Nord-Mali : Les prises d’otages et la chimérique indépendance de l’Azawad

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Le MNLA a été chassé de ses zones d’occupation par le MUJAO, ce qui compromet du coup, voire renvoie aux calendes grecques l’ambition de ce mouvement terroriste. De nos jours, les rapports de force entre les groupes rebelles ne sont plus favorables au MNLA : ce sont plutôt les mouvements Ançardine et MUJAO, en complicité avec AQMI, qui dominent les régions de Gao, Tombouctou et Kidal.
En fait, la rébellion au Nord-Mali ne date pas d’aujourd’hui : elle existe depuis la période coloniale. Non seulement le colonisateur avait  eu bien des difficultés à dompter les populations touarègues des régions du Nord, mais ces populations à la « peau claire » n’ont jamais toléré la suprématie de celles à la « peau noire ». Les Touaregs ont toujours refusé d’être gouvernés par des Noirs. Du reste, l’emprise du pouvoir administratif sur ces peuples nomades était extrêmement difficile.  Par conséquent, ces Tamasheqs ont plus ou moins échappé à la soumission du pouvoir, qu’il soit de la Métropole ou du Mali indépendant. C’est ces peuplades ont toujours entrepris ces rebellions hasardeuses pour « jauger les capacités militaires du pouvoir central de Bamako, au besoin, se  libérer de ce pouvoir ». Mais les moyens ont toujours manqué à ces rebelles car les régimes qui se sont succédé à la tête du Mali ne leur ont pas donné le temps de passer à la mise en œuvre de leur dessein inavouable de « sécession » ou « d’indépendance » vis-à-vis du Mali. De l’indépendance à nos jours, ni le temps, ni les moyens, encore moins le contexte n’avaient joué en leur faveur pour qu’ils puissent mettre en application leurs ambitions séparatistes. Dans aucune annale de l’histoire du Mali précolonial, colonial ou postcolonial, une partie du Nord n’a jamais été appelée « Azawad » par aucun historien ou explorateur. Seulement, lorsqu’il  s’était agi d’explorer du pétrole dans la zone de Tombouctou, certains experts avaient fait allusion à cet «Azawad » en désignant une petite zone située aux alentours de la ville de Tombouctou. Mais en quoi cela peut-il concerner tout le Nord du Mali ? D’ailleurs, le contexte n’était pas favorable à ce dessein malsain de sécession, surtout avec la démilitarisation du Nord prônée par le régime du Président Alpha Oumar Konaré.  En signant les accords de Tamanrasset et d’Alger, qui prévoyaient la non occupation des zones du Nord par l’armée malienne, les autorités d’alors ont tout simplement manqué d’esprit patriotique qui avaient pensé qu’il fallait un strict minimum de militaires à Gao, Tombouctou et  Kidal, juste pour ne pas laisser ces zones dans l’insécurité. Mais un adage bamanan « qu’on peut troquer l’héritage d’un père, mais jamais on ne peut le vendre », dit un adage bamanan. Cet état sera aggravé par les prises d’otages occidentaux par des ravisseurs terroristes d’AQMI et autres. Pour les autorités maliennes, ce sera « la goutte d’eau qui déborder le vase », même si elles  vont faire preuve de laxisme militaire et politique dans la traque contre les preneurs d’otages occidentaux.
Alpha a échappé à ce fléau de prise d’otages car Kadhafi n’avait pas été inquiété en son temps. Quant à ATT, la malchance l’entraînera vers « l’abime » car deux facteurs joueront en sa défaveur. Tout d’abord le « printemps arabe ». La chute de Kadhafi n’allait pas se passer sans laisser ATT « intact » sur son trône. C’est justement ce premier facteur qui a bousculé le pouvoir de ce dernier car ses soldats touaregs de retour de la Libye feront trembler cette démocratie de façade du régime défunt. Le second facteur et non des moindres, c’est l’incurie de l’ex-Général-Président face aux prises d’otages dans le Sahara dont le Mali fait cependant partie intégrante. Ce qui poussera la France à ne pas le lui pardonner, surtout qu’ATT avait été réticent à reconnaître même les prises d’otages au Mali à plus forte raison mener une lutte à outrance contre AQMI, le ravisseur potentiel : un comportement qui fera dire à la France que dans cette lutte contre AQMI, le Mali « n’est pas bon élève » à l’image de la Mauritanie et du Niger. C’est pourquoi la France avait encouragé et soutenu le MNLA pour qu’il lutte contre AQMI et proclame « l’indépendance de la république de l’Azawad », histoire de se « venger » du Mali « récalcitrant ». Mais le MNLA échouera lamentablement dans son entreprise, car le MUJAO va le  chasser « en plein midi » de la ville de Gao. Dès lors, le MUJAO, Ançardine et leur allié,  AQMI, contrôleront tout le Nord du pays. Malgré l’application ignoble et barbare de la « charia » par ces mouvements vainqueurs de l’indépendantiste MNLA, la partition du territoire malien est devenue un rêve. En perdant la bataille, le MNLA fait subir à la  France un échec aussi cuisant qu’humiliant, au point qu’elle ne peut désormais que venir en aide au Mali dans sa lutte pour la sauvegarde de l’intégrité de son territoire.
Abdoulaye Faman Coulibaly

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