D’une simple mutinerie consécutive, le 21 Mars dernier, à un incident entre le Général Sadio Gassamba, ministre de la défense, et la hiérarchie militaire de la garnison de Kati, le système étatique malien a basculé dans une situation dramatique inattendue et même imprévisible du moins dans son scénario actuel. Le Mali, cette démocratie tant enviée sur le continent, venait d’entamer une phase d’assombrissement avec l’imminence de répercussions graves sur l’unité nationale et son intégrité territoriale.
L’histoire retiendra que c’est le 22 Mars 2012 – date anniversaire des violences ayant emporté le régime dictatorial de Moussa Traoré – que la démocratie installée par la suite a également pris le plus dur des coups après vingt-un (21) ans de résistance. Tel un château de cartes, tout a basculé avec un malentendu survenu, le mercredi 21 Mars 2012, à la Garnison de Kati, où le tout nouveau ministre de la défense a eu maille à partir avec la hiérarchie militaire. Intervenu dans une atmosphère très électrique, une simple dispute entre les protagonistes a vite tourné au drame car elle devait déboucher sur des tirs de sommation, une violence perpétrée sur le ministre dont le la garde rapprochée serait également victime d’un assassinat sur le coup. Avec un bouchon ainsi trop enfoncé, les mutins n’avaient visiblement d’autre alternative que de conclure par une action forte. C’est ce qui arriva avec le déverrouillage du dépôt d’armes du Camp Sunjata Keïta. Après l’avoir vidé de son contenu ou presque, les mutins s’en sont servi pour parader sur l’Avenue du Mali sous l’identité d’une coordination de sous-officiers, laquelle s’est ensuite dirigée vers l’ORTM finalement assujettie à la mi-journée. Entretemps, les engins lourds de Kati, la garnison militaire la plus consistante du système défensif malien, étaient déjà pointés sur le Palais de Koulouba où les bombardements et échanges de tirs se sont poursuivis toute la nuit. Combien de vies humaines y ont-elles succombé ? Difficile de le savoir dans un contexte où les regards étaient plutôt rivés sur la survie du régime ATT, à un point tel que nombre de concitoyens se sont privés de sommeil pour maintenir l’oreille collée aux chaines nationales et avoir la suite à cette bande-annonce qui défilait constamment sur le petit écran : “Dans un instant une déclaration des militaires”. Ce qui devait arriver arriva enfin parce que le contenu du message tant attendu était sans appel et assez instructif pour les rares optimistes qui avaient encore un doute sur la chute du régime ATT. Celui-ci, tôt dans la matinée du 22 Mars, a été bel et bien renversé et supplanté par un organe militaire dénommé ‘Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat’ (CNRDRE) conduit par le Capitaine Amadou Haya Sanogo.
–Des putschistes aux allures revanchards
La nouvelle a été accueillie avec une glaciale indifférence dans les milieux civils de la capitale et d’ailleurs, sans doute parce qu’on s’attendait à tout sauf à une alternative militaire au régime d’ATT. Ce ne fut guère la même attitude dans les milieux des hommes en uniforme où les rangs se sont livrés à des comportements dignes d’une meute assoiffée. La conquête du Palais de Koulouba à coups de canons a en effet libéré des vices tapis dans le subconscient de ceux-là même qui sont censés protéger les domaines publics et privés contre les atteintes illicites. Les actes de vandalisme, les vols à ciel ouvert et sous les projecteurs avaient eu droit de cité et perpétrés au su et au vu de tous par des hommes en uniforme munis d’armes à feu, des enceintes de l’administration publique mis à sac et dévalisés de leurs matériels utiles et inutiles, des citoyens soumis à la réquisition forcée de biens au nom des seuls caprices de mutins visiblement envieux du confort de leurs concitoyens. Ce n’est pas tout. La soldatesque la moins vertueuse a poussé le libertinage jusqu’à la violation du domicile de personnalités ciblées pour leurs signes extérieurs de richesse, emportant sur leur passage argent, objets précieux et moins précieux, appareils électroménagers et meubles en tous genre. C’est au prix de telles pratiques ignominieuses et indignes d’une armée que d’aucuns se sont enrichis en un clin d’œil, d’autres ont pu réaliser le rêve longtemps caressé d’accéder à un certain confort qu’ils enviaient aux autres.
–Un coup contre qui ?
La question n’a cesse de tarauder les esprits tant les motivations du coup de force du 22 Mars 2012 renferme des inconnues. À en juger par les appréciations du N°1 de la junte, il s’agit plus d’un concours de circonstances que d’une initiative préméditée. Quoi qu’il en soit, le renversement du pouvoir ainsi que la dissolution subséquente de toutes les institutions y afférentes ne sauraient être perçus comme un acte perpétré contre un régime finissant que nombre d’observateurs et même de collaborateurs avaient du reste conjugué au passé, et pour cause. À quelques semaines de la fin du second et dernier mandat d’ATT, de son départ définitif de la magistrature suprême, le déclenchement du processus électoral et l’ouverture de succession avaient déjà fini d’orienter les esprits et les regards vers ses potentiels remplaçants, qui se préparaient naturellement au rendez-vous électoral tant attendu du 29 Avril prochain.
En définitive, quelles qu’en fussent les motivations ou intentions, la prise du pouvoir par les armes au Mali, à en juger par les effets, s’assimile plutôt à un coup dur porté au processus électoral et, partant, au processus démocratique de transmission du pouvoir. Aussi l’événement – quoiqu’il n’ait pas déplu à une frange importante de la classe politique – n’a-t-il pas manquer de provoquer un lever de boucliers à la dimension du recul qu’il représente pour un système démocratique tant envié à travers le continent. Dans les rangs des sentinelles maliennes de la démocratie et des organisations de défense des droits de l’homme, les condamnations ont fusé de toutes parts sans pour autant ébranler la quiétude d’une junte de plus en plus confortée dans sa posture par les soutiens massifs d’acteurs politiques situationnistes désireux d’exploiter l’opportunité à des fins de nivellement des rapports de forces politiques.
-Le grand recul : un pied-de-nez à la démocratie malienne
En tout état de cause, le contexte était propice pour que l’installation et le confort d’un régime exceptionnel prenne le dessus sur le système démocratique malien. Premier indice de l’obscurantisme où le système est plongé l’Etat s’est retrouvé dans un régime de gestion par les communiqués. Il y en a eu près d’une vingtaine avant que les ordonnances ne viennent prendre la relève en vertu d’un acte fondamental qui fixe les modalités de fonctionnement de l’Etat sous la conduite du CNRDRE. Mais le pire des pieds-de-nez c’est que la junte, en plus d’avoir instauré un régime d’ordonnances au fonctionnement régalien, en a abusé en y recourant même pour les nominations à certains postes stratégiques comme le chef d’Etat-major général, les écoles militaires, la sécurité d’Etat sur la quinzaine d’ordonnances concernées. Un autre pied-de-nez et non des moindres c’est que le peuple, au nom de qui le CNRDRE disait agir de la sorte, n’avait jamais eu droit à une liste complète des membres d’un organe qui s’est jamais identifié – du moins publiquement – qu’à travers le trio Amadou H. Sanogo – Amadou Keïta – Amadou Konaré. C’est dire que la République du Mali, cette gloire démocratique de la sous-région et du continent, est tombé si bas après 22 Mars dernier qu’elle s’est laissée soumise au pouvoir d’une junte sans visage, cagoulée pour l’essentiellement de ses composantes et agissant par des actes régaliens en contradiction flagrante les principes républicains.
Mais le pis c’est que la situation chaotique qui en découlé a fait perdre au pays le contrôle des deux tiers de son territoire au profit des envahisseurs d’AQMI et du MNLA, en quelques jours, une rapidité jamais égalée peut-être dans l’histoire des rébellions.
Par ailleurs, des errements vécus par la démocratie malienne depuis une dizaine de jours, on peut tirer au moins les enseignements suivant : un coup de force contre l’Etat n’est jamais opportun dans un pays en guerre, une démocratie n’est jamais assez ancrée pour être à l’abri des bouleversements les plus imprévisibles.
A.Keïta
Zairois, arrête de raconter des “imbécillités”! Au moins ATT a tenu dix ans avec les rebelles là où ces traîtres de Sanogo and Co n’ont même pas tenu dix bons jours!*
Leur place est au front et non à se terrer dans un camp auprès de leur famille.
Le problème du malien simplet comme toi ce n’est pas seulement le manque de patriotisme, mais surtout de bon sens! Comment peut-on simplement penser qu’un coup de force peut régler les choses, qui plus est, au 21ème siècle?
Pour finir, sache que ce n’est nullement par patriotisme que ces misérables de Sanogo and Co ont fait le coup d’état, mais pour échapper à la cour martiale pour avoir assassiner le garde du corps du ministre de la défense et séquestré ce dernier!
Tres bel article A. Keita. Et merci de me rappeler une quetion qui m’avait echappe a cause du choc consecutif a la prise des grandes villes du Nord. Jusqu’a maintenant, la junte n’a jamais communique la liste des membres du CNRDR + E.
Est ce un trimvirat des Amadou: Sanogo, Keita et Konare? Il doivent passer devant la cour martile pour desintegration du Mali, haute trahison pour s’etre proclame Chef d’Etat. Comme la constitution du 25 Fevrier a ete reinstaure, vivement leur traduction devant la justice pour crime contre le Mali en accord avec la constitution.
le cndre a foutis la merde au mali
Mon chèr il faut remercier Sanogo d’avoir levé tout équivoque sur la trahison d’ATT. On connait la position de Aurore mais je pense que tous ces militaires sont le fruit d’un régime vécu par ATT. Depuis 10 ans qu’a t il fait sinon recruté les fils à papa!! Les domiciles sont pillés par ce que ce sont les biens mal acquis par tes proches Mr le journaliste keita. Comment un Modibo Sidibé peut acheter de son salaire tous ces véhicules pour sa campagne. Voleur qu’il est et avait peut être la garantie d’arriver à koulouba. C’est ce tour de passe passe ADEMA Indépendant que Sanogo a bien fait de casser. La personne a exécuter est bien ATT et ses ministres pour haute trahison. qui d’entre eux a démissionner pour dire qu’il n’est pas d’accord. Macky Sall l’avait fait au Sénégal et voyer la suite. Nous nous avons des intellectuels indignes
Sanogo et ATT doivent etre mis au poteau pour haute trahison du peuple malien… Et les militaires maliens doivent se cacher s’ils ont un peu honte. On n’a jamais vu des patriotes fuir quitte à mourir. Honte à l’armée malienne et à ces fumistes qui les soutiennent à Bamako.
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