Mauritanie : La vengeance d’Al Qaïda

0

La rançon de la mort, instituée par l’Europe égocentrique, est une caution du terrorisme et de la criminalité internationale.

Faut-il être grand clerc pour comprendre le lien entre la libération des deux humanitaires espagnols contre le paiement d’une rançon et l’attentat heureusement avorté visant une caserne de la ville de Nema, située à 1.200 Km au sud-est de Nouakchott ? 

La rançon de la mort, instituée par l’Europe égocentrique, est une caution du terrorisme et de la criminalité internationale qui se présente en menace contre la paix, la stabilité et le développement du Sud.

L’attentat à la voiture piégée, déjouée in extremis, véhicule le sentiment de vengeance de l’Aqmi (El Qaïda au Maghreb islamique), confortée dans sa vocation subversive et prédatrice. Il intervient, au lendemain de la libération des ressortissants espagnols, en représailles contre le raid franco-mauritanien mené, le 22 juillet, contre les bases de l’Aqmi, au Mali, qui avait justement pour but d’ «empêcher une attaque contre la garnison militaire de Bassikounou» et qui a fait 7 morts dans les rangs de l’organisation terroriste.
Deux chefs opérationnels d’Aqmi figurent parmi les morts. L’un d’entre eux était chargé des opérations militaires contre la Mauritanie. Ils appartenaient à la katiba —«le camp»— de Yahya Abou Hammam, commanditaire de l’enlèvement d’un couple italo-burkinabé aux confins du Mali, en décembre dernier.

En signe de  vengeance, El Qaïda a procédé, 3 jours plus tard, à l’exécution de l’otage français, Michel Germaneau. Mais, fondamentalement, la guerre sans merci est engagée dans la région sahélienne vouée à l’insécurité pour promouvoir le trafic en tous genres : les cigarettes américaines, la drogue, la migration illégale et le rapt des ressortissants étrangers. La Mauritanie qui appelle à la vigilance et à la mobilisation de tous les moyens milite également pour une criminalisation de la rançon.

C’est le Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, en représentant du président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, qui avait demandé aux dirigeants africains d’adopter une résolution condamnant le terrorisme et interdisant le versement de rançon.

La bataille pour le contrôle du Sahel est lancée. Sera-t-elle seulement une affaire mauritanienne?
Horizon, quotidien national d’Informations

L’AQMI : la Mauritanie seule au front    

24 heures après l’enlèvement de 7 otages dont cinq français au Niger, la Mauritanie déclenchait une opération planifiée d’avance contre des bases terroristes au Mali. Decryptage.
 
Depuis vendredi, la Mauritanie méne des combats intenses contre des bases d’AQMI installées dans le nord malien. Selon les informations, l’Etat malien a, dans un premier temps, refusé de prendre part aux opérations, avant de se résoudre, deux jours après le début des hostilités, d’envoyer des gendarmes dans la région visée pour assurer «la sécurité des civils ». Quant à l’Algérie, informée à la fois par les mauritaniens, ainsi que par  les services  français et américains, officines à  l’origine des informations faisant état d’une attaque imminente contre des positions mauritaniennes, elle a pris acte sans commentaires. Même passivité de la part du   Niger où 5 français et deux africains ont été enlevés en fin de semaine.  La France qui avait pris part à l’attaque avortée du 22 juillet pour la libération d’un otage, finalement exécuté par Al Qaida, s’est montrée hésitante depuis vendredi, avec plusieurs communiqués déclamant sa neutralité. Un revirement semble être opéré toutefois depuis dimanche avec l’envoi au Niger de 80 éléments des forces spéciales dont la mission, taillée sur mesure, se résume à la seule  recherche des otages.

Bref, la Mauritanie se retrouve seule aux premières lignes d’une guerre contre un terrorisme qui se déplace dans un couloir allant du Nord du Mali au Sud de l’Algérie et du Nord du Niger à la Somalie. L’éphémère commandement unifié de Tamanrasset signé en avril dernier entre les Etats sahéliens  n’aura pas tenu le temps d’un printemps. Car, aujourd’hui, les divergences sont manifestes entre l’Algérie, qui entendait asurer un leadership dans la lutte contre le terrorisme sans ingérence étrangère  et la Mauritanie, alliée à la France, et  qui ne veut surtout pas qu’une partie de son territoire tombe aux mains des  terroristes.  Les relations ne sont pas aussi au beau fixe entre Nouakchott et Bamako. En effet, la visite prévue du président mauritanien lors des festivités du cinquantenaire du Mali ainsi que le  retour ,  en cette mi-septembre, de l’ambassadeur mauritanien à Bamako et-ce après huit  mois de brouille, consécutifs à la décision malienne de libérer, fin fèvrier,  des terroristes en échange de quelques otages français, ne veut pas dire que les deux pays sont sur la même longueur d’onde quant à l’approche à adopter face aux terroristes. Le Président ATT qui boucle ses tous derniers mois au Palais Koulouba n’entend pas faire empirer les relations déjà délétères avec les tribus Touarégues et certains  chefs de guerre aux rôles ambigus dans les prises et les négociations pour la libération des otages. Mais jusqu’où cette neutralité pacifique alourdira ou allégera-t-elle  le bilan de 8 années de pouvoir de l’actuel président malien ?
Mohamed B Fall, la Tribune

Commentaires via Facebook :