Lutte contre AQMI : Les 5 péchés capitaux de la France au Sahel

0

Deux opérations militaires en vue de libérer des otages français ponctuées d’échecs ; une décision très contestée visant  à rendre les pays du Sahel infréquentables ; deux otages français tués à la suite d’une opération militaire très controversée; la guerre en Libye et ses corollaires et enfin, l’envoi d’armes lourdes et stratégiques aux insurgés libyens. Voilà d’un trait, les cinq péchés capitaux de la France au Sahel.

A propos de la Libye, le Général français  Général Desportes, a récemment fait une déclaration certes acerbe, mais pleine de relents : «  Les leçons de l’histoire n’auraient pas été tirées : Nous sommes partis en Libye comme les Américains en Irak en 2003 en estimant que notre puissance létale suffirait aisément à produire des résultats politiques… Il semble subsister en France, parfois à très haut niveau, une méconnaissance de ce que sont vraiment la guerre et la stratégie”.

Nous sommes de ceux qui croient aujourd’hui en cette lecture des événements aussi bien en Libye que dans le Sahel tout entier. Quelques faits nous réconfortent.

En juillet 2010, une opération militaire franco-mauritanienne visant à libérer l’otage français Michel Germaneau fut soldée par un échec. Le prisonnier fut, par la suite exécuté par ses ravisseurs. Aqmi imputa alors cette sentence à la France. Des voix autorisées s’élevèrent dans ce pays pour dénoncer l’opération militaire qui aurait visiblement anticipé les événements.

Mi-janvier 2011 : côté français, l’on reprit les mêmes ou presque, et rebelote ! Dans une autre tentative de libération des otages, Vincent Delory et Antoine de Léocour, deux français  enlevés au Niger, furent abattus. L’un, probablement par des tirs français. L’ordre d’attaquer a été donné depuis l’Elysée.

Aujourd’hui, le parquet a ouvert une enquête.  On retiendra que la première version officielle de Paris a été l’exécution des deux otages par leurs ravisseurs. L’autopsie a prouvé qu’un seul a succombé par suite d’un « tir à bout portant ». L’autre présentait des traces de brûlures. Deuxième méprise de la France !

A l’heure actuelle, au moins quatre français (des salariés d’Areva et Vinci enlevés au Niger) sont toujours  détenus au Sahel. Ils ont été kidnappés dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010. Ils seraient toujours vivants mais nul n’est à mesure de les localiser.

On retiendra cependant pour la petite histoire que les terroristes d’Al Qaïda ont cautionné leur libération au retrait de la France et des troupes hexagonales d’Afghanistan.

Simple coïncidence ou solution négociée: la France et les troupes hexagonales citées par Al Qaïda ont aujourd’hui entamé leur retrait définitif d’Afghanistan. Et… Ah, il paraît qu’on ne négocie avec les terroristes !  Il s’agirait donc d’un hasard de calendrier. En tout état de cause, les élections ne sont pas loin de part et d’autres  et gare et aux maladresses !

Vu sous ce prisme, il ne serait pas étonnant que l’on reprenne l’initiative des négociations, juste là où elle a été abandonnée, c’est-à-dire après la libération de cet autre français, Pierre Camatte grâce à l’implication personnelle du président malien, lequel, soit dit en passant, n’est pas à son premier succès. Les visites du  ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé et du commandant des forces françaises au Cap Vert (région de Dakar), le général Paulus Olivier, dans la région (Mali, Niger, Mauritanie, Algérie) ne seront certainement étrangères à cette perspective.

En attendant, voilà que la France, encore elle, engage une autre guerre en Libye destinée à faire partir Kadhafi. Une guerre censée éclaire mais qui dure aujourd’hui plus de trois mois et jusqu’ici, sans issue. Le conflit a aujourd’hui comme corollaires, le mouvement des trouves d’une zone de conflit à une autre, et surtout, un véritable désordre dans la lutte contre le terrorisme dans cette partie du monde.

Bien plus, la France, toujours elle, a armé les insurgés. Des armes susceptibles de revenir aux mains de la nébuleuse déjà suffisamment fournies toujours à partir de la Libye suite aux opérations de l’OTAN sous les auspices de…, encore la France !  

Conséquences sur le reste du Sahel : les ONG ont  désormais abandonné le terrain à Al Qaïda lequel y mène des opérations humanitaires et non militaires à l’endroit des populations  de plus en plus fragilisées par le départ des touristes et désormais réceptives aux messages les plus extrémistes des nouveaux maîtres.

En clair, ce sont là les prémices de la défaite Française et de  la victoire d’Al Qaïda dans le Sahel.

Tout çà pour çà, est-on tenté de demander ? Que disais déjà le Général Desportes ? Ah oui, ceci : « Il semble subsister en France, parfois à très haut niveau, une méconnaissance de ce que sont vraiment la guerre et la stratégie ».

B.S. Diarra

 

 

 

Commentaires via Facebook :