’abandon du Mali en plein vol » exprimée par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga à la tribune de l’ONU l’on a enregistré la réplique forte des autorités françaises. Celles-ci sont allées jusqu’à qualifier le chef du gouvernement de Transition « d’enfant de deux coups d’Etat », dirigeant « un gouvernement de légitimité nulle », avec des « propos honteux », « incohérents et populistes », etc.
Pis, la montée au créneau du président français, Emmanuel Macron, le jeudi dernier avec une violence verbale jamais enregistrée auparavant a consacré un incident diplomatique qui ne dit pas son nom entre Bamako et Paris. Et cette situation pourrait se compliquer avec la volonté réaffirmée des dirigeants maliens de se tourner vers la Russie ou la Chine pour la sécurisation de leur territoire au détriment des forces françaises.
En clair, ce camouflet que les autorités de Bamako viennent de si magistralement administrer à leurs homologues français pourrait susciter une politique de représailles dont Paris a le cynique secret. Il ne sera donc pas surprenant d’assister à une dégradation de la situation sécuritaire sur le terrain, où certains réseaux terrorico-jihadistes sont soupçonnés de connivence criminelle avec les services secrets français.
Dès lors, une certaine inquiétude transparaît au sein de plusieurs responsables maliens, quant à une éventuelle démonstration de la capacité de nuisance de l’Elysée, visiblement lâchée par le nouvel homme fort du Mali. Laquelle éventualité condamne les décideurs et acteurs politiques maliens à se donner la main dans un sursaut de survie collectif. Ce sera une sorte de repli identitaire pour résister à l’adversité française du moment. Quel haut responsable malien n’est pas aujourd’hui conscient des risques d’afghanisation/somalisation qui pèsent sur leur pays ? Même si tous les acteurs politiques n’ont pas applaudi le récent discours du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, véritable jet de pierre dans l’essaim d’abeilles français, aucun patriote malien n’ose aujourd’hui pactiser avec Paris contre son propre pays. L’Elysée a, semble-t-il, franchi le seuil de la courtoisie et des bonnes pratiques internationales en traînant l’image des dirigeants maliens dans la boue. Ce qui doit refroidir un tant soit peu les adversités politiques internes pour oser dire tout haut la France qu’elle a tenté de jeter l’opprobre sur une grande Nation, le Maliba.
Boubou SIDIBE/ maliweb.net