La CPI au Mali : Des « tempêtes » en perspective !

Plus de repos pour le nouveau Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Mme Fatou Bensouda ! En effet, elle a annoncé qu’une enquête préliminaire sera ouverte pour déterminer si des crimes relevant de la compétence de la CPI ont été commis depuis l’éclatement de la crise malienne. Cette annonce a été faite après que le ministre malien de la Justice en ait fait la demande le mercredi 18 juillet. Une démarche qui rentre sans doute dans le cadre de l’une des recommandations du sommet de la CEDEAO du 7 juillet 2012.

Dans une crise malienne où toutes les forces ne sont pas à négliger, l’implication de la CPI pourrait être une pression de plus sur les groupes rebelles armés qui continuent de faire  subir le calvaire aux populations du Nord-Mali. Chaque jour, des échos en provenance du Nord font cas de violations fréquentes des droits de l’homme et de biens culturels. Ce qui apparaît désormais comme une profanation de tombes reste toujours frais dans les mémoires. Aussi, le Procureur de la CPI, Mme Fatou Bensouda, a qualifié la démolition des mausolées de Tombouctou de « crimes de guerre ». C’est dire que la CPI pourrait avoir de sérieux « clients » au Mali.

Cependant, après dix ans d’existence, la CPI n’a toujours pas acquis une force dissuasive : en effet, elle ne semble pas faire peur à ses potentiels « clients », ou du moins, pour ce qui concerne plus précisément la partie Nord du Mali : Ançardine et compagnie n’ont pas été troublés outre mesure que Mme Fatou Bensouda ait qualifié la destruction des mausolées de Tombouctou de « crimes de guerre ». Pire, ils se  sont même empressés de casser encore plus du tombeau.  Ce qui pose  la question de la faisabilité et de l’efficacité d’une enquête de la CPI si elle venait à être lancée.

Si, au bout de l’enquête préliminaire, les éléments requis dans l’Article 51.3 du Statut de Rome étaient réunis, comment procéderait la CPI si le Nord Mali n’est pas pacifié ? De quels moyens sécuritaires dispose la Cour pour mener ses investigations dans cette partie du Mali désormais hostile à toute intervention occidentale ? Et même si cette enquête aboutissait, les mandats d’arrêt qui seront émis contre les auteurs des crimes iront-ils aussi rejoindre la longue cohorte de mandats d’arrêt qui sont encore restés sans effet  d’autant plus que l’ONU qui, jusque-là, n’a d’ailleurs pas assez épaulé la CPI dans sa lourde mission, traîne toujours les pieds concernant une intervention militaire au Nord-Mali ?

Notons aussi que les potentiels « clients » maliens de la juridiction internationale sont assez exceptionnels, surtout qu’il s’agit de justiciables qui ne courent pas souvent les rues. Jusqu’à présent, le « menu fretin » de la CPI  se limite aux Chefs d’Etat et aux anciens chefs de guerre. Maintenant, elle s’attaque à des islamistes, plus précisément à des personnes classées dans la catégorie « terroristes ». C’est donc un coup d’éclat garanti si la CPI parvenait à « harponner » un fidèle d’AQMI (ou considéré comme tel) et à réussir à l’amener à La Haye. Et même là, il est sûr et certain que les Etats-Unis, qui ne sont pourtant pas très amoureux de la CPI, seraient capables d’applaudir. Mais Mme Fatou Bensouda n’en est pas encore là, et il est certain que la route pour la destination « justice pour les Maliens » promet d’être… « ensablée », si l’on peut dire.

Jean Pierre James

Commentaires via Facebook :