C’est à travers un communiqué de presse sous le sceau du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale que la nouvelle est tombée. Celle qui déclare ‘’persona non grata’’, le représentant spécial de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Mali, Hamidou Boly. Ainsi après deux ans et trois mois au Mali, le diplomate Burkinabé a désormais un délai de 72 heures pour quitter le Mali. Même si le communiqué ne mentionne pas les raisons de cette expulsion diplomatique, ce qui reste évident cela doit avoir un lien avec ses connections « dangereuses » avec des groupes de la société civile et partis politiques, œuvrant à la déstabilisation de la transition.
La diplomatie, selon Eric Linklatter est « l’art de plonger dans des eaux troubles sans faire de “plouf” ». Cela ne semble pas avoir été le cas du diplomate Burkinabé, Hamidou Boly, accrédité dans notre pays depuis juillet 2019 en qualité de représentant spécial de la CEDEAO. Ce, en considération du communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, indiquant avoir constaté : « des agissements incompatibles avec son statut ». Ce faisant, que sa décision lui déclarant ‘’persona non grata’’, intervient après plusieurs mises en garde adressées à l’intéressé à travers sa hiérarchie. En conséquence, qu’un délai de 72 heures lui est accordé pour quitter le territoire malien, instruit le même communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Notification a été faite à cet effet au diplomate Boly, suite à sa convocation par ledit département ministériel, hier lundi.
Cette décision du Gouvernement malien, tombée en un jour férié de célébration de Mawlid (date anniversaire du baptême du prophète Mohamad, PSL) a suscité des réactions sur les réseaux sociaux. D’autant plus qu’elle intervient au lendemain de la fin d’une visite de 48 heures d’une importante délégation du conseil de sécurité de l’ONU au Mali. Mais aussi au regard de la rigueur qui la caractérise. Selon de nombreux observateurs, rarement, sinon jamais dans son histoire de plus de 60 ans de relations diplomatiques avec les organisations sous régionales, continentales et internationales, le Mali n’avait déclaré un diplomate « persona non grata ». Suivie d’un délai d’expulsion sur son territoire. Toute évidence qui laisse apparaître que le représentant spécial de la CEDEAO au Mali, aurait récidivé dans la commission de certaines actions en déphasage avec son statut et sa mission. Notamment ses connections dangereuses avec des groupes de la société civile et partis politiques, œuvrant à la déstabilisation de la transition.
Cela peut facilement être compris, car le Professeur Hamidou Boly dont il s’agit est un universitaire Burkinabé qui faisait son baptême du feu au Mali, en sa qualité de diplomate de représentant d’une organisation sous régionale dans un pays. Après lecture de sa biographie, il ressort qu’il a passé 25 ans de sa carrière dans des instituts d’enseignement supérieur et de recherche scientifique à divers postes de responsabilité. Ainsi, comme importants postes à l’étranger, il aurait coordonné de 2014-2016, un programme de la Banque mondiale (Washington DC) sur le Mécanisme pour l’enseignement supérieur agricole en Afrique (TEAM-Africa) avant d’être au Nepad comme responsable du programme éducation et à la CEDEAO comme Commissaire en charge de l’éducation, la science et la culture.
Ce passage dans un pays en crise multidimensionnel, comme le Mali lui servira de bonnes leçons en matière de diplomatie courtoise, car terminé en eau de boudin. « Les diplomates, ça ne se fâche pas, ça prend des notes » disait Sacha Guitry.
Même si la CEDEAO n’a pas encore fait de déclaration, le Gouvernement malien a réitéré sa disponibilité à maintenir le dialogue et à œuvrer ensemble pour la réussite de la Transition… Un nouveau représentant peut donc venir.
Moustapha Diawara