L’œil de Sonia : L’enfance volée à nos enfants !

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Lorsque nous vivons dans une société de consommation où seule la performance compte il n’est pas étonnant de voir une majorité de jeunes parents se sacrifier financièrement pour offrir la meilleure éducation possible à leur enfant. Un sacrifice perçu comme un gage de réussite pour l’avenir de leur chérubin.

Même pas né que déjà il suscite toute l’attention afin de lui préparer une arrivée digne de son nom, bien douillette, bien confortable, car le petit homme mérite le meilleur. C’est certain, il sera le plus beau, le plus intelligent et l’on rivalisera d’ingéniosité pour lui trouver un prénom original puisqu’il est unique.

Si être de bons parents c’est bien,  de nos jours cela ne suffit plus, il faut qu’ils soient aussi les meilleurs. Et comme nous sommes tous persuadés que nous sommes supérieurs aux autres, personne ne va prendre le risque de nous contredire d’autant plus que cela arrange bien les spécialistes de l’enfance ainsi que les marchands de rêve en tout genre.

Ceux-ci y voient un énorme marché en or à portée de main. Pas plus tôt la petite merveille née qu’elle a déjà toutes les qualités inimaginables : bébé le plus mignon, le plus sage… Les parents ne doutent de rien et gare à ceux qui voudraient leur faire entendre raison : l’amour inconditionnel des parents vis-à-vis de leur nourrisson n’est pas à remettre en question !

De plus, il fera de vous un inadapté si vous osez émettre le moindre doute sur les facultés tant mises en avant par les jeunes parents. On pourrait croire que cet état d’extase aurait une fin. Eh bien non, détrompez-vous !  Il faut croire que les parents prennent de l’ectasie pour rester dans cet état d’euphorie.

Interdiction donc d’émettre le moindre reproche sous peine d’être jugé, vous avez même intérêt à lui trouver des dons exceptionnels sans oublier de complimenter les parents pour cet exploit surnaturel.  Chacun ira donc de son compliment ne faisant ainsi qu’intensifier l’ego surdimensionné des parents.

Comme il est inconcevable que ce futur adulte puisse échouer, les parents vont mettre en place toute une stratégie pour porter leur enfant au firmament. Plus tard, il sera homme politique, avocat, ingénieur, artiste reconnu, chirurgien… : l’espoir fait vivre ! Sauf que cette réussite tant célébrée par les parents n’a pas échappé aux industriels de l’enfance qui vont tous profiter de cette aubaine pour nous vanter les mérites de leurs produits indispensables à la réussite du jeune enfant.

A ce stade tout est bon pour nous faire croire que la réussite va dépendre de notre porte-monnaie et bien difficile de résister quand il s’agit du bonheur de notre petit. Et comme les parents ont le monopole de l’éducation, il est facile de les influencer vers des achats inconsidérés, démesurés. Comment avoir les idées claires quand les pros de l’enfance nous expliquent matin, midi et soir le régime à suivre pour être de bons parents en s’appuyant sur des livres soit disant scientifiques qui prescrivent tel ou tel mode d’éducation ?

Une juteuse industrie autour de “l’enfant-roi”

En général tous ont une même signature qui consiste à dire qu’il ne faut pas froisser la susceptibilité de l’enfant au risque d’en faire un associable. Le non lui ferait perdre sa belle confiance et donc il serait préférable de se plier avec une certaine mesure aux souhaits de l’enfant.

Ces petits bouts ont déjà toute une campagne bien rodée prête à défendre les  désirs  des enfants  sous réserve que les parents ouvrent largement le porte-monnaie. Tout sera bon pour attirer les parents dans le piège de la consommation à outrance sous l’œil bienveillant de la réussite au bout du chemin.

Ainsi vous aurez la multitude du choix entre le prix modique et le prix élevé avec pour consigne que la qualité sera  en fonction du prix. Et comme on veut le meilleur pour notre petit Prince, on ne va pas regarder à la dépense.

Comme il est facile de jouer sur la naïveté des parents. Et alors que je pensais avoir tout vu, j’étais loin d’imaginer cette nouvelle mode encore plus perverse que les autres, toutes aussi plus débiles les unes que les autres. L’enfant au centre de tout est considéré comme un roi mais en plus il entre dans l’ère économique de la surprotection.

Après nous avoir shootés avec des doses d’amour inconditionnel  on nous lobotomise une partie du cerveau  en créant un nouvel espace contenant tous les risques potentiels  qui pourrait endommager la qualité de notre jouet vivant tant adulé. Nous entrons dans l’ère de la nouvelle industrie pharmaceutique qui jusque-là se contentait de soigner les malades.

Désormais pour éviter à notre petit Prince les petites maladies courantes de la vie, on va lui offrir toute une panoplie de médicaments afin que ce petit bout reste en bonne santé, se porte bien en lui évitant tous les petits désagréments de la vie. A l’approche de l’hiver (les grands froids) ou de l’été (les grosses chaleurs), il est vivement conseillé d’avaler des médicaments pour éviter de tomber malade : chercher l’erreur !

Impossible d’y échapper, ce marché de la prévention est présent partout  sous différentes formes.  La forme alimentaire qui se transforme en substance bénéfique pour le cerveau de notre petit (le poisson est bon pour la mémoire, les produits laitiers renforcent la solidité des os….) avec le fer, le calcium, le magnésium, les vitamines, etc.

De même qu’il faudra choisir la meilleure couche-culotte qui, même mouillée, restera sèche grâce à ses capteurs d’humidité (grandiose, le prix l’est tout autant). Et un bébé qui dort au sec sera un bébé heureux. De même qu’il faudra utiliser tel lait de toilette pour protéger la peau délicate du bébé, une lessive (linge bébé) non agressive pour éviter de fragiliser le derme de l’enfant…

Finis les réveils nocturnes grâce à la super couche, finis le nez qui coule, les rhumes, les désagréments intestinaux, les poussées dentaires douloureuses grâce aux super traitements qui renforcent les défenses naturelles de l’enfant. Finies aussi les irritations si vous avez opté pour la super crème méga protectrice, terminée l’eau du bain trop calcaire qui dessèche la peau, car grâce au lait de toilette, il vous laissera une peau de velours…

Il y a aussi des eaux de toilette (parfums) spéciales bébé au cas où celui-ci sentirait mauvais. Je n’exagère pas, c’est la triste réalité et il ne faut pas oublier que nous sommes dans une société de consommation.  Pour atteindre la performance, il faudra donc consommer ce qu’il y a de meilleur sur le marché.

Et autant vous dire que les marqueteurs ne manquent pas d’imagination pour nous vanter les bienfaits de leurs produits avec des slogans qui ont au moins le mérite de me faire sourire.

A ce sujet au cas où j’aurais eu envie d’acheter des œufs pourris à mes petits il est bien spécifié sur tous les emballages que nos œufs sont des œufs frais, la fraicheur étant une qualité non négligeable. Et de ce pas l’on va nous vanter les mérites de consommer des  produits frais, manger des légumes frais, des fruits frais comme si la fraicheur était garante d’une bonne hygiène de vie. Car pour devenir beau et intelligent on a intérêt à prendre grand soin de notre hygiène de vie  et donc consommer des produits de première fraicheur. J’adore !

De nombreux parents confondent amour avec argent. Pas étonnant que notre société soit une grande malade quand les parents sont dépourvus de toute logique, de bon sens car au final un enfant n’est rien d’autre qu’un enfant.

Au lieu de vouloir en faire un futur avocat, un astronaute ou… ne vaudrait-il pas mieux d’essayer d’en faire un adulte autonome et responsable avec de vraies valeurs pour affronter la vie ?

Sonia

 

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