Sans conteste, le récent congrès de l’ADEMA-PASJ aura focalisé l’attention du microcosme politique national. Bien de personnalités avaient retenu leur souffle, certaines pariant à coup sûr sur une énième cassure au sein de la Ruche. Fort heureusement, la déchirure, qui devrait sonner le glas au parti qui demeure encore l’un des mieux implanté du Mali, n’a pas eu lieu.
La composition du bureau a été harassante, tant Pr Dioncounda Traoré tenait à faire prévaloir le consensus sur l’option du vote pour élire chacun des prétendants aux différents postes. Au final, le congrès a joué aux prolongations pour arriver à voir la fumée blanche, même si des grincements de dents se sont fait sentir dans les coulisses. Les anciens ministres Moustaph Dicko- finalement logé à la 4ème vice-présidence- Harouna Cissé, secrétaire aux affaires économiques et d’autres, ont dû refouler leur mécontentement, convaincus qu’ils méritaient plus dans l’ordre protocolaire et donc dans la préséance du parti.
Si le nouveau président, Pr Tiémoko Sangaré, a travaillé à la base pour s’imposer comme la solution pis-aller devant Moustaph Dicko, il faut reconnaître que parmi les 11 vice-présidents, le premier, Abdel Karim Konaté dit Empé, apparaît comme la personnalité qui a fait le plus grand bond en avant au sein de la direction du PASJ.
Une pléïade de lieutenants sûrs
En effet, l’actuel ministre du Commerce et de l’Industrie fait partie des premiers lieutenants sûrs de l’ADEMA. A Koro, où il a entamé sa carrière de jeune douanier dans les années 90, Empé était cofondateur du comité de l’association ADEMA avec feu Yolo Tolo, un syndicaliste de grande conviction parmi les cheminots maliens. Abdel Karim Konaté devient, petit à petit, la cheville ouvrière de l’ADEMA-PASJ à Koro en tant que Secrétaire général de la section, se battant pour que le parti ait une base enracinée et engagée. Ce qui sera payant dans la mesure où la section de Koro du parti de l’abeille est depuis longtemps l’une des plus dynamiques du pays. Elle compte deux députés, dont le président du groupe parlementaire, Issa Togo (et Youssouf Aya, le second) et près 150 élus communaux. Le nouveau 1er vice-président occupait, avant le congrès, la position de Secrétaire général et a su combler l’absence du Secrétaire général Marimanthia Diarra, basé à Dakar au service de l’OMVS.
D’autres cadres comme le 2ème vice-président, le ministre Dramane Dembélé, le candidat du parti à la présidentielle 2013, le député et vice-président de l’Assemblée nationale, Ahamada Soukouna, promu 6ème vice-président, le maire du district Adama Sangaré, promu 7ème vice-président ont une progression remarquable au sein du nouvel organe dirigeant. Sans oublier celles que certains observateurs appellent “les dames de fer “, Mmes Konaté Fatoumata Doumbia et Zouré Fadimata Maïga, respectivement 5ème et 9ème vice-présidentes. Tous devront retrousser les manches pour se consacrer au service du parti.
Panser les plaies
Ainsi le premier défi des 67 “soldats” de la Ruche est d’abord de panser rapidement les blessures liées au congrès, à la composition du bureau au forceps, c’est-à-dire par une recherche effrénée du consensus au lieu d’aller au vote. Il faut ensuite travailler à redonner un nouvel espoir aux nombreux militants démotivés par les récents échecs électoraux du parti et la stigmatisation dont il fait l’objet par rapport à sa responsabilité dans la crise de 2012. Il s’agira de rassembler le plus grand nombre de cadres et militants déçus autour du nouveau comité exécutif. Pour une meilleure participation aux réunions de prise de décisions, une meilleure participation financière aux charges du parti, que l’on dit endetté.
L’on attendra alors du nouveau capitaine du bateau des abeilles, Pr Tiémoko Sangaré et son premier lieutenant, Abdel Karim Konaté dit Empé, des qualités avérées d’humanisme, de capacité relationnelle et de management des hommes et des femmes, pour réveiller les structures dormantes du parti, réchauffer ses contacts en sponsors et mécènes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les premiers responsables, notamment les 11 vice-présidents, les secrétaires généraux, politiques et administratifs, devront se donner les moyens de rayonner à nouveau dans le cercle de l’internationale socialiste.
Par ailleurs, les nouveaux dirigeants de l’ADEMA doivent rompre avec l’aphonie du parti face aux grands sujets de la nation malienne. Toute chose qui pourra le rapprocher davantage des préoccupations du Malien lambda. Et aider la Ruche à mieux impacter sa présence au sein de la majorité présidentielle, dont elle sera l’une des formations politiques les plus audibles.
Bruno D. SEGBEDJI