En moins de neuf mois de tractations, le président de la République vient de gagner un pari qui était plus qu’un défi. Réussir à sensibiliser les partenaires au développement, avoir leur adhésion et mobiliser les fonds en si peu de temps pour lancer le gigantesque Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement du Nord (PSPSDN), relevait de l’utopie pour bon nombre de gens. Mais, à cœur vaillant, dit-on, rien n’est impossible. Le président de la République vient donc de lancer la mise en œuvre dudit Programme. C’était à Koulouba le mardi dernier, 8 août 2011 en présence du Coordinateur national du Programme, Mohamed Ag Erlaf.
Après la cérémonie officielle de lancement qui s’est déroulée dans la matinée au Palais présidentiel, le Coordinateur du Programme, Mohamed Ag Erlaf, a rencontré les médias au siège du PSPSDN à Hamdallaye ACI. Il a expliqué qu’il y a moins d’un an que le président de la République, Amadou Toumani Touré définissait avec son Gouvernement une politique nationale de lutte contre l’insécurité et le terrorisme au Nord du Mali. Afin de concrétiser sa vision, le président ATT a tout d’abord partagé les axes stratégiques de sa politique et à plusieurs occasions avec les institutions de la République et ses compatriotes qui n’ont pas tardé à s’approprier la même vision. Ensuite, il a lui-même expliqué devant le Parlement européen sa magnifique thérapie contre l’insécurité au Nord.
Au même moment ou presque, le Ministre des Affaires Etrangères, plaidait le même dossier au siège des Nations Unies. Après, la Commission de l’Union Européenne, l’Union Africaine, et la CEDEAO ont été chacune concertées et impliquées dans le processus. Plus particulièrement, «les pays du champ», c’est-à-dire la Mauritanie, le Niger et l’Algérie ont également été associés au processus de réflexion sur cette politique.
Rarement une politique nécessitant de gros investissements n’a suscité autant d’enthousiasme de la part des partenaires financiers. Presque tous se sont bousculés au «Guichet du Mali» pour apporter leur soutien financier : l’Union Européenne, la France, le Danemark, l’Allemagne Fédérale, la Belgique, l’Espagne, la Suisse, la Grande Bretagne, le Canada, l’Algérie les Etats Unis, le PNUD et la Banque Mondiale.
La surprenante diligence des partenaires a permis d’élaborer dans un délai record, une politique, de créer le PSPSDN. Des Conventions de financement ont été signées, les marchés ont été déjà attribués et les travaux ont démarré sur le terrain depuis le mardi dernier, 08 août 2011.
Selon le coordinateur du Programme Mohamed Ag Erlaf, il s’agit d’une première phase d’un montant total de 6 451 424 000 de FCFA.
Ainsi, dans des zones les plus vulnérables où la pauvreté, le manque d’infrastructures et le chômage ont anéanti les espoirs, il sera réalisé un centre de santé, un internat, 16 forages prêts à être réceptionnés, une adduction d’eau, 2 banques de céréales. 500 femmes et jeunes à travers 366 activités génératrices de revenus, dans 50 communes des régions du Nord bénéficieront d’un financement de 732 millions de FCFA. Mieux, il est prévu de construire 5 espaces commerciaux de 85 boutiques, exploités par 100 jeunes opérateurs économiques locaux qui bénéficieront d’un fonds de roulement global de 150 millions FCFA.
Le programme ne s’arrête pas là. En vue d’assurer l’encadrement administratif et l’appui conseil aux populations, il sera réalisé une Préfecture avec logements et bureaux, 3 Sous-préfectures de même gamme, un hôtel de ville. En plus, la gouvernance du développement, d’après le conférencier lui-même, sera soutenue par un appui financier de 130 millions.
Le programme n’a rien laissé au hasard. Ainsi, il ne s’agit pas seulement de doter les communautés d’infrastructures administratives et de développement. Le Programme priorise le binôme Développement- Sécurité. C’est pourquoi, pour renforcer la sécurité et promouvoir le développement, le PSPSDN prévoit de réaliser dans les zones vulnérables, un Régiment de l’armée de terre, un Groupement de la garde nationale, 6 compagnies de la Garde nationale, quatre Brigades de gendarmerie, deux Commissariats de police et une Maison d’arrêt et de correction. Le tout sera soutenu par un appui financier de 250 millions FCFA.
Selon Ag Erlaf, «au terme de ce programme et en fonction de la soutenabilité de son incidence financière, les procédures d’institutions des primes de zones difficiles seront exécutées pour 200 millions FCFA».
Il faut aussi rappeler que pour cette seule première phase, ce sont 10 entreprises nationales de catégories A et B qui vont se partager un chiffre d’affaire de 6, 451 424 000 FCFA. Ce qui permettra, aux dires du conférencier, d’employer des centaines de jeunes désœuvrés et de booster l’économie locale par l’injection de nouveaux capitaux, notamment dans le commerce des produits de construction de bâtiments. Cette création de richesse permettra, à n’en pas douter, de réduire la pauvreté et offrira une alternative certaine pour les jeunes.
Avant de clôturer les échanges avec la presse, le Coordinateur a levé une équivoque de taille : «Il n’y a aucun chevauchement entre le PSPSDN et les autres programmes de développement dans les zones nord du Mali».
Rappelons que la seconde phase couvrira pour 25% la région de Gao, 70% pour Tombouctou et 5% pour Kidal pour une enveloppe de 22 milliards FCFA. La première phase coûtera 11 milliards FCFA.
Abdoulaye NIANGALY