Le Féticheur Daouda YATTARA en exclusivité : “Je n’ai pas besoin ni de l’aide ni de la compassion de personne”

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    C’est ce jeudi 05 juillet 2007 que le procès de Daouda Yattara dit “Sitanè”, accusé d’assassinat et de son présumé complice Modibo Keïta dit Van s’ouvre à la Cour d’Appel de Bamako transformée en Cour d’assises du 25 juin 2007 au 13 juillet 2007. A deux jours du démarrage de ce procès tant attendu, du fait de la célébrité du principal accusé au sein de la confrérie des chasseurs, il nous a accordé une interview exclusive du fond de sa cellule à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako.

    Dans l’entretien qui suit, Daouda Yattara nous parle des péripéties de son arrêtation le 06 avril 2005, de ses relations avec des leaders de la réligion musulmane au Mali, de la disparition tragique et miraculeuse de certaines personnalités civiles et militaires qui ont été plus ou moins impliquées dans cette affaire, et enfin du procès proprement dit qui s’ouvre ce jeudi 05 juillet 2007 dans la salle d’audiences Boubacar Sidibé de la Cour d’Appel de Yirimadio en commune VI du District de Bamako. Le féticheur Daouda Yattara dit “Sitanè” en exclusivité. Lisez plutôt!

    Nouvel Horizon : Daouda Yattara dit “Sitanè” bonjour, après plus de deux années passées en prison, comment vous vous sentez?

    Daouda Yattara : Je me porte à merveille, je suis en bonne santé, Dieu merci, le morale est au top. Je me suis fait arrêté le mercredi 06 avril 2005 à Bamako. De cette date à maintenant, cela fait deux ans et trois mois.

    Nouvel Horizon : Vous êtes actuellement à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako. Est-ce que vous vous plaignez des conditions de votre détention?

    Daouda Yattara : Je me plaints beaucoup de l’état de ma cellule de détention qui n’a pas de fenêtre. Il fait extrêmement chaud là dans et très sombre en cas de coupure d’électricité. Pour ceux qui connaissent la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako, là où je suis incarcéré se fait appelé la “Mutarde”. C’est le plus mauvais endroit de la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako (MCAB). Mais malgré les conditions très pénibles de ma détention, je reste égal à moi même. je suis un homme de parole et de vérité, un vrai “Kankelentigui”.

    Nouvel Horizon : Est-ce que vous pouvez-nous expliquer les conditions dans lesquelles on vous arrêté?

    Daouda Yattara : On ne m’a pas arrêté, je me suis rendu plutôt aux gendarmes du camp I où je suis resté en garde -à- vue pendant une semaine (du 06 au 13 avril 2005) avant mon transfert à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako le 13 avril 2005. C’est par l’entremise de l’Inspecteur de police feu Ahmed Yattara, mon grand frère, paix à son âme qu’on m’a informé de me rendre à l’Aéroport International de Bamako-Sénou pour affaire me concernant. De l’Aéroport on m’a dit que c’est plutôt au camp I de la Gendarmerie nationale. Donc, c’est grâce aux conseils de mon grand frère pour la manifestation de la vérité que je me suis rendu au camp I.

    Nouvel Horizon : Pendant une semaine, vous êtes resté en garde à vue au camp I. Quel souvenir gardez-vous de votre passage au camp I?

    Daouda Yattara : J’ai souvenance de deux officiers du camp I: le lieutenant Cheick Oumar N’Diaye qui était à l’époque le chef de la Brigade de Recherches et le Capitaine Abdoulaye Diakité qui était le Chef de la Brigade d’Investigations Judiciaires. Je garde un bon souvenir du premier c’est-à-dire N’Diaye que je respecte beaucoup.

    Durant tout le temps que j’ai passé au camp I, c’est lui qui partait me saluer chaque matin de bonne heure. En plus, il me payait de la boisson et me donnait de bons conseils. Pour son respect envers moi, je ne peut pas oublier N’Diaye. Par contre, je ne pardonnerai jamais au Capitaine Abdoulaye Diakité mort à la suite d’un accident de la circulation pour avoir tenté de m’humilier. C’est lui qui a creusé des trous partout dans ma concession et aux alentours à la recherche d’hypothétiques cadavres que j’aurai enfouis. Il n’a rien trouvé puisque je n’ai tué personne. C’est encore le même Abdoulaye Diakité qui est la cause du décès de mon grand frère, l’Inspecteur de police Ahmed Yattara. Puisque c’est grâce à mon frère que je me suis rendu au camp I, je l’ai déjà dit ils l’ont retenu comme étant un de mes complices.

    Ahmed est tombé malade pendant son incarcération; et on a demandé au capitaine Abdoulaye Diakité avec un certificat médical à l’appui sa mise en liberté provisoire afin qu’il se soigne, mais Abdoulaye Diakité refusa en vain. C’est quand il a senti que Ahmed ne peut plus se relever de la maladie qui le rongea qu’il la mis en liberté. Mais trop tard car, quatre jours après mon grand frère a rendu l’âme.

    Tout s’est passé devant Dieu, trois jours juste après la mort de Ahmed, le Capitaine Abdoulaye Diakité aussi est décédé brutalement suite à un accident de la circulation. Lui, je ne le pardonnerai jamais!

    Nouvel Horizon : La disparition de ces deux personnes a été suivie de celle de cinq autres personnes également présumées impliquées dans votre affaire. Les mauvaises langues ont insinué cela à une malédiction ou à un mauvais sort. Pouvez-vous vous prononcer sur ces incidents malheureux?

    Daouda Yattara : Je n’ai aucun commentaire à faire sur ces morts d’hommes; à par celle du Capitaine Abdoulaye Diakité dont je me réjoui très sincèrement.

    Nouvel Horizon : Dans votre dossier, on évoque le nom d’un certain Modibo Keïta dit Van qui serait votre complice. Quelles sont vos relations avec Van?

    Daouda Yattara : Il n’y a absolument rien entre le nommé Modibo Keïta et moi. Les gens m’ont connu comme étant un prestataire de services en sciences occultes. C’est dans ce cadre que j’ai connu la femme de Van qui est l’une de mes nombreuses clientes.

    Nouvel Horizon : Durant votre détention à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako, vous avez reçu de la part d’un musulman un Coran, une tapie de prière un chapelet. Etes vous devenu musulman par la suite?

    Daouda Yattara : Pour l’instant, je n’ai pas encore commencé à prier or, la prière est l’un des piliers essentiels de la religion musulmane. Quand on m’envoyait en prison, je ne priait pas; si je commence à pratiquer la religion musulmane en prison, cela serait été interprété autrement. Tout de même, j’ai beaucoup d’estime et de respect envers Ousmane Madani Chérif Haïdara, El Hadj Issiaka Traoré de l’AMUPI et Soufi Adama. Je profite de votre tribune pour saluer ces trois personnages très respectueusement. La prison a été une école pour moi, j’ai compris beaucoup de choses ici. Après ma libération, on verra bien ce que je veux devenir.

    Nouvel Horizon : C’est ce jeudi 05 juillet 2007 que vous allez comparaître à la barre. A quelques jours de votre comparution, êtres-vous confiant?

    Daouda Yattara : Je suis vraiment confiant: confiant en moi-même, confiant en la justice de mon pays. Je ne suis pas un assassin; de ce fait, je n’ai besoin ni de la compassion, ni de l’aide de personne. J’insiste sur ces deux points car, je ne suis pas coupable.

    Nouvel Horizon : Avez-vous un dernier mot?

    Daouda Yattara : Que la vérité triomphe!

    Interview réalisée par Daba Balla KEITA

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