BAMAKO (AFP) – 16:05 – 20/12/11 – Des militaires algériens se trouvent dans le nord du Mali pour "apporter assistance" à l’armée malienne dans la lutte "contre l’insécurité et le terrorisme", a appris mardi l’AFP de source militaire malienne, de source diplomatique et auprès de témoins dans la région.
"Des militaires algériens séjournent actuellement dans le nord du Mali pour apporter assistance à l’armée malienne dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’insécurité", a déclaré cette source, un haut gradé de l’armée malienne sous couvert de l’anonymat.
Il n’a pas souhaité préciser le nombre de militaires algériens, ni donner de détails sur la durée de leur présence dans cette région ou préciser la nature de l’assistance qu’ils apportent à l’armée malienne.
"Nous savons que c’est une équipe d’instructeurs d’au moins 15 personnes, parmi lesquels figurent des officiers", a affirmé une source diplomatique.
A Alger, le ministère des Affaires étrangères s’est refusé à commenter ces informations en provenance de Bamako. Au ministère de l’Intérieur qui n’a plus de chargé de communication, un responsable qui a conservé l’anonymat a seulement déclaré à l’AFP: "vous serez contacté s’il y a quelque chose à dire".
Des douaniers qui patrouillent dans le nord malien ont aussi indiqué avoir vu mardi un convoi de véhicules transportant les militaires algériens quitter la ville de Kidal (nord-est) pour celle de Tessalit, également dans le nord-est, près de la frontière algérienne.
Le Mali, avec d’autres pays de la bande sahélo-saharienne – Algérie, Niger, et Mauritanie – est confronté à une insécurité croissante liée aux activités d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et d’autres groupes criminels, ainsi qu’à l’afflux d’armes, dont de l’armement lours, issues du conflit libyen.
Aqmi opère dans cette vaste zone difficile à surveiller et contrôler où elle a multiplié, depuis ses bases du nord du Mali, attentats, enlèvements d’Occidentaux et trafics divers, y compris de drogue.
Au total, douze Européens, dont six Français, sont retenus dans le Sahel par Aqmi et un groupe présenté comme dissident, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, jusqu’alors inconnu.
En avril 2010, Algérie, Mauritanie, Niger et Mali, ont créé un Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cémoc) basé à Tamanrasset (sud de l’Algérie). Doublé d’un centre de renseignement à Alger, son objectif est de mieux coordonner les actions des quatre armées dans la lutte anti-terroriste et d’arriver à mener des opérations conjointes dans chacun des pays affectés.
Cependant en marge de la dernière réunion du Cémoc à Bamako, le 21 novembre, l’Algérie avait été désignée comme un frein à la coopération militaire régionale.
Les chefs des armées du Cémoc se réunissent tous les six mois, sans jamais jusqu’à maintenant être parvenus à mettre sur pied des patrouilles conjointes.
La présence de militaires algériens est signalée à la veille d’une rencontre prévue mercredi à Bamako entre des délégations militaires du Mali et de l’Algérie, a appris l’AFP de source proche du ministère malien de la Défense.
Alger a longtemps estimé de son côté que le Mali était le "maillon faible" de la lutte contre Aqmi en ayant laissé s’implanter des bases de cette organisation sur son territoire et en autorisant la libération de prisonniers islamistes en échange de celle d’otages.
AFP