Les Ulémas d’Afrique étaient en conclave au Centre International de Conférence de Bamako les 8, 9 et 10 juillet 2011. Au centre des débats, le rôle des ulémas dans la consolidation de la paix. Une des conclusions fortes de la rencontre est la sensibilisation des populations de la bande sahélo- saharienne sur le vrai visage de l’islam.
En recevant le congrès constitutif de l’association des ulémas d’Afrique et en orientant l’essentiel des débats sur le terrorisme au nom de « l’islam » dans la bande sahélo-saharienne, le Mali a en fin, décidé d’intégrer le volet prêches sur l’islam tolérant et ouvert dans la lutte contre le représentant du réseau Al Qaïda au sahel qu’est AQMI. Ainsi, votre hebdo en ligne, le « Lafia Révélateur » qui a toujours publié des articles réclamant la prise en compte des prêches sur l’islam tolérant et ouvert dans la lutte contre AQMI, a été entendu par les plus hautes autorités du Mali. Pour rappel, entre autres articles que nous avons publiés, celui du 1er juin 2011titré : Comment peut-on vaincre définitivement AQMI ? Dans cet article, nous avions expliqué que la lutte contre AQMI nécessite la mise en place de trois stratégies qui sont les suivantes : une guerre idéologique, une guerre pour le développement et la lutte armée. Nous avions surtout privilégié la guerre idéologique qui doit être selon nous le moteur de la lutte contre AQMI. Nous nous étions référés sur une phrase du célèbre islamologue Suisse d’origine égyptienne, Tariq Ramadan qui a affirmé lors d’une de ses conférences : « il ne s’agit pas d’aller tuer le jeune qui détient l’arme dans les montagnes pour mettre fin au fondamentalisme, à l’extrémisme religieux ; il faut plutôt chercher à identifier l’idéologue-recruteur qui est parmi nous en train de prêcher le radicalisme religieux. C’est lui le plus dangereux qu’il faut mettre hors d’état de nuire pour lutter efficacement contre le réseau Al-Qaïda. .. Vous tuez aujourd’hui un jeune militant d’Al-Qaïda, demain le recruteur enrôle deux nouveaux jeunes ».
Lors de la rencontre des ulémas d’Afrique, le Président ATT qui a présidé la cérémonie d’ouverture a déclaré en substance que : « … ceux qui ont pris des armes et tuent d’autres musulmans le font au nom de l’islam…, il vous revient (ulémas) de répondre par l’islam en faisant savoir que l’islam est tolérant… » La donne est désormais claire, le Mali après avoir engagé la lutte armée en collaboration avec la Mauritanie, vient d’entamer la lutte idéologique qui est, à notre avis la plus importante et la plus efficace contre des réseaux comme AQMI. Faudrait-il maintenant qu’une stratégie bien adaptée soit définie et mise en œuvre par le plus grand sérieux et la plus grande rigueur. Car l’erreur est interdite dans ces genres de situation.
M’pè
Contribution au volet prêches de lutte contre AQMI :
Comme contribution, nous republions en intégralité un de nos articles du 8 juin 2011. Car cet article essaye d’orienter le PSPSDN dans la définition d’une stratégie dans la mise en place du volet prêches sur l’islam tolérant et ouvert. Lisez !
Comment vaincre AQMI ?
Ce que doit faire le PSPSDN !
Le Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement dans le Nord (PSPSDN) n’a pas prévu dans ses actions à mener un volet prêches. Or, ce dernier volet est un passage obligé pour réussir la lutte contre tout extrémisme religieux comme c’est le cas d’AQMI. Le PSPSDN doit donc inclure ce volet dans ses activités.
Le PSPSDN est une initiative des hautes autorités de la République du Mali dont la mise en œuvre doit réduire, voire éliminer l’insécurité sous toutes ses formes dans le nord du Mali. Ce programme dans sa conception initiale peut justement contribuer à sécuriser le nord du Mali s’il est mis en œuvre tel que prévu.
Pour rappel, le PSPSDN prévoie d’assurer une plus grande présence de l’ETAT sur le terrain à travers la construction de préfectures, de sous préfectures, de garnisons, de camps militaires et de postes de contrôle. Parallèlement à la présence de l’Etat, des actions de développement seront en même temps enclenchées qui vont de la réalisation d’infrastructures sociales de base (écoles, centres de santé, coins d’eau potable) à la mise en œuvre de projets pouvant juguler le problème du chômage des jeunes dans cette partie du pays.
Mais ce qui a manqué aux concepteurs du PSPSDN, c’est de savoir qu’AQMI est avant tout un réseau jihadiste musulman. AQMI est donc partisane de l’islam radical, extrémiste. Il n’est caché à personne que cet islam a ses discours, ses théories au sein de l’islam. Et c’est ces discours, ces théories que les idéologues d’AQMI prêchent dans nos villes, villages et fractions pour recruter les jeunes. Toutes ces personnes qui sont dans les réseaux jihadistes, ne sont pas toujours là par nécessité ; ils sont généralement là parce qu’ils ont été convaincus. Parce qu’ils croient intimement au fond d’eux-mêmes qu’ils sont sur le bon chemin.
Le rôle des prêches dans la lutte contre les réseaux jihadistes, c’est justement opposer une autre vision de l’islam. Cette fois-ci tolérante et ouverte acceptant tout le monde tel qu’il est.
Pour contrer les discours des idéologues d’AQMI, le PSPSDN doit, dans un premier temps, former un noyau de prêcheurs sur l’islam ouvert et tolérant. Toutes les communautés, toutes les ethnies doivent être représentées dans ce noyau. Dans un second temps, enregistrer des prêches sur l’islam ouvert et tolérant sur des cassettes dans toutes les langues du pays qui seront distribuées aux radios de proximité en fonction des langues parlées dans leurs zones d’écoutes. Ces cassettes seront diffusées et rediffusées sur les antennes des radios. En même temps, le noyau de prêcheurs doit être mis sur le terrain pour faire des prêches de villes en villes, de villages en villages, de fractions en fractions. Dans un troisième temps, en fin, inviter des célèbres islamologues internationaux de temps en temps pour qu’ils donnent des conférences dans les centres urbains. Ainsi, une autre vision de l’islam sera forgée.
M’pè
