Avec le renouvellement générationnel et l’évolution des mentalités sur la question, on tolère de plus en plus ces unions que les ancêtres et les arrières grands parents n’ont jamais acceptées. La religion a beaucoup contribué à rendre possibles ces unions.
Selon Dr. Moussa Coulibaly, sociologue, « un Traoré, Coulibaly ou un Keita peut de nos jours se marier avec une Diabaté, Kouyaté ou Soumano. La société est en train d’accepter ces unions perçues avant comme une infraction. Toutefois, certaines familles, certaines ethnies sont plus exigeantes que d’autres. A l’allure où les mentalités évoluent, la tendance est plus favorable pour la tolérance eu égard au nombre croissant de ces mariages perçus avant comme “impossibles”. Mais de nos jours, les barrières économiques et les conditions de vie matérielles renforcent la barrière qui existe entre “les classes” sociales. En général, on assiste de plus en plus à l’homogamie qui consiste pour une personne de choisir son conjoint ou sa conjointe dans un milieu social identique où les conditions de vie, le capital culturel des parents, les revenus sont identiques ».
A à en croire le sociologue, « de plus en plus les jeunes issus de milieux sociaux identiques se marient. Cette réalité est en général perceptible aux deux extrémités des classes sociales. Les plus nantis se marient entre eux de plus en plus et les plus modestes aussi entre eux cette pratique de l’homogamie n’est pas sans conséquences surtout dans les classes sociales les plus aisées. Si c’est plus facile pour les garçons issus de familles aisées et professionnellement bien intégrés, les filles de la même classe ont du mal à trouver un conjoint. En général, elles ont un travail et jouissent de bonnes conditions sociales mais arrivent tardivement au mariage à défaut de trouver un conjoint issu d’un milieu social identique. En général, les hommes” ont peur” de les approcher ou de ne pas pouvoir être en mesure de combler les attentes matérielles qu’exige leur rang, ce qui fait que le dicton “marie toi à ta porte avec gens de ta sorte” a encore de beaux jours à vivre ».
En attendant, le lot de ces filles de milieux aisés qu’on peut appeler” célibattantes” (elles sont célibataires, se battent bien et sont bien intégrées) grossit de jour en jour. Même si souvent certaines sont décidées à casser les cordes, leur milieu social les influence. Il est plus difficile de repousser les barrières sociales imposées par les conditions matérielles. Le mariage n’échappe pas à cette réalité qui est d’actualité non seulement au Mali mais dans beaucoup de pays d’Afrique et du monde. Ces filles diplômées et bien intégrées souffrent souvent en silence. Elles souffrent plus que les garçons de leur milieu car un homme peut se marier dès qu’il en a les moyens or une fille peut avoir les moyens et mettre du temps à trouver l’âme sœur.
Bintou Diawara