Lors de son séjour au Mali dans le cadre du suivi du processus de la Transition, le médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Goodluck Jonathan, a été reçu mardi par le chef de l’État, le colonel Assimi Goïta.
À sa sortie d’audience, l’envoyé spécial de la Cedeao, accompagné par le chef de la Minusma, El-Ghassim Wane, a confié à la presse l’importance de ce déplacement, intervenu à une période charnière pour notre pays. Il a rappelé que suivant les recommandations et les arrangements de la Cedeao, la Transition au Mali devrait prendre fin en 2024. «C’est dans cet esprit que nous nous sommes dit qu’il fallait mieux venir encore une fois échanger avec les autorités du Mali sur les difficultés d’ordre organisationnel de ce processus de transition», a expliqué Goodluck Jonathan.
Il a affirmé avoir notifié au président Goïta son appréciation par rapport à l’évolution du processus, notamment par la mise en place de certaines structures clés pour la bonne marche de la Transition. Parmi celles-ci, le médiateur de la Cedeao a cité la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) qu’il a saluée. «Nous avons félicité le président de la Transition et toutes les autorités maliennes pour la mise en place de cet organe qui est très important pour la gestion des élections à venir. Nous avons également apprécié la validation d’une carte biométrique qui va servir de cartes d’électeurs pour tous les Maliens », a confié l’ancien président nigérian.
Cependant, Goodluck Jonathan a reconnu qu’il était très difficile de pouvoir, durant ce processus de transition, réussir tous les défis à 100%. Toutefois, il dira que les échanges qu’il a eus avec le président de la Transition, font partie des conversations finales qu’ils auront avec lui étant donné que les élections sont pour 2024.
Le médiateur de la Cedeao a souligné que pendant son séjour, il a eu des échanges avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, le ministre en charge de l’Administration territoriale et avec d’autres membres du gouvernement afin d’avoir une idée claire et nette sur l’évolution du processus de transition. «Nous pensons que c’est en bonne voie et nous aimerions venir, peut-être, une prochaine fois pour le couronnement de ce processus de transition en République du Mali», a ajouté Goodluck Jonathan.
à la question de savoir s’il va plaider en faveur du Mali pour la levée des sanctions au regard des avancées qu’il a constatées, l’envoyé spécial de la Cedeao dira qu’ils sont engagés à aider le processus de transition et le processus politique au Mali. Mais aussi à faire en sorte que notre pays puisse s’en sortir sur le plan économique.
«Nous pensons qu’il y a des situations au niveau du Protocole de la Cedeao qui font que des sanctions sont prises contre un état qui dévie de la voie démocratique. Et ce ne sont pas des sanctions qui sont prises uniquement pour le cas du Mali», a expliqué Goodluck Jonathan. Il a soutenu qu’avant la situation du Mali, ces sanctions existaient déjà dans le Protocole de la Cedeao. Toutefois, il dira qu’ils continueront à travailler avec les autorités de la Transition du Mali afin de voir le bout du tunnel. « Cela nous permettra de nous faire entendre au niveau des autorités de la Cedeao afin qu’elles puissent revoir leur copie pour les sanctions qui sont imposées au Mali aujourd’hui », a-t-il indiqué.
AVEC LA CLASSE POLITIQUE ET LA SOCIÉTÉ CIVILE-Auparavant, le médiateur de la Cedeao avait participé, au Centre de formation des collectivités territoriales, à une réunion du cadre de concertation qui a regroupé, pour la première fois, la classe politique, la société civile et plusieurs membres du gouvernement, notamment le ministre d’état, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga. La rencontre visait également à évaluer l’exécution du chronogramme politique et électoral et échanger sur les difficultés de mise en œuvre en vue de donner les nouvelles orientations pour les actions futures.
Le ministre Maïga a saisi l’occasion pour brosser les activités réalisées par la Transition. Il s’agit, notamment de la remise au chef de l’état de l’avant-projet de la Constitution par la Commission chargée de sa rédaction, de l’installation des membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) et de la nomination des représentants de l’état dans le cadre du retour de l’administration.
Le colonel Abdoulaye Maïga a, par la suite, réitéré la volonté du gouvernement de poursuivre les efforts enclenchés, conformément à la vision du président de la Transition, qui visent essentiellement la refondation de l’état et le retour à un ordre constitutionnel. À ce titre, des actions significatives ont été menées et portent essentiellement sur la mise en place d’une Commission chargée de la finalisation de l’avant-projet de Constitution composée de l’ensemble des forces vives.
Sans oublier le démarrage et la poursuite effective des travaux de ladite Commission dont le rapport sera incessamment soumis au chef de l’état. Mais aussi la relecture de la Loi électorale pour prendre en compte les insuffisances constatées, parmi lesquelles l’institution de la carte nationale d’identité biométrique sécurisée comme carte d’électeur, en substitution à la carte d’électeur biométrique.
D’autres insuffisances ont trait au vote par anticipation des membres des Forces armées et de sécurité afin qu’elles puissent se consacrer à la sécurisation des opérations électorales les jours de scrutins. L’adoption du projet de loi portant modification de la Loi électorale et des projets de textes relatifs à la réorganisation administrative et territoriale par le Conseil national de Transition (CNT), en sa séance plénière du 20 février dernier, fait également partie des actions.
« Encore une fois, il faut rappeler que la dynamique enclenchée par le gouvernement est une traduction de la vision du président de la Transition de réussir la mise en œuvre des réformes politiques majeures et l’organisation d’élections transparentes, crédibles, justes et apaisées afin d’éviter les crises électorales », a insisté le ministre chargé de l’Administration territoriale.
De son côté, le médiateur de la Cedeao a salué les avancées réalisées depuis 2020. Goodluck Jonathan dira qu’il ne peut se vanter d’avoir réussi sa tâche jusqu’à ce que les institutions appropriées où les personnes devant être bien élues, soient mises en place. L’ancien président nigérian a salué la mise en place de l’Aige, rappelant que cela faisait partie des exigences de la classe politique et de la société civile. Il a aussi félicité l’inclusivité qui a été autour de la mise en place de l’Autorité. Laquelle a des représentants de la classe politique et de la société civile.
En outre, l’émissaire de l’organisation sous-régionale s’est réjoui du fait que le gouvernement a régulièrement interagi avec les acteurs politiques et les membres de la société civile. Il a demandé à ces derniers de continuer à travailler avec les autorités. «S’il y a des problèmes ou des insuffisances, que vous discutiez avec le gouvernement pour voir comment y trouver des solutions», a conseillé Goodluck Jonathan.
LEVÉE DES SANCTIONS- Au nom des partis politiques présents, en sa qualité de doyen, le président du Rassemblement pour le développement et la solidarité (RDS), Pr Younouss Hamèye Dicko, a remercié le médiateur de la Cedeao pour ses efforts en vue du retour de la paix et de la sécurité dans notre pays. Selon lui, les réformes politiques et institutionnelles avancent à grands pas. Il dira que les Forces de défense et de sécurité de notre pays, de jour en jour, grossissent en puissance et en nombre, honorent la Nation qui en est fière.
Malgré la face multiple du terrorisme et la main blanche qui le nourrit, nos hommes en uniforme remportent des victoires éclatantes, a ajouté le leader politique. Pr Younouss Hamèye Dicko a invité l’hôte de marque à transmettre à l’organisation sous-régionale la demande des partis politiques qui est la levée des sanctions contre le Mali pour aider la victoire inéluctable.
Pour sa part, le président du Conseil national de la société civile, Bouréima Allaye Touré, a souligné qu’il y a l’inclusivité autour du processus de transition. Il a aussi salué le cadre de concertation qui existe entre le gouvernement et la société civile qui leur a permis de discuter sur le chronogramme des réformes politiques et institutionnelles. Mais également sur beaucoup d’autres activités. «Nous n’avons ménagé aucun effort pour que nos critiques et propositions soient entendues par le gouvernement, les citoyens et nos amis», a-t-il confié.
Après le retrait du médiateur et sa délégation, des responsables politiques et de la société civile ont, tour à tour, pris la parole pour exprimer leurs préoccupations. Lesquelles tournent principalement autour du respect du chronogramme des élections, du fichier électoral et de la carte biométrique de la Cedeao. À toutes ces questions, les membres du gouvernement présents ont apporté des éléments de réponse.
Dieudonné DIAMA
Bembablin DOUMBIA