Mercredi 7 janvier, les locaux du journal satirique français Charlie Hebdo ont fait l’objet d’un attentat violent et meurtrier. Bilan : douze morts et une douzaine de blessés dont certains dans un état grave. Le lendemain, les terroristes ont encore frappé en tuant une femme policier avant de prendre en otage, le surlendemain, en deux endroits différents, une quinzaine de personnes. Un double assaut, au cours duquel les trois terroristes ont été tués, a mis fin à trois journées de barbarie et de violence gratuites.
Quarante-huit heures plus tard, dimanche 11 janvier, pour conjurer le risque d’une escalade d’une autre violence, née cette fois de l’amalgame entre islam et terrorisme et de la stigmatisation des musulmans, une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement était aux côtés du président Hollande de France pour une « marche républicaine » Parmi eux, le président malien Ibrahim Boubacar Kéita et certains de ses homologues africains. Tous ont pleuré les morts et compati à la douleur des familles éplorées. Tous ont fait comprendre qu’ils ont fait le déplacement en signe de solidarité envers la France. Pour IBK, il y a plus : un devoir moral et une obligation d’être reconnaissant à la France qui est en train de l’aider à se débarrasser de ses propres terroristes. Mais ces signes- solidarité et reconnaissance- sont-ils suffisants ? Non ! D’abord parce que ces terroristes, qui pullulent depuis quelques années en Occident et en Orient, proviennent de plus en plus de l’Afrique, d’où ils sont originaires ou où ils ont été entrainés à donner la mort au nom de l’islam. Ensuite, parce que si ces terroristes ont fui leur pays pour se réfugier en Occident c’est pour y faire le jihad.
Venus d’Afrique
Ils ont quitté leurs pays d’origine des conditions misérables, qui s’enveniment d’année en année à cause de la gestion désastreuse et calamiteuse de responsables irresponsables. Aller marcher à Paris en versant des larmes- et en scandant aux côtés de Charlie 1er- est aussi une manière pour ces dirigeants actuels, élus plus ou moins démocratiquement, de réparer les erreurs de leurs prédécesseurs et expier leurs fautes, mais pleurnicher ne suffit pas : il faut véritablement être Charlie. Comment ? Déjà, en instruisant aux médias publics d’Etat sur lesquels ils ont une main mise totale d’afficher cette assertion : « nous sommes Charlie ». Il faut pousser à fond la solidarité et s’assumer. Or, à ce jour, ni l’Ortm, ni TM2, ni l’Essor n’ont brandi cette affichette. Quand on sait que ces organes sont à l’ordre, il est loisible de comprendre qu’ils n’ont encore reçu aucune instruction dans ce sens. Ils ne sont pas les seuls à faire encore preuve de retenue. Les médias privés, qui ont été les principales victimes de la tragédie du 7 janvier, et qui ne seront peut-être plus épargnés dans l’avenir, ici au Mali ne se montrent toujours pas solidaires de Charlie Hebdo, à part le quotidien privé « L’Indépendant ».
Ces mêmes médias, concernant d’autres acteurs de la scène publique, n’auraient pas hésité à confondre cette retenue avec la peur et la lâcheté. Ils ne se seraient pas trompés.
Même Haïdara condamne
Pourtant les autorités et les médias n’ont aucune raison d’avoir peur même dans un pays qu’ont dit musulman à plus de 95%. En effet, le leader religieux, Chérif El Madani Haïdara, même s’il n’est pas plus Charlie que Jean Marie Le Pen, a condamné les attentats meurtriers en France tout comme il avait condamné les exactions commises dans le nord du Mali au nom de l’islam. Dans le monde, des associations musulmanes ont condamné le 7 janvier tout en réprouvant les caricatures.
Le chef de l’Etat et ses pairs frileux feraient mieux de suivre l’exemple de ce guide spirituel qui s’assume. Ce faisant, ils contribueront plus grandement à la consolidation de l’Etat de droit, mais, surtout, ils permettront de lever l’équivoque qui a conduit à ce qui s’est passé en France et en Allemagne, où des actes islamophobes sont quotidiennement enregistrés parce que l’amalgame est fait entre islam et terrorisme. Et pour prouver à la face de l’Occident que musulman ne veut pas dire intégriste, Angela Merckel, la chancelière allemande, a marché mardi dernier aux côtés d’associations musulmanes qui entendaient protester contre l’islamophobie dont elles sont régulièrement victimes.
Alors messieurs les présidents, soyez Charlie et non charlot.
Cheick TANDINA
Ibk Traitre lache
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