Dans un rapport, publié ce mardi 15 mars, Human Rights Watch dénonce de nouvelles exactions contre des civils au Mali, mettant en cause d’une part les groupes armés terroristes et d’autre part les forces armées maliennes. L’ONG recommande aux autorités maliennes d’enquêter et de punir les responsables de ces crimes.
L’ONG de défense des droits de l’Homme rapporte ainsi de nombreux témoignages de personnes, sans citer leurs noms, ayant subi ou assisté à des scènes de maltraitance et d’exécutions sommaires. Les faits sont souvent rapportés avec une précision des lieux où les civils ont été exécutés. Il s’agit notamment de l’exemple du hameau de Danguèrè Wotoro, situé à environ 11 kilomètres de Diabaly, dans la région de Ségou, où des témoignages dans le rapport indiquent la découverte d’un charnier contenant 35 cadavres calcinés. « J’ai vu des traces de pneus et de motos et le bouchon d’un bidon plastique de 20 litres qui sentait le gasoil frais. Les corps étaient allongés en plusieurs groupes, sous des arbres, en plein soleil. La tête de certains semblait indiquer qu’ils avaient reçu une balle, d’autres avaient la poitrine perforée. Leurs vêtements étaient brûlés et certains avaient les mains liées et les yeux bandés », rapporte un témoin dans le rapport de HRW.
L’ONG pointe directement dans son rapport la responsabilité de l’armée malienne dans ce qu’il a qualifié « d’exécutions extrajudiciaires commises lors d’opérations antiterroristes ». Il y a quelques jours cependant, l’Etat-major de l’armée malienne a qualifié ces accusations d’exécutions sommaires, commises à Danguèrè Wotoro, « de fausses informations propagées avec l’unique l’objectif de discréditer les forces armées maliennes ». La hiérarchie militaire avait d’ailleurs annoncé l’ouverture d’une enquête pour situer la responsabilité afin d’engager des poursuites contre les auteurs de ces crimes ignobles.
Human Rights Watch fournit, dans son rapport, le bilan précis des violences commises au Mali, entre décembre 2021 et mars 2022. Selon l’ONG de défense des droits de l’homme, environ 107 personnes ont ainsi été exécutées de façon extrajudiciaire, en l’espace de quatre mois, soit par l’armée, soit par les groupes armées djihadistes, dans le centre et le sud-ouest du Mali. Pour Human Rights Watch, les GAT se seraient rendus coupables de l’exécution de 32 personnes début décembre, entre Songho et Bandiagara, les 32 passagers d’un bus qui ont été mitraillés avant de mettre le feu à leur véhicule.
Toujours selon Human Rights Watch, les témoignages recueillis évoquent la présence “d’hommes blancs”, parmi les militaires maliens sur le front. Ces témoignages du rapport indiquent ainsi qu’en mi-janvier à Feto et Wouro Gnaga, dans la région de Ségou, cinq civils, dont deux personnes âgées, ont été tuées. Des hommes blancs avaient été aperçus parmi les auteurs de cette forfaiture.
Le rapport de HRW recommande aux autorités maliennes d’ouvrir une enquête pour punir les responsables.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net