Sur les incidents de Kobada et de Chiakabougou : Le Directeur de la société AGG s’explique

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Dans cet entretien, M. Sékou Konaté, rappelle l’historique de leur cohabitation avec les populations et surtout avec les orpailleurs. En effet, Kobada est situé à 200 km de Bamako, dans le cercle de Kangaba. Selon notre interlocuteur, les premiers incidents se sont déroulés en avril 2013 mais n’avaient jamais atteints l’ampleur du 03 juillet dernier tant à Chiakabougou, Niêwouleni, Kobada, Madina et autres villages environnants. Les dégâts causés par ces graves incidents, explique notre interlocuteur, sont estimés à plus de 1 200 millions de FCFA occasionnant la mise  en chômage technique du personnel qui rase déjà les murs et les bailleurs depuis la Bourse de Toronto, ont décidé de fermer le robinet. Entretien.

 


Mali Demain : Qu’est ce que AGG ? Depuis quand est-elle au Mali ? Qu’est ce qu’elle a fait ?
M Sékou Konaté: AGG est arrivée au Mali en 2006- après avoir racheté le permis de COMINOR S. A, une société française qui avait commencé les travaux de recherche à Kobada. Nous avons continué les travaux de recherche jusqu’en 2012. Les dépenses pour ces travaux nous ont coûté 1 milliard 700 millions de FCFA de 2006 à 2012. En fait, nos problèmes ont commencé en 2012 suite à ‘envahissement de notre permis par des milliers d’orpailleurs venus de divers horizons. Mieux, j’ai adressé une correspondance le 21 janvier 2013 l’informant de la situation.  Depuis cette date, nous sommes dans une turbulence jusqu’au 03 juillet dernier, pas de repis bien qu’ayant 20 gendarmes présents pour la sécurisation des biens et du personnel.
Arrivée d’une mission de la Gendarmerie Nationale
Aussi, le 19 avril 2014, une mission de la Gendarmerie est arrivée sur le site dans le but de sensibiliser les orpailleurs. Rien n y fait. Ensuite, il y  a eu un arrêté interministériel interdisant l’orpaillage du 15 mai au 30 octobre. Les orpailleurs n’ont pas obtempéré.
La patrouille des gendarmes du 03 juillet dernier, visait à constater l’application de cet arrêté. De ce pas, ils demandèrent aux orpailleurs d’arrêter les activités, en vain. C’est ce qui va jeter l’huile sur le feu puisque les forces de sécurité seront attaquées. C’est là où il y a eu morts d’hommes lorsque les orpailleurs ont essayé d’attaquer le camp d’AGG après avoir brûlé l’usine pilote tout en progressant sur le « QG » de la société.
Arrivée au camp d’AGG, les gendarmes ont essayé de repousser une marée humaine en tirant en l’air afin de dissuader les envahisseurs, en vain. Ceux-ci ont continué à avancer en tirant à balles réelles. Une véritable scène de guerre. La riposte des gendarmes qui ont perdu un élément, l’Adjudant Dao, qui se voient contraints d’utiliser des balles réelles pour se défendre afin de se frayer un chemin. En cours de minutions, les gendarmes ont pu malgré tout, évacuer le personnel (dont un Canadien, un Ghanéen ainsi que le chef du camp et autres) en se frayant un chemin pour se rendre à Sélingué.
Nous sommes en phase de recherches
Nous sommes en phase de recherche et non une exploitation minière proprement dite. En clair, lorsqu’on est  à la phase recherche, le capital,est enlevé au niveau de la Bourse de Toronto moyennant les résultats des travaux de recherche. Donc, tous les résultats sont envoyés à Toronto pour la Bourse.
Nous n’avons jamais extrait de l’or de 2006 à 2014
Ce qui est clair, c’est que nous n’avons pas atteint la phase d’exploitation. Et pour arriver à ce stade, il faut présenter une étude de faisabilité à la quelle nous nous attelions. Une fois que cette étude est validée par le département des Mines, un Permis d’Exploitation sera délivrée après les études de faisabilité. Donc, nous n’avons jamais extrait de l’or de 2006 à 2014. Et pour cause !
Par exemple, lorsqu’on demande un titre minier, il est valable pour trois ans renouvelables deux fois. Donc la durée du Permis est de neuf ans. Au bout de neuf ans, si une étude de faisabilité n’est pas faite, l’Etat adresse une mise en demeure. Mais au paravent, la société peut présenter des doléances retard sur l’étude de faisabilité, dans ce cas, le gouvernement lui donne un an supplémentaire pour pouvoir présenter l’étude de faisabilité. Dans notre cas, nous avons été envahis par des orpailleurs qui nous ont empêchés à travailler depuis 2012.
Les conséquences des évènements du 03 juillet 2014
Les conséquences des évènements du 03 juillet dernier, risquent de faire peur aux investisseurs, de faire perdre les actions d’AGG au niveau de la bourse et cela équivaut à un retard dans le projet.

Mali Demain : Pouvez-vous être plus explicite sur les conséquences de cette crise ?
M. Sekou Konaté : Il y a eu des pertes de nos actions, retard du projet et ralentissement des investissements.
AGG compte continuer ce projet

Mali Demain : Que comptez-vous faire donc ?
M. Sékou Samaké
 : AGG dans sa politique actuelle compte continuer mais faudrait-il que l’Etat s’assume pour mieux sécuriser nos installations et notre Permis. Nous comptons continuer le projet malgré tout ce qui s’est passé comme incidents avec surtout l’accompagnement de l’Etat du Mali.
L’Etat ne gagne rien avec ces orpailleurs
Ce projet n’est pas unilatéral mais bilatéral puisque l’Etat devient un actionnaire. Ce qui est déplorable, c’est que l’Etat ne gagne rien avec ces orpailleurs mais ceux qui les poussent à la violence et aux manquements des textes et accords. Pire, l’environnement se détruit de jour en jour, l’insécurité s’installe, la prolifération des armes, le banditisme, les maladies et autres. En tout cas, tout ce qui rend désagréable la vie d’une personne, s’est réuni là-bas.
Enfin, présentement, nous avons mis tout le personnel en chômage technique puisque nos bailleurs sont allergiques de nous envoyer de l’argent ici suite aux incidents du 03 juillet dernier.
Les pertes sont énormes et s’élèvent à plus d’un milliard de FCFA.
Propos recueillis par Bokari Dicko

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