Les premières Dames du Mali : Qui sont-elles ? D'où viennent-elles ?

    0








    Dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de notre pays, nous vous proposons les profils des différentes premières dames.

    Mariam Travélé : un compagnon de lutte du président Modibo Kéïta

    Mariam Travélé a vu le jour en 1920 à Bamako. Son père s’appelait Moussa Bléni Travélé, interprète principal de première classe et sa mère, Ajibiyé Mintiéni, ménagère. Elle a été monitrice d’enseignement avant d’être reclassée institutrice.

    Mariam fit ses études primaires à l’école de jeunes filles de Bamako entre 1931 et 1935. De 1935 à 1939, elle suivit une formation de monitrice d’enseignement au Foyer de Métisses de Bamako où elle sort comme monitrice.  En septembre 1939, elle épousa Modibo Kéita, alors instituteur à l’Ecole rurale du fleuve dirigée par Mamadou Konaté.

    Mariam Travélé a servi en compagnie de son mari dans plusieurs localités comme Bamako, Sikasso, Kabara, Tombouctou. Elle a été ”un compagnon de lutte” de Modibo Kéïta. Après le démantèlement de la section pilote Rda de Sikasso en 1953 par l’administration coloniale et la déportation de Modibo suivie de son emprisonnement, c’est elle qui tint le flambeau du Rda. Elle a été présidente de la Commission sociale des femmes du Rda à Sikasso avant d’être celle de la présidente de la Commission sociale des femmes créée par le RDA. Parmi les épouses de Modibo Kéïta, c’est elle qui a beaucoup souffert après le coup d’Etat de 1968. Elle resta longtemps placée sous les ordres des militaires.

    A la mort du président Modibo Kéita, les militaires lui interdirent de porter le veuvage coutumier et d’aller même voir le deuil et d’accomplir le  corps de son mari. Et, à en croire le doyen Amadou Seydou Traoré, ils ont poussé le cynisme jusqu’à obliger l’ex-première dame à se coucher dans le lit sur lequel est mort son mari.

    Mariam Travélé ne sera libérée que le 1er janvier 1978. Présidente d’honneur de la Croix rouge malienne, elle est Médaillée d’Or de l’Indépendance. Mariam Travélé  n’a pas eu malheureusement  d’enfant avec Modibo Kéita. En l’absence du père de l’indépendance, elle prendra part aux festivités du cinquantenaire à côté des présidents Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. 

    Fatoumata Haïdara, alias Didi : l’effacée du Palais de Koulouba

    Fille de Moustapha Haïdara ”Batou” marabout et d’Aminata Sy Traoré, ménagère, Fatoumata Haïdara alias Didi est née vers 1933 à Bamako. Ménagère, elle est la seconde épouse du président Modibo Kéïta. Didi n’a pas eu également d’enfant avec Modibo Kéïta qu’elle a épousé en 1952. Mais elle a eu une fille qui est née de son premier mariage. Elle a mené une vie effacée au Palais et n’était pas mêlée à la vie publique de son mari. Elle est décédée le 26 juillet 1976 à Bamako à la suite d’une crise cardiaque.  

    Fatoumata Diallo : la troisième et dernière épouse du président Modibo !

    Fatoumata Diallo est la troisième et dernière épouse du président Modibo Kéita. Née le 30 décembre 1943 à Bamako, elle est la fille de Mamadou Diallo, commis de postes et de Mariam Sangaré, ménagère. Elle fit ses études primaires à l’Ecole des jeunes filles de Médina-Coura entre 1952 et 1958. Par la suite, elle va mener des études secondaires qu’elle n’acheva point cependant. De 1958 à 1959, elle suit d’abord les cours au collège des jeunes filles sises Rue Carnot à Dakar. Entre 1969 et 1960, elle fréquenta le collège des jeunes filles de Bamako avant de séjourner au lycée notre dame du Niger, toujours à Bamako. En 1961, elle effectua un bref séjour à l’Ecole de sages-femmes à Conakry. Après le coup d’Etat de 1968, elle fut recrutée archiviste aux Archives nationales à Koulouba. Elle démissionna de cette fonction après la mort de son mari. Comme Fatoumata Haïdara, elle a mené une vie officielle discrète et n’était pas mêlée à la vie publique de son mari. Elle a eu deux enfants (deux filles) avec  le Modibo Kéïta et  vit à Koulouba.  

    Mariam Sissoko : la conseillère discrète du Général Moussa Traoré

    Née le 4 novembre 1944 à Sananfara (Kati), fille de Cyrielle Adama Sissoko et Wali Diallo, Mariam Sissoko est la femme du Général Moussa Traoré, président du Mali de 1968 à 1991. Mariam Sissoko, de son nom de baptême Marianne, a été élevée par l’épouse française de son père. De formation, elle est secrétaire bilingue (anglais-français). Elle a servi à l’ambassade du Mali en Tanzanie où elle était avec son oncle maternel, Boubacar Diallo. Ensuite, elle a travaillé à l’ambassade des Usa au Mali avant d’aller au ministère de l’Education nationale. À coté de son mari, Mariam aurait joué un rôle très important dans la gestion des affaires publiques.  

    Elle a créé l’Union nationale des femmes du Mali (Unfm) dont elle a assumé la présidente active de 1974 à 1977. Par la suite, elle deviendra la présidente d’honneur. Présidente d’honneur de l’Association de l’enfance déshéritée N’daya Mali, elle a été présidente et marraine de plusieurs associations à caractère humanitaire et social. On peut citer le Centre des handicapés physiques, l’Institut des jeunes aveugles. Elle a été présidente d’honneur de l’Association des juristes maliennes et de l’Association des femmes commerçantes et entrepreneurs. Elle est présentée comme une femme réservée qui parlait peu. Elle avait peu d’amies. En 1979, elle a reçu le prix Simba décerné en récompense de ses nombreuses actions en faveur de la promotion sociale.

    Le 26 mars 1991, elle est arrêtée en même temps que son mari. En 1999, Mariam est condamnée avec son mari à la peine capitale pour détournements de biens publics dans le cadre du procès ”crimes économiques”. En 2002, ils ont été graciés par le président Alpha Oumar Konaré. Mariam Sissoko est mère de cinq enfants. 

    Mme Adame Ba Konaré : enseignante, écrivaine, humaniste, militante et féministe… 

    Née le 1er mai 1947 à Ségou, Adam Ba Konaré est l’épouse de l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré. Après des études supérieures en histoire et géographie à l’Ecole normale supérieure de Bamako (Ensup), elle s’envole pour la capitale polonaise, Varsovie, où elle obtient un doctorat en Histoire. En 1975, elle retourne au Mali pour enseigner l’histoire jusqu’en 1992, date de l’élection de son mari à la magistrature suprême du Mali.

    Écrivaine, Pr Adam Ba Konaré est l’un des auteurs les plus prolixes de notre pays. L’historienne qu’elle est a, à son actif, de nombreux ouvrages et articles.  On peut citer entre autres ”Sonni Ali”, ”Sunjata, Fondateur de l’empire du Mali”, ”L’épopée de Ségou, Da Monzon, un pouvoir guerrier”, ”Ces mots que je partage”, ”Dictionnaire des femmes célèbres du Mali”, ”L’os de la parole, cosmologie du pouvoir”, ”Parfums du Mali”, ”Quand l’ail se frotte à l’encens”.

    Adam Ba Konaré a réagi en septembre 2007 au discours de Dakar tenu par le président français, Nicolas Sarkozy, le 26 juillet à Dakar, en lançant un appel à ses collègues historiens africains afin de travailler ensemble à la production d’un recueil de textes scientifiques historiques sur l’Afrique et l’histoire africaine. Le résultat est publié dans un recueil d’essais nommé ”Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy”. Militante du mouvement démocratique, elle a participé aux événements de mars 1991 qui ont entraîné la chute du Général Moussa Traoré.

    Elle est également très impliquée dans le domaine humanitaire, voire social. La Fondation Partage qu’elle dirige mène des activités caritatives au bénéfice des couches sociales les plus défavorisées. Le Musée de la femme ”Muso Kunda”, unique musée africain dédié à la femme avec le Musée Henriette Bathily de Gorée (Sénégal), est né de l’initiative de l’ancienne première dame.   Adam Ba Konaré, mère de quatre enfants, est grand-officier de l’Ordre national du Mali. 

    Mme Touré Lobbo Traoré : une sage – femme au service des causes nobles

    Née vers 1955 à Mopti, Lobbo est la fille de Ba Ali Traoré et Aïssa Baby. C’est en 1962 qu’elle effectue ses premiers pas à l’école. Elle fréquenta successivement les écoles fondamentales de Bandiagara, Niafunké et Diré. Après son diplôme d’études fondamentales (D.E.F.) obtenu en 1972 au second cycle fondamental à Mopti, elle s’inscrit à l’Ecole secondaire de la Santé (ESS) de Bamako où elle décroche en 1976 le diplôme de Sage-femme d’Etat, avec mention Bien. Sage femme stagiaire à partir de 1977, elle ne tarda pas à être titularisée en 1978 grâce à sa conscience professionnelle. Affectée à la Maternité du Camp I de Bamako, elle devient, en 1991, sage-femme maîtresse. Tout au long de sa carrière professionnelle, elle n’a cessé de se perfectionner et de découvrir de nouveaux domaines.

    L’actuelle Première dame mène une vie associative très active. Membre de l’Association des Sages- femmes du Mali et de l’Association des Malades de la Drépanocytose du Mali, elle est la présidente d’honneur de l’Association pour le Développement Social de la Femme et de l’Enfant (A.D.S.F.M). Le domaine humanitaire est son champ de prédilection. Depuis 2002, date à laquelle elle a pris les commandes de la Fondation pour l’enfance, Mme Touré vole de façon constante au secours des couches sociales les plus sensibles de la population. Cette dame a bonne presse, voire une bonne cote dans l’opinion en général. Car, en plus d’être ravissante, elle est d’une très grande beauté morale. Ses bonnes œuvres ne se comptent plus.

    Dans le cadre de ses activités notamment de présidente de la Fondation pour l’enfance, ceux qui ont eu la chance de la côtoyer ces dernières années sont unanimes : Mme Touré Lobbo Traoré, témoignent-ils, est d’une bonté incroyable. " L’épouse d’Amadou Toumani Touré est toujours prête à voler au secours des démunis. Avec Lobbo, on ne perd jamais l’espoir. "

    Elle exerce son influence de première dame au service des causes nobles. Passionnée de la lecture et de l’art culinaire, Mme Touré se dévoue pour les enfants auxquels elle porte un grand amour. Tout comme son mari. Mère de deux filles, Mme Touré Lobbo Traoré est commandeur de l’Ordre national du Mali.

    Rassemblés par Chiaka Doumbia et Ousmane Ballo,

    Source : ” Dictionnaire des Femmes célèbres du Mali” d’Adam Ba Konaré paru en 1997 aux éditions Jamana

     

    Commentaires via Facebook :