Mise en œuvre de l’accord pour la paix : L’ONU tape du poing sur la table, le Kôtèba politique continue !

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Le Conseil de sécurité de l'ONU, à New York
Le Conseil de sécurité de l'ONU, à New York, le 29 août 2018. © REUTERS/Andrew Kelly

Après la remise d’un rapport sur la situation générale du processus de paix au nord malien, l’ONU a prorogé d’un an le régime de sanctions visant des personnes entravant la résolution de la crise. Une décision qui prouve, encore une fois, que la mauvaise foi des groupes armés et, aussi quelque part, la nonchalance de l’Etat malien, sont les principales causes de l’ensablement de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

Que dit la communauté internationale sur le processus de paix ? D’abord, nous apprenons toujours que le Mali est sous tutelle et que la France semble être notre Papa sur le plan international. Cela peut paraitre révoltant, mais tout de même assez logique, puisque le pays fut incapable de se gérer lui-même. Ainsi donc, selon l’ambassadrice adjointe de la France à l’ONU, Anne Gueguen, « le temps des avertissements est terminé ». Elle a ajouté également que la France propose au plus vite « la désignation des responsables intermédiaires des groupes armés qui nuisent volontairement  à la mise en œuvre de l’accord par leurs liens avérés avec des activités criminelles ou terroristes » au titre des régimes de sanctions. Néanmoins un problème demeure. Pour punir les contrevenants, le comité des sanctions où siègent les quinze membres de l’ONU doit être unanime. Or, l’on se rappelle qu’il y a un an, lors de la création du régime général des sanctions à l’initiative de Paris, la Russie et la Chine avaient émis de sérieuses réserves sur l’idée.

En début du mois d’aout, un autre rapport de l’ONU citait Alkassoum Ag Abdoulaye, chef d’état-major de la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA), comme personne susceptible d’être sanctionné. Il est accusé d’avoir participé à deux attaques contre les forces armées maliennes en 2017 et 2018. Notons aussi que les experts ayant rédigé ledit rapport mentionnent « une répétition inquiétante de violations des droits de l’homme des civils par des forces de sécurité lors d’opérations contre des terroristes ». Chose que l’Etat malien a reconnu.

Pour le bien du Mali, ce régime de sanctions doit entrer en vigueur au plus vite. La communauté internationale est la seule entité, à l’heure, capable d’user de la contrainte pour la bonne application de l’Accord pour la paix et la réconciliation signé depuis mi 2015.

La Kôtèba politique, ça suffit ?

Alors que tous les yeux sont tournés vers la crise politique qui prend de l’ampleur, jour après jour, depuis le second tour de la présidentielle, la communauté internationale, par cette décision, vient nous rappeler à l’essentiel. Au sud du pays, l’on oublie parfois que le Mali est un pays en crise, en guerre même, et qu’il faut, à tout prix, pacifier le nord pour lutter efficacement contre le terrorisme, sans perdre de vue, la pérennisation de nos frontières. Hélas, la comédie politique qui se joue en ce moment opère comme une épaisse brume qui altère notre lucidité patriotique. Il est grand temps que la classe politique rentre dans les rangs. Peu importe qui est gagnant ou perdant de la présidentielle dans un contexte où l’existence même des institutions de la République est menacée. Même si le camp présidentiel n’avait pas besoin de tripatouiller le résultat des votes du nord malien pour gagner ; et même si l’Opposition a tort de décrier les conditions d’organisation du scrutin, puisqu’ayant connaissance de ces lacunes, a bien voulu prendre part à la compétition. Certainement qu’elle devait tout simplement boycotter ses présidentielles pour garder sa crédibilité.

Ahmed M. Thiam

thiam@journalinfosept.com

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