Niangara de la semaine : ‘’ Monsieur Bourama Tidiane Traoré, un patriote au service de l’éducation et du développement du Mali ‘’

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    Dans cette nouvelle rubrique intitulée ‘’Niangara du Mois‘’, la rédaction de votre journal Le Flambeau entend rendre un vibrant hommage à ces hommes et femmes qui œuvrent  inlassablement au service de l’éducation et de la jeunesse malienne. Dans cette édition, nous sommes partis à la rencontre d’un mécène de l’éducation. Citoyen malien, fervent partisan du partage et de la solidarité, patriote reconnu et incontestable, artisan du développement, promoteur volontaire de l’école malienne, Monsieur Bourama Tidiane Traoré est originaire de la commune rurale de Ouélessebougou. Avec une quinzaine de salles de classe construites pour des villages, l’homme entend contribuer au développement de son pays, à travers l’éducation du monde rural. Qui est-il ? Quelles sont ses motivations ? Quelles sont ses impressions sur l’école malienne ? Quelle est sa vision de la jeunesse du Mali ? Vous trouverez les réponses à toutes ces questions dans cet entretien exclusif.

     

    Le Flambeau : Bonsoir Monsieur, qui est Bourama Tidiane Traoré ?

    Monsieur Traoré : Je m’appelle Bourama Tidiane Traoré, j’ai 43 ans, je suis marié et père de cinq enfants dont trois filles et deux garçons. Je suis originaire de la commune rurale de  Ouélessebougou et plus précisément du village de Bananzolé (situé à une cinquantaine de kilomètres de Bamako). Je suis né de parents agriculteurs. Je suis un malien vivant à l’extérieur depuis une vingtaine d’année. J’ai fait la base de mes affaires à l’extérieur du Mali précisément entre le Congo Kinshasa et le Congo  Brazzaville.

     

    Le Flambeau : Que faites-vous actuellement dans la vie ?

    Monsieur Traoré : Je suis un homme d’affaire et j’exerce une profession libérale. D’abord, j’ai commencé comme commerçant, et je suis toujours  dans le commerce. Mais présentement, mes activités majeures sont l’immobilier, la gestion de promotion immobilière, de contrat de  bail et de location. Je fais aussi des importations de l’Asie. Toutes mes activités sont en dehors du Mali, mais je fréquente régulièrement le Mali parce que ma femme et mes enfants y sont rentrés depuis deux ans. C’est pourquoi j’ai un pied à l’extérieur et un pied ici, donc c’est ce qui fait que chaque  trois mois je viens au Mali.

     

    Le Flambeau : Pour quel motif investissiez-vous dans l’éducation malienne en construisant des salles de classes dans les zones qui en ont  besoin ?

    Monsieur Traoré : D’abord, j’ai été élève jusqu’au niveau terminal, je suis un enfant de milieu rural comme je vous l’ai dit, je suis issu d’une famille analphabète, nom papa n’a jamais été à l’école et ma mère non plus. Heureusement, moi j’ai eu la chance d’aller à l’école mais dans des conditions extrêmement difficiles. J’avais un parcours de 6 km le matin et 6 km le soir et cela pendant 7 ans. Quand j’ai été admis au Certificat d’Etude Primaire (C.E.P.), il fallait aller à 25 km de mon village pour continuer mes études fondamentales. J’ai donc passé 4 ans, ni famille ni moyens, dans un autre village et tenez vous bien dans des conditions très difficiles.  Par la grâce de Dieu, j’ai été admis à mon DEF avant de venir à Bamako pour le lycée. Sauf qu’ici les conditions ont été encore plus difficiles d’où mon échec scolaire.

     Je suis donc partir de ma propre vie, pour me lancer dans cette initiative. Le but est d’aider les enfants qui se trouvent dans la même situation que j’étais à ne pas connaitre les mêmes souffrances que moi. Je veux leur donner une chance en les rapprochant plus de leur école et de leur famille. Je pense que les résultats escomptés ont été atteints car.  Je me battrais corps et âme pour donner de l’espoir à tous les enfants de ma localité. Voilà pourquoi j’investi dans l’éducation et particulièrement dans cette zone où j’ai  grandi et dont je connais bien  les difficultés.

     

    Le Flambeau : Depuis quand vous vous êtes lancé dans ce projet et comme bien de salles de classes sont à votre actif ?

    Monsieur Traoré : J’ai commencé cette initiative, il y’a de cela 8 ans. J’ai commencé en 2003 avec 9 salles de classe dans mon village paternel où il n’y  avait pas d’école à l’époque.  Ensuite, j’ai construit à Dafara en 2009  3 salles de classe et aujourd’hui 3 encore dans mon village maternel (Massako).  J’ai aussi construit des endroits d’assistance aux petits enfants dans plusieurs  villages.

     

    Le Flambeau : d’où proviennent tous ces fonds pour la construction de ces salles de classe?

    Monsieur Traoré : De mon fonds propre.

     

    Le Flambeau : En tant que malien de l’extérieur, comment voyez-vous l’état de notre éducation ?

    Monsieur Traoré : Je crois que tous les maliens sont d’accord sur le fait que le niveau de l’école malienne a vraiment  chuté. Mais, le problème  est que les enseignants des établissements publics ne sont pas autant motivés. Quand on fait un travail et que l’on n’est pas motivé, ça pousse souvent à ne pas donner le mieux de soi-même. Cette réalité cause beaucoup de problèmes aux enfants. Notre pays doit tout mettre en œuvre pour accéder  à un enseignement de qualité. Sinon, il faut être franc,  l’éducation malienne n’est plus compétitive. La fraude s’est emparée du système et les examens n’ont plus de crédibilité. Les enfants ont perdu l’orgueil du travail et ont plus confiance à la fraude qu’au travail.

     

    Le Flambeau : Avez-vous un partenariat fécond  avec le gouvernement dans vos  initiatives ?

    Monsieur Traoré : Je n’ai aucun partenariat avec le gouvernement, ce sont des initiatives personnelles que je prends moi-même. Je crois tout simplement que lorsqu’un fils du pays réussit dans la vie, il doit partager son bonheur avec tout le pays. C’est cette culture de partage et de solidarité qui m’anime et me pousse à aider mes frères et sœurs qui sont dans le besoin. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tous mes projets sont destinés au monde rural.

     

    Le Flambeau : Quel est votre conseil à l’endroit des jeunes maliens qui prétendent aller à l’aventure ?

    Monsieur Traoré : Personnellement,  je trouve que l’immobilisme est très dangereux pour nos jeunes. L’aventure est une expérience très importante, parce qu’on ne peut pas tout savoir quand on reste chez-soi. Le Mali a certes assez de cultures, mais  on peut aussi trouver ailleurs d’autres  styles de vie et de modèles de travail. Ce qui est souvent  très important pour l’homme.  Je demande aux jeunes qui vont à l’étranger de comprendre, qu’ils ne sont pas obligés de rester là-bas.  Il faut revenir souvent au pays, investir et contribuer au développement.

     

    Le Flambeau : Merci Monsieur Traoré,  quel est votre dernier mot à l’endroit de nos aimables lecteurs et lectrices ?

    Monsieur Traoré : Mes derniers mots vont à l’endroit de la jeunesse, je les invite au courage et au travail. Ces vertus sont  indispensables dans la vie d’un homme. Nous savons tous  que la jeunesse est l’avenir d’un pays, donc la jeunesse malienne doit être une jeunesse dévouée, courageuse et consciente. Elle doit croire à ses propres chances. Nous sommes dans un pays merveilleux, la démocratie est une chance pour la jeunesse d’aujourd’hui.  La jeunesse doit s’engager vaillamment sans être esclave de patience et oublier d’attendre quoi que ce soit de qui que ce soit, elle doit seulement demander des conseils auprès des ainés.  Pour finir, je dirais que l’éducation doit être un privilège voire un chemin de réussite pour toute la jeunesse malienne. Je le dis  avec le cœur ouvert car seul travail paie et libère l’homme dans cette vie. Les jeunes doivent lutter contre la culture de la paresse et  de la facilité. Je vous remercie pour le combat que vous menez pour l’école malienne tout en vous encourageant à y persévérer.

     

     

     

    MAIGA FOUSSEYNI &

     

    SEYDOU KARAMOKO KONE


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