Le Camerounais Etienne Bruno Mubé, promoteur d’établissements hôteliers à Bamako à propos de la crise sociopolitique: ” Les Maliens ont quelque chose en commun: le dialogue. Je suis persuadé que c’est le seul moyen qui les sortira de l’impasse… ”

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Etienne Bruno Mubé est un Camerounais qui a choisi le Mali comme sa seconde patrie. Douze ans qu’ il y a élu domicile, Bruno se sent à l’aise dans ce pays qui l’a accueilli à bras ouverts et qui lui a permis d’investir. Président de l’Union des Camerounais du Mali (Ucama) de 2010 à 2012, il est présentement le président d’honneur de la même association. Durant son mandat jusqu’à nos jours,  M. Mubé se bat pour l’ouverture d’un consulat honoraire du Cameroun au Mali, car connaissant les difficultés auxquelles sont confrontés ses compatriotes vivant en terre malienne ou en transit. Il est le promoteur de cinq établissements hôteliers. Avec cet investissement, M. Mubé prend en charge cinquante Maliens qui travaillent avec lui, avec de  bons salaires et qui sont payés de façon régulière. Il nous a accordé un entretien exclusif dans lequel il nous parle de sa vie au Mali, sa démarche par rapport à l’ouverture très prochaine d’un consulat du Cameroun au Mali et des méfaits de la crise dans le secteur du tourisme.

Hôtel de l'amitié

L‘Indépendant Weekend: Vous avez été président de l’union des Camerounais  du Mali durant un mandat et aujourd’hui vous êtes président d’honneur de la même association. Comment jugez-vous le comportement de vos compatriotes en terre malienne ?

Ils se comportent bien dans l’ensemble même s’il y a toujours les brebis galeuses. A ma connaissance  ca va. C’est aussi le lieu de dire que la majorité des Camerounais se trouvant ici sont pour la plupart en transit pour les pays du Maghreb et ce sont eux qui généralement nous posent beaucoup de problèmes.

Des  problèmes de quel genre ?

Généralement, quand ils arrivent au Mali, ils n’ont pas où loger et souvent même leur frais de séjour finit en cours de route ou encore leur pièce d’identité arrive à expiration avant qu’ils ne partent. N’ayant pas d’Ambassade ici, ni de Consulat car notre représentation  se trouvant plutôt au Sénégal, c’est compliqué pour eux car pour y aller il leur faut un visa et, entre temps, leur pièce a expirée. Alors impossible pour eux de se déplacer. Ce qui fait que nous sommes souvent interpellés pour ces cas.

C’est vrai que chaque Camerounais, avant de décider de voyager, devrait se rassurer de la conformité de ses pièces et non se faire surprendre au cours de son  voyage. Alors comment gérez-vous ces cas et avez-vous un budget alloué à cela ?

Non pas du tout. Budget venant d’où ou de qui ? Ce sont  d’autres membres de l’Ucama et moi qui faisons généralement ces gestes de bienfaisance juste parce que nous ne pouvons pas laisser nos compatriotes en détresse. Pour gérer le cas des cartes d’identité arrivées à expiration, l’intéressé envoie les photos et le dossier à l’Ambassade qui confectionne sa carte et renvoie tout cela par des moyens de transport ou bien par des personnes qui effectuent le voyage sur Dakar.

Avec toutes ces tracasseries, n’avez-vous pas  pensé faire des démarches pour l’ouverture d’un Consulat Honoraire du Cameroun au Mali?

Vu justement toutes ces tracasseries j’ai pensé qu’il serait bien que les Camerounais aient un Consulat au Mali, mais comme vous le savez il y a toute une procédure à suivre. Comme première étape  notre Ambassadeur doit présenter d’abord ses lettres de créance au Mali. Après cela, nous serons crédibles et pourrions en ce moment entamer les démarches pour l’ouverture du Consulat sous la houlette bien sûr de l’Ambassadeur.

 Qu’est-ce que l’ouverture d’un Consulat du Cameroun au Mali peut  lui rapporter?

Car le problème de la prise en charge peut être un inconvénient.

Les bénéfices et même les avantages sont nombreux. Par exemple, nous avons beaucoup de partenaires ici au Mali qui aimeraient tâter le terrain au Cameroun. Mais quand il faut aller jusqu’à Dakar pour la demande de visa vous convenez avec moi que c’est une perte de temps et d’argent. En plus nous avons des compatriotes qui font des enfants ici au Mali et ces enfants doivent être reconnus. Si ce n’est qu’un problème de prise en charge, nous pouvons pour un départ prendre les locaux et le personnel en charge, car nous sommes prêts.

 Dans les années 60 les présidents feux Amadou Ahidjo du Cameroun et Modibo Kéïta du Mali avaient signé un accord, permettant aux citoyens des deux pays de se déplacer sans visa, ni séjour. Comment percevez-vous de nos jours cet accord ?

ça été un accord de génie et je pense qu’à cette époque ces deux présidents ont voulu que les autres présidents prennent en exemple cet accord. Si les pays africains avaient suivi cet exemple, je suis convaincu que ce continent aurait eu quelque chose de plus durant tout ce temps. La libre circulation des personnes et des biens est plus qu’importante dans ce continent. Quand nos chefs d’Etat comprendront cela  nous évoluerons.

Cet accord est-il effectif de nos jours ?

Bien sûr. Je me prends pour exemple. Je suis vraiment chez moi ici au Mali d’autant plus qu’il suffit que je présente juste ma carte d’identité lors d’un contrôle. Quand je voyage je n’ai pas besoin de prendre un visa et franchement ça me fait gagner en temps et en argent.

Le Mali traverse depuis quelques mois une crise sociopolitique. Vous, en tant  que promoteur d’établissements hôteliers, comment percevez-vous cette crise et quel  impact a-t-elle  dans ce secteur?

La crise n’a pas été salutaire quand on connait ses inconvénients, mais c’est fait, alors maintenant il faut tourner la page et  se projeter vers l’avenir. C’est-à-dire laisser les querelles et intérêts personnels et se soucier de l’intérêt de toute la nation. Dans notre secteur, j’avoue que c’est le KO. Nous connaissons une chute de plus de 80% de nos activités. La  situation est vraiment chaotique et j’espère que nos frères  maliens vont se ressaisir et parler le même langage afin que les activités reprennent normalement.

Avez-vous été victime de pillage lors des évènements ? Si oui à combien s’élève le coût des dégâts ?

Oui, j’ai été victime dans l’un de mes hôtels qui se trouve vers le stade du 26 mars. Il a été cassé et pillé les premières heures de l’évènement par des personnes armées qui ont vidé tout le stock de boissons que j’avais et détruit certains de mes appareils. Le coût des dégâts est énorme.

Avez-vous engagé une procédure judiciaire afin d’être dédommagé ?

Non, je considère que c’est un perte due aux évènements.

Vous avez passé douze ans au Mali, ce qui veut dire que vous connaissez assez ce pays. Quelles suggestions feriez-vous pour la sortie de crise ?

Les Maliens ont quelque chose en commun que j’ai toujours apprécié, c’est leur sens du social et surtout du dialogue. C’est un peuple très tolérant. Alors pour la sortie de crise, je demanderai aux Maliens de se pardonner, de laisser les calculs d’intérêt et de mettre en pratique ce qu’ils ont en commun: le dialogue. C’est le seul moyen qui va aboutir à la libération de ce pays que nous aimons tant.

Avez-vous un message à faire passer ?

Juste un merci pour tout le bien et l’estime que les Maliens ont à l’endroit de la communauté camerounaise vivant au Mali. Nous sommes conscients de l’importance et surtout de l’accueil que ce pays nous donne. Nous sommes ici au Mali chez nous et c’est la seule chose qui nous reste pour être fiers d’être africains. Et à tous les Maliens, nous disons que nous partageons ensemble tous ces moments de détresse et prions tous les jours pour que le Mali retrouve la paix d’antan. Puisse le Tout Puissant sortir le Mali de cette pagaille !

            Clarisse NJIKAM

cnjikam2007@yahoo.fr

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3 COMMENTAIRES

  1. Mr le promoteur immobilier loue la capacité de dialogue des maliens, qu´il sache que le Mali est maintenant attaqué par quelques frères traitres et des étrangers notamment :des Mauritaniens(le chef du Mujao) des algériens (les émirs de AQMI)des Pakistanais que les Wahhabites ont introduit chez nous soit disant des prêcheurs de la bonne parole de Dieu et patati et patata….Parce qu´ils ont financé certains pèlerins venant de la Mecque pour construire quelques mosquées….
    Alors le dialogue entre maliens malheureusement ne suffira pas:

    IL FAUT CHASSER DE NOTRE MALI LE PLUS TÔT QUE POSSIBLE SES ISLAMISTES QUE JE QUALIFIE PLUTÔT DE MALADES MENTAUX!!!!

  2. Bruno est promoteur de chambre de passe et non d’hotel TEL QUE LAMIDO, NE NOUS MONTRE PAS L’HOTEL DE L’AMITIE. QUELLE FOUTAISE!

  3. Qu’ils justifient leur salaires nos militaires ; nous ne pouvons pas accepter que des militaires qui fuient le combat puissent venir prendre notre argents cadeau et pavaner dans les rues de Bamako laissant nos parents du Nord dans la souffrance. Quelle est la sanction prévue dans les textes militaires contre un délit de fuite ou d’abandon de poste en période de guerre d’un militaire ? Es ce que dans les textes militaires, il ya les termes replis tactique ou replis stratégique ? Pourquoi on n’applique pas la loi militaire à ces feuillards ? Nous voulons être remboursés, nous exigeons des justificatifs de salaire.

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