La transition piétine, les leaders politiques broient du noir

7

Entre la junte militaire,  dont il ménage les susceptibilités, et le peuple malien, qui appelle de tous ses vœux le retour à une vie constitutionnelle normale, le Premier ministre de « pleins pouvoirs » ne sait où donner de la tête.

Dr Cheick Modibo Diarra

Trois mois après la mise en place de son gouvernement, aucun acte concret susceptible de redonner espoir aux Maliens. Ni dans la reconquête des 2/3 du territoire national aux mains des rebelles du MNLA et des alliés  islamistes : Ançar Dine, Aqmi, MUJAO etc…Ni dans la préparation des élections générales. Encore moins, dans l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens qui se dégradent, chaque jour. Au nord, comme au sud.

D’où l’exigence d’un gouvernement d’union nationale par les partis politiques et les associations de la société civile, conformément, à l’accord-cadre du 6 avril, entre le médiateur de la CEDEAO et le CNRDRE.

« Nous travaillons 17 heures, par jour, pour réussir la mission qui nous a été confiée », disait Cheick Modibo Diarra, chef du gouvernement de transition. C’était le………dernier à Paris, lors de sa rencontre avec la communauté malienne. Mais pour quel résultat ?

UN GOUVERNEMENT QUI NAVIGUE A VUE

Trois après sa mise en place, le gouvernement Cheick Modibo Diarra peine à prendre sa vitesse de croisière. Du nord au sud du pays, le temps semble s’être arrêté. L’espoir fait place au désespoir. Selon des statistiques non encore confirmées, sept familles sur dix peinent à se procurer trois repas par jour. Dans certains quartiers périphériques de notre capitale, la misère est si forte que certains chefs de famille sont obligés de quitter, dès l’aube et sur la pointe des pieds. Parce qu’ils ne disposent pas des 1000 ou 500 CFA pour faire bouillir la marmite.

Les caisses de l’Etat sont vides. Ou presque. Au lendemain du putsch du 22 mars, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, les partenaires techniques et financiers du Mali ont suspendu l’aide budgétaire qui lui est destinée : 600 milliards CFA. Ce n’est pas tout. Au cours de ces trois derniers mois, les trois services de l’assiette (douane, impôts, domaines) ont perdu, environ, 80 milliards CFA.

Dans notre capitale, les entreprises privées baissent les rideaux, les unes après les autres. Les hôtels, les usines, les sociétés d’importation et d’exportation…mettent la clé sous la porte. Rien que la fermeture du Grand-Hôtel a mis 75 travailleurs en chômage technique.

PETITS ARRANGEMENTS ENTR’AMIS

C’est pour mettre fin au calvaire du peuple malien, d’une part, et, d’autre part, favoriser le retour à une vie constitutionnelle normale, que l’ONU, la CEDEAO et l’UA ont exigé, récemment, la dissolution du CNRDRE. Mais aussi, le retour de la junte militaire dans les casernes pour y préparer la reconquête des régions du nord.

Pour contourner cette exigence, le Premier ministre de « pleins pouvoirs » a trouvé la parade : l’adoption par le conseil des ministres, le 12 juin, d’un projet de loi portant création d’un Comité Militaire de Suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité. Selon le communiqué du gouvernement, ce Comité Militaire, qui absorbera le CNRDRE, a deux objectifs : équiper et moderniser l’armée, afin de lui permettre de faire face à sa mission de défense du territoire national. Du moins, si ce projet de loi est adopté par l’Assemblée nationale.

Reste, cependant, une question sans réponse : quel sera le pouvoir réel de ce Comité militaire dans le processus de transition. Quand on sait que la junte militaire dispose, déjà, de trois ministres dans le gouvernement de transition : la défense, la sécurité et l’administration territoriale. A noter, aussi, que le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a été nommé par le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de la junte militaire.

VERS LA DISSOLUTION DU GOUVERNEMENT DE TRANSITION ?

A neuf mois de la fin de sa mission, le gouvernement de transition peine à faire face à ses deux missions : reconquérir les régions du nord et préparer les futures élections générales. Une œuvre titanesque pour si peu de temps. D’où l’exigence d’un gouvernement d’union nationale par les leaders politiques et ceux de la société civile. Et ce, disent-ils, conformément, à l’accord-cadre du 6 avril entre le médiateur de la CEDEAO et le CNRDRE.

Pour contrecarrer la dissolution de son gouvernement, le Premier ministre de « pleins pouvoirs » trouve une autre astuce : la création d’un organe consultatif, regroupant les partis politiques et la société civile. Par ce geste, Dr Cheick Modibo Diarra entend faire plaisir à la classe politique. Et, du coup, lui faire oublier son projet : la dissolution du gouvernement de transition.

Mais, contrairement à ce que Cheick Modibo Diarra espérait à l’issue de sa rencontre avec les leaders de la classe politique et de la société civile, la mayonnaise n’a pas pris. Ils ont émis des réserves sur le projet du Premier ministre. « Sur les 12 mois dont dispose le gouvernement de transition pour reconquérir les régions du nord et préparer les élections générales avec un fichier électoral fiable, il a déjà perdu 3 mois sans poser le moindre geste dans ce sens », déplore un leader politique à l’issue de l’audience que le chef du gouvernement leur a accordée. Et un autre d’ajouter, l’air déçu : « Il faut faire partir ce gouvernement de copains et de coquins, qui peine à sortir le pays de cette impasse ».

Oumar Babi   

 

Commentaires via Facebook :

7 COMMENTAIRES

  1. Il est évident que si les choses bougeaient un tant soi peu, personne n’aurait exigé le retour immédiat des politiciens. A part des communiqués, condamnations, des réunions et des voyages, nous maliens ordinaires n’avons absolument rien vu de concret. Au contraire, diversion sur diversion : arrestations et libérations intempestives, vols, pillages, viols jusqu’à Mopti, intimidations des journalistes, coups de marteau, assassinats. Retour de Balla et famille. Opposition à l’aide de la CEDEAO. Et c’est ATT et les politiciens d’antan qui seraient responsables de cela ! Ce sont les populations aux mains nues qui souffrent le martyr, subissent toutes les privations et se battent au Nord. En définitive, face à un gouvernement et une armée fantoches QUI NE PEUVENT REAGIR QUE SOUS LA PRESSION NATIONALE OU INTERNATIONALE, c’est la société civile malienne qui est responsable de toute cette impasse.

  2. Quand on dit aux maliens l’apparence et bonne gouvernance pour eux c’est de dévoiler comment les militaires doivent attaquer et avec quelle stratégie. Accepter sans principe si sa part est dans le gâteau, le confort sans effort, les solutions faciles. Mais lorsqu’il s’agit de savoir comment l’argent du peuple a été utilisé c’est le grand silence.
    Nous tous devront être solidaires au gouvernement tenant compte de la situation du pays et surtout lui exiger un résultat et non de lui mettre des bâtons entre ses pieds.

  3. Les poliiciens de tout bord craignent que CMD reussit là où ils ont échoué 20 ans durant. Ce Monsieur est entrain de nétoyer 20 ans de perversités politique et économique. Il réapprend au Maliens les vertus de l’honneur et le sens du devoir. Sa reussite sonnera le glas de ces vermines politiciens qui verront leurs interets s’effondrer. Doucement, mais surement, il donnera au Mali une autre image digne des grandes nations.

  4. Amen. Je suis d’accord avec vous mon frere. Mais il est grand temps qu’on trouve une issue de sortie de cette crise et pour ce faire je crois que nos militaires ont besoin d’une bonne dose de motivation. POUR CELA JE PROPOSE L’EXECUTION DE CE OISEAU DE MAUVAISE AUGURE DE SANOGO devant un peleton d’execution pour haute trahison. Cela servira de lecon a tous ceux qui voudront faire des coups d’etat dans l’avenir et montrera a ces “ZENFANTS YA PAS DE COEUR” de soldats ce qui les attent s’ils fuient le combat la prochaine fois!!! 👿 👿 👿

    • “La loi du plus fort”. Les americains ne connaissent que ça. L’erreur est pour eux, le crime est pour les plus faibles. Vous n’aviez qu’à mieux gérer le pays, le doter d’unhe armée digne de ce nom, au contraire, vous avez volé, violé, tué…. Sanogo est votre recompense. Tuez le, il en viendra tant que vous restez inconscients.

  5. Amen. Je suis d’accord avec vous mon frere. Mais il est grand temps qu’on trouve une issue de sortie de cette crise et pour ce faire je crois que nos militaires ont besoin d’une bonne dose de motivation. POUR CELA JE PROPOSE L’EXECUTION DE CE OISEAU DE MAUVAISE AUGURE DE SANOGO devant un peleton d’execution pour haute trahison. Cela servira de lecon a tous ceux qui voudront faire des coups d’etat dans l’avenir et montrera a ces “ZENFANTS YA PAS DE COEUR” de soldats ce qui les attent s’ils fuient le combat la prochaine fois!!!

  6. Mr. le journaliste svp informe les Maliens et donne-leur de l’espoir pour un lendemain meilleur.Quand vous dites que le gouvernement piétine,vous ne faites pas allusion aux difficultés que les politiciens sont entrain de lui créer parcequ’ils n’en font pas parti. Les caisses de l’Etat sont vides,qui les a vider tu les connais un a un,les as-tu dénoncé avec ta plume?Au lieu de s’acharner sur ce gouvernement de l’espoir des pauvres,il faut les encourager.As-tu la nostalgie du règne d’ATT? Ce Gouvernement ne dispose pas d’une baguette magique pour régler les problèmes de 20 ans en l’epace de 3 mois.Que Dieu nous aide

Comments are closed.