Bien longtemps après la délibération finale des juges constitutionnels, on ne se lassera pas d’évoquer les législatives 2007, tant il restera à dire et à redire sur le sujet. Et pour cause, il est moins question de bouleversements spectaculaires des tendances au second tour du scrutin, d’implications politiques visibles du verdict que des moyens et méthodes ayant engendré les inversions définitives de la faveur des suffrages, à l’ultime ultime recours des contentieux électorauxrn
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En clair, que les annulations, redressements ou correctifs (peu importe l’euphémisme) aient coûté 4 sièges parlementaires à l’Adéma et un seul à l’URD ne doit guère effaroucher plus qu’une application inique, parcellaires et parcimonieuse desdites opérations. Et c’est bien à cela que les juges constitutionnels ont sacrifié, au mépris de cette sagesse que leur porte-voix a fait sienne lors de la proclamation des résultats définitifs : «…toute injustice, surtout revêtue d’une justification d’ordre légal est une atteinte à l’ordre établi ». En effet, par la même occasion, Salif Kanouté s’illustrait par un spectacle d’argumentaires diffus et acrobatiques pour invoquer une tolérance de l’opinion, à cause des responsabilités et tâches inhérentes aux fonctions du juge constitutionnel.
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L’assistance du président de la Cour constitutionnelle se rendra compte plus tard qu’il s’agissait plutôt d’une invite aux victimes de l’Arrêt N°07-179/CC-EL pour que ceux-ci s’accommodent d’un travestissement devenu habituel des suffrages. Pour cette année, la redistribution des sièges parlementaires a concerné cinq sièges parlementaires au profit de listes indépendantes à Goundam, du candidat de l’US-RDA à Tombouctou et du duo CNID-MPR à Koulikoro.
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Le coup de massue a été si violent que les regards, des victimes aussi bien que des observateurs, ne sont logiquement captés que par les seules circonscriptions électorales où le spectacle 2002 s’est reproduit. Le ridicule ne s’étend pourtant pas moins à d’autres localités beaucoup plus passibles d’inversion de suffrages mais magiquement soustraites des mailles de la Cour constitutionnelle. Elles sont nombreuses lesdites localités mais les cas de Keniéba, Bankass, Ansongo et Bafoulabé méritent particulièrement que l’on s’y attarde.
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Au regard du caractère flagrant de l’injustice, on est même autorisé à en déduire que la généralisation des pratiques électorales nébuleuses n’a pas épargné la Cour elle-même. Comment comprendre autrement que l’institution puisse procéder aux invalidations de suffrages, les tailler sur mesure de façon à éviter de justesse une inversion des résultats ? Comme quoi, si les sanctions seront sélectives dans un contexte de fraude généralisée, le jour ne viendra jamais où nous atteindrons le sommet de la démocratie.
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A. Keïta
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