Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, serait dans un véritable dilemme pour mettre de l’ordre dans les rangs du personnel de la présidence de la République. Qu’est-ce qui peut bien justifier cette permutation de poste entre son directeur de cabinet, Mohamed Alhousseyni Touré, et le secrétaire général de la présidence, Toumani Djimé Diallo ?
Le chef de l’Etat est-il en manque de cadres pour l’aider à accomplir sa mission vis-à-vis du peuple malien ? Tout porte à le croire. Car, il peine visiblement à trouver des cadres jeunes et dynamiques pour insuffler un souffle nouveau à son administration. Les vieilles « têtes » s’accrochent aux postes stratégiques et en font leur chasse gardée. Aussi, les scandales à répétions et les nombreuses bourdes dans la communication présidentielle auraient finalement altéré les relations entre IBK et ses principaux collaborateurs. Pendant que certains sont limogés et renvoyés sans ménagement, d’autres sont priés de rendre le tablier suite aux pressions des bailleurs de fonds. Au même moment, le président de la République tente, malgré lui-même, de réorganiser son entourage.
Cette réorganisation a tout l’air d’un passe d’armes entre les grosses pointures de l’entourage présidentiel. Le directeur cabinet du président, Mohamed Alhousseyni Touré, est nommé secrétaire général de la présidence de la République. Il remplace à ce poste un poids lourd du parti présidentiel, mais aussi un ami du président IBK. Il aura en charge la gestion administrative du Palais.
Quant à son prédécesseur et successeur, Toumani Djimé Diallo, il vient auprès du chef de l’Etat dans l’optique de donner un nouveau souffle au cabinet d’IBK qui serait, ces temps-ci, dans une mauvaise passe.
Cette permutation intervient quelques jours seulement après le départ de deux conseillers d’IBK. Il s’agit du conseiller à la communication, notre confrère Sambi Touré, limogé, et surtout de son conseiller spécial, Sidi Mohamed Kagnassy (impliqué dans le scandale de l’achat des équipements militaires), démissionnaire. Le départ de celui-ci était attendu, car l’homme est aussi considéré, à tort ou à raison, comme le cerveau du scandale des surfacturations dans l’achat des équipements de l’armée.
Ces contrats ont été conclus de manière illégale : absence de couverture budgétaire ; violation des normes régissant de tels marchés ; non-exécution des contrats. Désormais, il aura affaire à la justice malienne, voire française, selon certaines sources.
Après ces départs, IBK, voulant rectifier le tir, multiplie les nominations de complaisance et crée le cafouillage autour de lui. Entre Mohamed A. Touré et Toumani Djimé Diallo, qui sera le véritable patron de la présidence ? On se rappelle que quand Djimé Diallo dirigeait le secrétariat général, il opposait une résistance farouche aux différents directeurs de cabinets, qui nourrissaient une tendance poussée à déborder sur les domaines de compétence du secrétaire général.
Tout ce tohu-bohu est-il la preuve de l’incapacité du président IBK à imprimer sa marque dans la gestion des affaires de l’Etat, et même des hommes ? Depuis qu’il est au pouvoir, le chef de l’Etat a fait plus de choix controversés que tous ses prédécesseurs à Koulouba. De son premier gouvernement aux dernières nominations dans son cabinet, les exemples ne manquent pas. Pis, les personnes critiquées ont le plus souvent confirmé les craintes de l’opposition et de tous ceux qui dénoncent le népotisme comme mode de gouvernance.
Idrissa Maïga