Mali: la parole qui libère

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La déclaration d’IBK du vendredi 18 Août 2017 a libéré le peuple malien jusqu’alors tenu en haleine par un sujet qui a eu le mérite de lever un coin de voile sur deux questions essentielles : le poids des Sages dans le processus de décision et l’efficacité du bouclier présidentiel. Le premier est réel et peut encore évoluer, la seconde doit être améliorée.

LE POIDS DES AUTORITES COUTUMIERES ET RELIGIEUSES
Le débat sur le référendum constitutionnel a été utile à plus d’un titre parce qu’il a finalement quitté le champ étriqué et malsain des joutes politiciennes pour descendre dans la vallée plus fertile des organisations de la société civile. Deux blocs distincts se sont constitués autour du projet avec les partisans « An Sonna » et les adversaires « An Tè ». Entre les deux, la chefferie traditionnelle et les autorités religieuses vont aider l’arbitre central pour une fois secoué mais imperturbable, à prendre la bonne décision qui va libérer tout un peuple. Ceux qui pensent qu’IBK a cédé sous le coup de l’ultimatum sont loin du compte. En effet, comprenant que l’impasse n’est pas loin avec la déclaration de la CMA, il a réussi un coup politique en trois temps : commencer par rencontrer les Sages qui vont préparer le terrain et les esprits, recevoir ensuite la plateforme du refus dont les Sages auront au préalable obtenu qu’elle renonce à son ultimatum, proposer enfin le sursis au referendum et en informer officiellement les partisans du OUI qui entrent tout naturellement dans le jeu. La première leçon à en tirer est la confirmation de la nécessité de la présence des Sages dans le processus de décision comme cela est prévu dans le projet de texte. La seconde est qu’IBK malgré la bourrasque, est resté débout et fidèle à ses principes, ne manifestant ni frilosité, ni complaisance. En définitive, personne n’a perdu la face et c’est tant mieux pour tout le monde. Campant dans le rôle du bon père de famille, le président garde certes la main, mais ce qui s’est passé est suffisamment révélateur d’un dysfonctionnement institutionnel et d’un malaise social latent.

DYSFONCTIONNEMENT ET MALAISE SOCIAL
Même si le référendum projeté n’avait pas un caractère révocatoire, le président de la république n’en mettait pas moins en jeu sa crédibilité et il devait être mieux protégé contre certaines attaques prévisibles. Or, on n’a pas le sentiment que toutes les dispositions ont été prises. Si les séances d’écoute de ces derniers jours avaient précédé l’étape de l’Assemblée Nationale, on aurait pu faire l’économie de toutes ces frayeurs vécues par les populations. En outre, certains ont fait preuve de zèle en créant de toute pièce une « affaire Ras Bath », contribuant à biaiser lourdement le débat. Mais diantre, qu’a bien pu dire Ras Bath qui n’ait jamais été dit au Mali ? Il y a peu, un jeune prédicateur musulman s’est violemment attaqué à ATT alors président de la république, Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée Nationale, Modibo Sidibé, premier ministre, ainsi qu’à des ministres et députés, appelant ouvertement au meurtre, sans que personne lève le petit doigt. Dans quel commissariat de police ou dans quel tribunal l’a-t-on convoqué ? A-t- il jamais été jugé ? Et que dire du cas de tous ceux qui ont fait de notre armée nationale jadis respectée et crainte, une armée des ombres condamnée aux replis stratégiques ? Ils ne sont ni poursuivis, ni même inquiétés malgré leur forfaiture. Pourquoi des jeunes gens désespérés et déçus qui se défoulent en criant leur ras-le-bol bien compréhensible seraient-ils voués aux gémonies? Quand on hérite d’une république en déconfiture au bord de l’implosion, il faut faire attention à certains choix.

Dans cette crise du referendum, IBK a été très tôt exposé et facilement mis en situation de vulnérabilité. On ne peut cependant le présenter comme une victime innocente car devant son peuple, il reste responsable du choix de ses collaborateurs et de la stratégie.
Mahamadou Camara
Email : camara.mc.camara@gmail.com

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3 COMMENTAIRES

  1. Ibk n’était il pas au fait de “cette république en déconfiture au bord de l’implosion”?
    Peut on parler d’une situation meilleure quatre ans après l’accession d’Ibk au pouvoir?
    Si Ibk n’a pas cédé à la pression pourquoi a t’il laissé les partisans du OUI continuer leurs gesticulations ridicules malgré le rejet de la cour constitutionnelle de la première mouture?
    L’échec de la présidence Ibk n’était il pas prévisible à cause de sa connexion aussi bien avec les officiers supérieurs amis des putschistes SANOGO qu’ avec les escrocs prêcheurs musulmans qui ont un moment pensé qu’ ils ont la réalité du pouvoir?
    La source de la déconfiture de notre république se trouve dans l’incapacité de nos hommes politiques à intégrer dans leurs attitudes l’intérêt supérieur de la nation.
    CHACUN POUR SOIT,DIEU POUR TOUS est la devise adoptée.
    ATT,lui-même,l’ avait formulé autrement en langue vernaculaire:chacun est supporté par sa maman,tant pis pour ceux qui n’en ont pas.
    La maman c’est un haut placé.
    L’ÉTAT a disparu pour laisser la place à plusieurs morceaux de clan.
    Plusieurs milliers de jeunes qui n’ont pas de “maman “sont obligés de soit passer leurs temps à boire du thé dans les grins,soit prendre le chemin de l’extérieur.
    L’arrivée d’ IBRAHIM BOUBACAR KEITA correspond à la venue d’un des clans au pouvoir perpétuant la pratique de AMADOU TOUMANI TOURÉ.
    Les orphelins de la république se sont organisés pour créer la plateforme ANTÈ A BANNA qui a empêché le clan d’Ibk à confisquer le pouvoir par cette révision constitutionnelle.
    C’est tellement vrai qu’ il l’a fait à une heure de la fin de l’ ultimatum.
    Les orphelins ont décidé de ne plus se contenter de boire du thé ou de choisir le chemin de l’ aventure,mais de se BATTRE.
    Une nouvelle république pour mettre fin à cette façon de favoriser les membres du clan est la seule solution pour AIDER ces orphelins.
    Qu’ on mette tout le monde au même point d’égalité.
    Que la république s’impose.
    Que les musulmans ne soient pas favorisés parce qu’ ils sont majoritaires,sinon on donnera automatiquement le pouvoir au peul parce qu’ ils sont,de loin,majoritaires dans ce pays.
    La république ne favorise ni un parent,ni une religion,ni une race..
    La république favorise l’égalité.
    Ibk est loin d’incarner les valeurs de la république.
    Ce qui explique largement aujourd’hui sa situation humiliante.
    Comme ça été le cas avec ATT.
    LE PEUPLE MALIEN EST À LA RECHERCHE D’UN VRAI RÉPUBLICAIN.

    • Excellente remarque Sangaré vous avez tout dit. Les maliens doivent apprendre a se dire vérité en face et sans masque.

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