De très laborieuses discussions ont eu lieu, ce weekend, entre l’ex-junte, la Société civile et la classe politique malienne à Ouagadougou pour fixer la durée de la transition et tenter d’esquisser une sortie de crise dans le Nord, coupé du reste monde depuis sa prise par des groupes armés. La rencontre a réuni des représentants de la classe politique, des acteurs de la Société civile, des responsables religieux et une délégation de la junte militaire conduite par le colonel Moussa Sinko Coulibaly, directeur de cabinet du capitaine Amadou Haya Sanogo. Les participants étaient environ une centaine de personnes.
La durée de la transition est l’une des pommes de discorde, après l’investiture, jeudi, du président par intérim, Dioncounda Traoré, installé après le retrait des putschistes qui ont renversé le 22 mars 2012 le président Amadou Toumani Touré. Son intérim doit durer 40 jours, selon la Constitution du 25 février 1992.
L’accord politique obtenu par la CEDEAO prend acte de l’impossibilité de dépasser ce délai. Des partisans de l’ex-junte souhaitent que les putschistes d’hier prennent la relève à l’issue de cette période. Mais, le front anti-junte (FRD) veut que le nouveau président dirige une transition de 12 ou 15 mois que clôtureront des élections présidentielles et législatives.
Un Premier ministre doté de «pleins pouvoirs» doit être désigné à la tête d’un gouvernement «d’union nationale». Ainsi, le président du Faso a appelé le peuple malien à s’investir à côté de la transition pour la consolidation de l’Etat de droit, le respect des valeurs républicaines et la préservation de l’intégrité territoriale du pays.
A l’ouverture de la cérémonie, le président Blaise Compaoré a indiqué qu’il est impérieux d’œuvrer à rassembler toutes les parties, à les mobiliser autour des objectifs de la transition. Selon le médiateur dans notre crise, cette rencontre avait pour but de parachever la mise en œuvre de l’accord signé entre la Cedeao et la junte militaire et également d’élaborer une approche de sortie de crise au Nord Mali.
Dans son discours d’ouverture, Blaise Compaoré a remercié les leaders religieux, les acteurs sociopolitiques qui ont apporté leurs concours pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Il a, par ailleurs demandé aux acteurs politiques et sociaux à s’entendre pour la nomination d’un Premier ministre de consensus, la formation d’un gouvernement d’union nationale, l’organisation d’élections libres et transparentes. Il leur a, aussi, recommandé de s’impliquer dans le processus de rétablissement de l’intégrité territoriale du Mali.
Les débats se sont poursuivis à huis clos et ont pris fin peu avant 20h, dans une ambiance empreinte de courtoisie entre les parties prenantes et le médiateur. A l’issue de la première journée de discussions qui se sont poursuivis dimanche, Homeny B. Maiga, président de l’Assemblée régionale de Kidal a affirmé, devant les médias que le mouvement islamiste Ansar Dine, qui contrôle la région avec d’autres groupes armés, était d’accord pour l’ouverture d’un corridor humanitaire pour secourir les populations victimes.
Avant d’ajouter : « Mais ils veulent savoir l’origine de l’aide, ils ne veulent pas l’aide venue de la France ou des Etats-Unis ». Soumaila Cissé, qui était l’un des favoris à la présidentielle qui devait avoir lieu au Mali le 29 avril, a affirmé que : «l’important, c’est qu’on a eu l’occasion de se parler, de tirer les leçons de ce qui s’est passé et de dire: plus jamais ça ». Plus tard dans la soirée, Blaise compaoré a reçu en audience un émissaire du roi Mahomed VI. A sa sortie, l’envoyé spécial du roi du Maroc a dit : «Je suis porteur d’un message de soutien de sa majesté, aux efforts que fait la CEDEAO pour résoudre le conflit malien, parce que c’est un conflit qui nous intéresse beaucoup. La stabilité et la sécurité de la région est une chose fondamentale pour le développement de nos pays. Nous avons vu que la CEDEAO a fait un excellent travail de médiation. Il y a de bons résultats qu’il convient d’encourager et de soutenir». Un communiqué final, marqué par une feuille de route, a sanctionné la rencontre hier dimanche 15 avril 2012.
Rokia Diabaté
Envoyée Spéciale à OUAGA