Lutte contre l’enrichissement illicite : Entre l’OCLEI et le Syntade, le bras de fer est-il relancé ?

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L’Office Central de Lutte Contre l’Enrichissement Illicite cristallise la controverse, s’attire de plus en plus les projecteurs au point de ravir le zèle à tous les autres instruments répressifs de la criminalité à col blanc. Au cœur de l’actualité depuis le sulfureux rapport inachevé sur le secteur de l’éducation, les équipes du magistrat Moumini Guindo ne démordent pas pour autant. Elles n’observent aucun répit, ni ne comptent s’arrêter en si bon chemin. Il nous revient de bonne source, en tout cas, que leur ardeur à la besogne est sur le point d’être poussée jusqu’à la détermination à en découdre de nouveau avec le puissant syndicat de l’administration. Il s’agit du Syntade avec lequel les autorités avaient précédemment désamorcé de justesse une crise sur fond de contestations de la machine de lutte contre l’enrichissement illicite. On se rappelle, en effet, que sous la houlette de Yacouba Katilé, son Secrétaire général et non moins Secrétaire général de l’incontournable centrale UNTM, le front syndical de l’administration avait vigoureusement protesté, en son temps, contre ces rapports qu’il juge biaisés par leurs orientations et centres intérêts. Les dénonciations avaient trait, en outre, au caractère bancal de la loi sur l’enrichissement illicite quant à la sélection arbitraire des catégories professionnelles astreintes à la déclaration de biens exploitable par l’OCLEI. Allusion était faite notamment aux parlementaires, entre autres élus, ainsi qu’aux membres de la famille judiciaire soigneusement épargnés alors que nombre d’entre eux se distinguent par l’exorbitance de leurs signes extérieurs de richesse.

Du reste, les réserves et récriminations du monde syndical figuraient en bonne place dans diverses plateformes revendicatives et mots d’ordre de grèves finalement désamorcées. À défaut donc d’une relecture de la loi pour la rendre plus inclusive et extensive, la frange dominante du front social n’avait baissé la garde qu’en échange d’un gage d’assouplissement, par les autorités, des délations spectaculaires et harcèlements orientés de l’OCLEI contre leurs syndiqués. C’est dans le cadre de cet accord tacite et restrictif des compétences de l’Office que les deux parties entretiennent un modus vivendi, qui en est probablement pour beaucoup dans l’accalmie observée sur le front social pendant cette Transition. Cette paix des braves, toutefois, est en passe de voler en éclats avec un nouveau bras de fer latent entre l’OCLEI et un maillon très sensible de l’administration malienne, au sujet notamment de l’accès aux données domaniales et foncières. De sources concordantes, en clair, les fouineurs de Moumini Guindo, en voulant pénétrer le secret de certaines propriétés, se sont récemment heurtés à la ferme opposition du syndicat des domaines. Contrairement à une idée insidieusement répandue, la Direction des Domaines n’y est pour rien. Nos recoupements indiquent que la responsabilité des Livres Fonciers relève exclusivement du Chef Bureaux en charge des domaines et du cadastre. Il ressort des mêmes recoupements, en revanche, que derrière les obstacles qui se dressent devant l’OCLEI se trouve plutôt la main à peine voilée du Syntade, pour qui les incursions dans les données personnelles s’assimilent à un subtile contournement des réticences à la déclaration de biens.

Quoi qu’il en soit, le malaise intervient dans la foulée d’un précieux moratoire quinquennal que les autorités de transition viennent d’arracher au front social – et dont l’observance pourrait dépendre de la gestion de cette nouvelle crise en gestation.

A. KEÏTA

 

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