Lettre ouverte au Président de la Transition

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Mon Président, attention à l’eau dormante. Elle peut-être infestée de crocodile. Considérez les passions collectives qui se cristallisent autour du mot changement. Depuis plus d’un an, notre pays vit dans la peur. Partout grèves et manifestations se succèdent; des alertes à la bombe, des attaques à mains armées en plein midi, tout ceci nous dit que l’insécurité a atteint son paroxysme, à des proportions telles que nous sommes décidés à venir vous mettre fermement et définitivement en garde, vous et votre armée. Beaucoup de soldats et de civils ont perdu la vie dans cette guerre. Votre peuple n’a plus peur.

Mon Président, que vous montriez que vous êtes effectivement sensible aux problèmes du peuple. Les assisses nationales ont été l’occasion de faire le point des activités à entreprendre par le gouvernement. Rien de tout cela. Les assisses nationales avaient demandé le remembrement du CNT et la réduction des membres du gouvernement. Ensuite mener une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière. Nous voulons un changement de système de gouvernance.

Un changement dans la pratique et le comportement des hommes et des femmes pour le Mali Koura. Pour réussir un changement de comportement dans le domaine de la corruption et de la délinquance financière, il faut agir à la fois sur l’individu et sur son environnement social. Pour cela, il faut que les membres de la transition et les responsables administratifs fassent montre de droiture, d’intégrité et de rigueur dans la gestion de la chose publique. Votre comportement et celui de vos forces armées exemplaires feront certainement plus de «convertis». Si la loi frappait dans toute sa rigueur les fautifs quel que soit leur rang social ou leur coloration politique ou encore leur affinité parentale, cela dissuaderait certainement plus d’un de leur emboiter le pas. Monsieur le Président, les Maliens aspirent au changement à travers la justice. Chut ! Les procès sont monnayés sous paiement de caution pour une liberté provisoire. Allons-nous continuer à subir les affres de la justice sur les détournements de fonds publics se terminer en queue de poisson? Alors que certains vrais coupables ont pris la fuite ou sont nommés dans votre cabinet comme conseillers spéciaux ou encore nommés membres du Conseil national de la transition (CNT) ? Quel désespoir !

Monsieur le Président, les Maliens sont fatigués de la mal-vie. Avec votre arrivée au pouvoir, les Maliens ont cru et espérer voir des jours meilleurs. Mais hélas ! Comble de désespoir. Je vous prie, Monsieur le Président de placer les intérêts de votre peuple en dessus des vôtres et de ceux de votre armée. Votre économie se dégrade vertigineusement. Votre méthode actuelle de gouverner est condamnable. Cela ne peut continuer ainsi et si vous n’engagez pas rapidement le pays dans la voie de la démocratisation, les bailleurs de fonds vont être obligés de vous couper tout crédit. Quant au peuple, il vous demandera de rendre votre démission. D’ici là redressez la rectification pendant qu’il est encore temps. Le Mali va de mal en pire. Nous vivons, une misère indicible. Tout est à l’eau.

Niagnouma dit Issa COULIBALY, Moniteur d’Agriculture à la retraite

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1 commentaire

  1. Cher Coulibaly, vos mises en garde à l’endroit du Président Goita sont salutaires. Pourvu qu’elles parviennent au Président et qu’il s’en inspire.

    Nous sommes inquiets car nous avons le sentiment qu’Assimi n’est pas disposé à descendre de son piédestal afin de mieux apprécier les desideratas du peuple.
    Il faut que le Président Assimi dépasse maintenant le stade du discours politique. Il faut qu’il mette la main au cambouis.

    Il vient de recevoir le rapport du vérificateur suivi d’un discours à Koulouba. Il faudrait maintenant qu’il descende sur le terrain pour constater de visu que les fautes ont bien été sanctionnées. Le mal malien réside dans l’impunité qui fait le lit de beaucoup de déviances.

    Si rien ne change, alors, Monsieur le Président, attendez-vous que les premières salves de la contestation ou du rejet soient dirigées contre vous ou votre éventuel successeur.

    Le peuple malien ne peut vivre le destin de Sisyphe (l’éternel recommencement).

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