La justice aux portes de l’armée : Juger qui pour laisser qui ?

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    Doter nos forces armées et de sécurité de cadre pratique pour les juger et mieux les encadrer, tel est l’un des buts cherché par les plus hautes autorités du pays, à travers la construction de la Direction de la justice militaire avec son tribunal de Bamako, sis à Dar salam. L’inauguration des locaux a eu lieu le mercredi 12 Janvier aux environs de 17 heures, sous la présidence du Chef Suprême des armées. Le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, des gradés et hauts gradés de l’armée et diplomates étrangers y ont assisté. Mais, jusqu’où ira cette justice militaire ? Tous les militaires, quel que soit le sous couvert et le grade, seront –ils justiciables ? Les attentes d’hommes de rangs qui ont le cœur gros, face à certains hauts gradés mal propres, seront –elles comblées ? Wait and see ! En tout cas, le tribunal militaire, sa nécessité n’est plus à démontrer, mais peut être un moyen de réglements de compte entre officiers (supérieurs aussi) d’une part, et entre ceux-ci et les hommes de rang.

     La concrétisation de cette initiative du Président Amadou Toumani TOURE est le résultat de nombreuses actions déjà entreprises dans ce sens depuis 1961. Les différents régimes qui se sont succédés, ont tous marqué de leur sceau l’instauration d’une justice au sein de notre armée, qui se veut républicaine, disciplinée, parfaitement instruite de ses missions au service de la nation, de la loi et de la justice. D’où la volonté du généralissime ATT à la doter d’infrastructures du genre judiciaire combien indispensable.

    Le tribunal militaire, du formalisme ou réalité ?

    Cependant, il y a énormément de la matière pour les responsables de ces nouvelles structures, pour qu’ils puissent commencer à travailler. Il n’est pas rare de rencontrer des porteurs d’inuforme, militaires, gendarmes et surtout policiers très indisciplinés, agissant en toute impunité. Pour un rien du tout, sans autant privilégier la sensibilisation, ils font usage de la violence, ou bien des cadres militaires piétinant les droits des subalternes au nom du respect du règlement

    Soulignons aussi, qu’installer de façon spectaculaire, dans un bâtiment flambant neuf avec des commodités, tout un arsenal judiciaire contre les abus de militaires indélicats est un fait, maintenant, amener les acteurs à appliquer correctement les textes de loi, contre toute infraction et ou délit commis par le militaire, en est un autre fait difficile à accomplir. La justice militaire sera-t-elle la copiée collée de sa mère (justice civile), gangrenée par la corruption, le népotisme et le favoritisme. Sans pour autant être pessimistes, nous osons affirmer que tous les ingrédients sont réunis pour ce faire.

    La justice militaire, selective ?

    Ce sont les militaires pauvres, et leurs enfants militaires sans sous couvert solide, les civils recrutés sans « bras longs » (c’est-à-dire bénéficiant d’appuis solides au sein de la sphère dirigeante militaire, très restreinte de l’Etat) qui risquent d’être les proies faciles du tribunal militaire.

    La grande muette (l’Armée) demeure le corps professionnel dans lequel la solidarité, la camaraderie, l’esprit d’appartenir à la même promotion, ou bien ‘’mon père est de la même classe que ton père’’, ‘’ton grand frère’’…sont très accentués. Ce sentiment de primauté du social sur l’application des règles de travail portera certainement un coup aux actions du tribunal militaire. Il n’est un secret pour personne, que notre armée et agents de sécurité comportent des privilégiés qu’on ne peut toucher.

    Ils sont nombreux, ces gradés et hauts gradés qui se sont illustrés dans l’art de détourner les émoluments des hommes de rang. Et la contestation est toujours étouffée dans l’œuf, car le militaire n’a pas le droit de manifester son amertume (grève), au risque de se voir au fond d’une cellule pour indiscipline ou trouble. Le règlement militaire l’interdit.

    Bany ZAN

     

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