Le département des Mines a organisé, la semaine dernière, à la Maison de la Presse, une conférence de presse. Objectif : restituer les résultats de l’enquête, réalisée sur la situation des enfants sur les sites d’orpaillage au Mali ; mais aussi, sur l’utilisation des produits toxiques comme le mercure, dans le traitement du minerais et son impact sur l’environnent. La conférence était animée par le Colonel-major Allaye Diakité, Haut fonctionnaire de Défense au ministère des Mines, assisté d’autres membres de la mission d’enquête.
Autre objectif de cette mission du département des Mines : préparer une réplique à Human Rights Watch qui a fait, à travers un rapport, de «graves et fausses révélations» sur la situation des enfants sur les sites d’orpaillage.
Publié et surmédiatisé en 2011, ce rapport de Human Rights Watch révèle que les enfants sont utilisés dans l’orpaillage au Mali. Comme si cela ne suffisait pas, Human Rights Watch ajoute que sur tous les sites d’orpaillage, les enfants manipulent les produits toxiques comme le cyanure et le mercure.
Surpris par ces révélations, le département des Mines dépêche une équipe d’enquête sur les lieux. Afin de tirer les choses au clair. L’équipe d’enquête était composée de représentants de la Direction Nationale de la Géologie et des Mines, de ceux du ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, de l’AMDH, de l’UNICEF, de la sécurité. Bref, des représentants de tous les secteurs concernés par l’orpaillage, la protection des enfants et de l’environnement.
L’équipe d’enquête, indique le conférencier, a sillonné, du 22 décembre 2011 au 8 février 2012, les 16 sites d’orpaillage répertoriés pour constater de visu, ce qui s’y passe.
A l’issue de la mission, les enquêteurs s’inscrivent en faux contre le contenu du rapport de Human Rights Watch. Selon le chef de la mission, Colonel-major Allaye Diakité, Human Rights watch confond «présence des enfants sur les sites d’orpaillage et travail des enfants». Il reconnait que beaucoup de parents se font accompagner de leurs enfants sur les sites d’orpaillage. Mais c’est pour leur sécurité. Rien de plus. Quand on sait qu’il n’y a personne au village pour s’occuper de ces enfants. Dans notre société, ajoute-t-il, il n’est secret pour personne que l’enfant du forgeron assiste son père dans la forge et celui du paysan accompagne son père au champ. Mais la part des choses est faite entre cette valeur sociale et le travail des enfants. Le conférencier a, également rappelé que la protection des enfants est une exigence, dans notre société depuis la Charte de Kuru- Kanfouga. Mieux, le Mali a ratifié toutes les conventions relatives à la protection des enfants et veille à leur respect.
Pour les conférenciers, le complot de Human Rights Watch a été minutieusement préparé. Selon des témoignages recueillis par la mission d’enquête, cette organisation n’a pas hésité à construire une école aux cotés d’un site d’orpaillage pour «donner de l’eau à son moulin». Des villageois ont vu des agents de cette même organisation profiter de la récréation, pour amener les écoliers devant de «vieux trous d’orpaillage» pour les photographier.
S’agissant des produits toxiques, les enquêteurs indiquent n’avoir vu aucun cas d’utilisation de ces produits par un enfant. Mais ils s’inquiètent de constater la présence de ces produits sur les sites d’orpaillage.
Pour col-Major Diakité, les orpailleurs maliens utilisent, rarement, ces produits. Ils ont été introduits sur les sites d’orpaillage par les Burkinabé, les Guinéens et les Sénégalais. Mais il rassure que des mesures sont en train d’être prises pour interdire l’utilisation des produits toxiques dans l’orpaillage.
Pour toutes ces raisons et d’autres encore, les autorités maliennes qualifient ce rapport de «tissu de mensonge», visant à torpiller la production d’or au Mali. Pour nombre d’observateurs, Human Rights Watch a tenté, à travers ce rapport, de faire croire à l’opinion internationale que l’or du Mali est tâché du sang d’enfants. Afin de décourager ses acheteurs. Ce rapport s’inscrit, indiquent les conférenciers, dans la perspective d’un sabotage de l’économie malienne. Une économie soutenue par le secteur minier.
Abou BERTHE